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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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indifférente, et plusieurs détachements passèrent sur lui sans qu’un seul homme se baissât pour voir s’il respirait encore. Lorsque les Américains furent parvenus à se dégager, ils descendirent légèrement dans la petite vallée qui s’étendait entre les deux collines, emportant la plupart de leurs blessés, et ne laissant que peu de prisonniers entre les mains de leurs ennemis. La disposition du terrain protégea leur retraite ; les boulets passaient au-dessus de leurs têtes, et lorsqu’ils furent arrivés sur Bunker-Hill, l’éloignement fut alors pour eux un nouveau motif de salut. Voyant qu’il n’y avait plus d’espoir de se défendre, les paysans retranchés derrière les palissades abandonnèrent aussi leur position, et se retirèrent derrière le sommet de la colline adjacente. Les soldats les suivirent de loin en poussant de grands cris ; mais lorsqu’ils eurent enfin gravi Bunker-Hill, les Anglais fatigués furent obligés de faire halte, et ils virent les Américains intrépides, bravant le feu continuel de la canonnade, traverser de nouveau l’étroit passage sans avoir perdu presque aucun des leurs, comme si un charme était attaché à leur vie.
    Le jour tirait à sa fin, on ne voyait plus d’ennemis. Les vaisseaux et les batteries cessèrent leur feu, et bientôt cette plaine si longtemps ébranlée par tant de commotions terribles rentra dans le plus profond silence. Les troupes commencèrent à fortifier la hauteur sur laquelle elles s’étaient arrêtées, afin de s’assurer la possession de leur stérile conquête, et il ne resta plus rien à faire aux lieutenants du roi que d’aller gémir de leur victoire.

CHAPITRE XVII
    Elle parle et ne dit rien ; qu’est-ce donc ? Son regard parle plus clairement… je lui répondrai.
    SHAKESPEARE. Roméo et Juliette.
    Quoique la bataille de Bunker-Hill eût été livrée pendant que le foin était encore sur les prairies, les chaleurs de l’été avaient été suivies par les gelées piquantes de novembre, les feuilles étaient tombées à l’époque ordinaire, et l’on avait éprouvé les tempêtes et les gelées de février avant que le major Lincoln eût pu quitter la couche sur laquelle il avait été placé, lorsqu’on l’avait rapporté, privé de toute connaissance, des hauteurs fatales de la péninsule de Charlestown. Pendant ce long espace de temps, la balle cachée dans le corps de Lionel avait mis en défaut la science des plus habiles chirurgiens anglais, et toute leur expérience ne leur donnait pas le courage de s’exposer au risque de couper des artères et des tendons qui leur semblaient s’opposer à ce qu’ils arrivassent jusqu’au plomb fatal qu’ils regardaient tous comme l’unique obstacle à la guérison ; c’était une épreuve qu’ils ne se souciaient pas de faire sur l’unique héritier de la maison de Lincoln. Si c’eût été Meriton qui eût été blessé ainsi, au lieu de son maître, il est très-probable que son sort aurait été décidé beaucoup plus promptement.
    Enfin, on vit arriver d’Europe un jeune chirurgien entreprenant, qui avait sa réputation à faire, et qui, possédant plus de science ou plus d’audace que ses confrères, ce qui produit quelquefois le même effet, n’hésita pas à prononcer qu’une opération était indispensable. L’état-major des médecins et chirurgiens de l’armée sourit avec dédain de l’assurance de cet audacieux novateur, et se contenta d’abord de lui prouver son mépris en ne répondant rien. Mais quand les amis du blessé, se livrant suivant l’usage aux conseils flatteurs de l’espérance, eurent consenti que le hardi praticien employât ses instruments, tous les docteurs de l’armée se récrièrent à haute voix, et les clameurs devinrent générales. Il se passa même deux jours pendant lesquels les officiers et sous-officiers de l’armée oubliaient les dangers et les fatigues du siège pour prêter l’oreille au jargon inintelligible des Esculapes du camp, et l’on vit pâlir, en les écoutant, des hommes qui n’avaient jamais montré le moindre symptôme de crainte devant leurs ennemis.
    Mais, quand on apprit que l’extraction de la balle avait été faite, que le malade ne courait plus aucun danger, enfin qu’il entrait en convalescence, on vit succéder aux cris un calme de plus mauvais augure pour l’espèce humaine que la tempête qui l’avait précédé, et l’audacieux praticien fut universellement

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