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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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reconnu comme le fondateur d’une nouvelle théorie. La moitié des corps savants de la chrétienté accumulèrent leurs honneurs sur sa tête ; l’admiration qu’il inspirait fut portée jusqu’à l’enthousiasme ; il trouva des imitateurs sans nombre. Les anciens raisonnements furent obligés de céder aux faits modernes, et avant la fin de la guerre, on eut lieu de croire que quelques milliers de serviteurs de la couronne et quelques colons patriotes avaient péri scientifiquement par suite de cette importante découverte.
    Nous aurions pu consacrer tout un chapitre à rapporter les détails de cette opération difficile ; mais la pratique plus moderne, qui semble en pareil cas renverser naturellement la théorie, a introduit de nouvelles méthodes, par suite de ces expériences hardies, qui nous apprennent de temps en temps quelque chose de nouveau dans l’anatomie de l’homme ; c’est ainsi que les pêcheurs de la Nouvelle-Angleterre ont découvert la Terre-Australe là où Cook n’avait vu que de l’eau ; et comme Parry trouve des veines et des artères dans cette partie du continent américain qu’on avait cru jusqu’à présent ne consister qu’en cartilages inutiles.
    Au surplus, quels qu’aient été les effets de cette opération sur la science chirurgicale, il est certain qu’elle fut très-salutaire pour celui qui l’avait subie. Pendant sept mois Lionel était resté dans un état qu’on aurait pu appeler une existence toute précaire, presque incapable de donner la moindre attention à ce qui l’entourait, et heureusement pour lui, dans une telle apathie, qu’il ne sentait ni la douleur ni l’inquiétude. Dans certains moments le flambeau de la vie semblait vouloir se ranimer en lui, comme la lampe prête à s’éteindre brille d’un éclat passager ; alors les espérances de ceux qui le soignaient se réveillaient ; mais la crainte reprenait le dessus quand on le voyait retomber dans cette torpeur qui était son état habituel. On lui avait ordonné quelques soporifiques, et Meriton, dans l’idée de soulager les douleurs qu’il croyait que son maître souffrait, et par un mouvement d’humanité mal dirigé, n’avait pas ménagé les doses de laudanum, ce qui avait contribué en partie à produire la stupeur léthargique dans laquelle il était presque constamment plongé. Après l’opération, le chirurgien avait eu recours aux mêmes moyens pour procurer quelque repos au malade ; et il en était résulté plusieurs jours d’apathie alarmante, avant que son système intérieur, se trouvant soulagé par l’extraction du corps étranger qui le gênait, eût pu reprendre ses fonctions ordinaires et rétablir l’accord entre tous ses organes. Par une bonne fortune singulière, son nouveau chirurgien était trop occupé de la gloire qu’il venait d’acquérir pour suivre son succès secundum artem , comme un grand général profite de sa victoire pour repousser plus loin l’ennemi, de sorte qu’il fut permis à la nature, le plus habile de tous les docteurs, de compléter la cure.
    Lorsque l’effet des potions anodines eut cessé, Lionel se sentit délivré de toute espèce de souffrances, et il goûta un sommeil doux et rafraîchissant qui dura plusieurs heures sans interruption. Lorsqu’il s’éveilla il était un nouvel homme ; ses facultés physiques et morales étaient renouvelées, et ses souvenirs, quoique encore un peu confus, étaient certainement en beaucoup meilleur ordre qu’ils ne l’avaient été depuis qu’il était tombé dans la mêlée de Breeds-Hill {50} .
    Il était environ dix heures du matin quand l’usage des plus nobles facultés de l’homme lui fut ainsi rendu, et Lionel, en ouvrant des yeux dont l’expression annonçait l’intelligence, laissa tomber ses regards sur les objets qui l’entouraient et auxquels les rayons brillants du soleil, réfléchis sur des masses de neige, semblaient prêter une sorte de gaieté. Les rideaux de son lit étaient ouverts, et tous les meubles de sa chambre étaient rangés avec un ordre qui était une preuve du soin étudié qu’on avait pris de lui pendant sa maladie. Meriton s’était établi dans un coin, étendu sur un grand fauteuil, dans une attitude qui prouvait que, s’il avait songé au maître, il n’oubliait pas le valet ; car il se dédommageait de la fatigue d’une nuit passée à veiller, en s’accordant pendant la matinée quelques heures d’un repos qui lui paraissait

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