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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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traversé divers endroits que je me suis parfaitement rappelés, quoique l’absence et l’habitude de voir des pays étrangers, aient un peu diminué l’admiration que m’inspiraient dans mon enfance les monuments de Boston.
    – Il est certain que la splendeur de la cour britannique a dû singulièrement nous nuire dans votre esprit, et nous avons bien peu de monuments qui puissent attirer l’attention du voyageur étranger. On dit par tradition dans notre famille que votre château, dans le Devonshire, est aussi grand que les douze plus beaux édifices de Boston ; et nous sommes fiers de le dire, le roi n’est aussi bien logé que le chef de la famille Lincoln que dans son palais de Windsor.
    – Ravenscliffe est assurément un domaine assez considérable, reprit le jeune homme d’un air d’indifférence, quoique j’aie été si peu dans le comté, qu’à dire vrai j’en connais à peine les agréments et l’étendue. Du reste, vous devez vous rappeler que Sa Majesté vit très-simplement lorsqu’elle est à Kew {19} .
    La vieille dame fit une légère inclination de tête avec cet air de satisfaction et de complaisance que ne manquent jamais de prendre les habitants des colonies, lorsqu’on fait allusion aux rapports qu’ils ont eus avec un pays vers lequel tous les yeux sont fixés, comme sur la source de l’illustration et de la grandeur. Puis ensuite, comme si le sujet qui l’occupait alors eût été la suite naturelle de celui qu’on venait de quitter, elle s’écria avec vivacité :
    – Certainement Cécile n’est pas instruite de l’arrivée de notre parent, car elle n’a pas l’habitude de tarder autant à venir souhaiter la bienvenue aux hôtes qui nous arrivent.
    – Miss Dynevor, dit Lionel, me fait l’honneur de me regarder comme un parent pour la réception duquel on ne doit point faire de cérémonie.
    – Vous n’êtes cousins qu’au second degré, répondit Mrs Lechmere un peu gravement, et cela ne peut justifier, l’oubli des devoirs qu’imposent la politesse et l’hospitalité. Vous voyez, cousin Lionel, quel prix nous attachons à la parenté, puisqu’elle est un sujet d’orgueil pour les branches même les plus éloignées de la famille.
    – Je suis un pauvre généalogiste, Madame ; cependant, s’il m’est resté une idée juste de ce que j’ai quelquefois entendu dire, miss Dynevor est d’un sang trop noble en ligne directe pour attacher beaucoup de prix à l’illustration qu’elle pourrait devoir aux alliances contractées par des membres de sa famille.
    – Pardonnez-moi, major Lincoln ; son père, le colonel Dynevor, était, il est vrai, un Anglais d’un nom ancien et honorable ; mais il n’est point de famille dans tout le royaume qui ne tînt à honneur d’être alliée à la nôtre. Je dis la nôtre, cousin Lionel, car j’espère que vous n’oublierez pas que je suis Lincoln, et que j’étais la sœur de votre grand-père.
    Un peu surpris de l’espèce de contradiction qu’il remarquait dans les paroles de Mrs Lechmere, Lionel se contenta d’incliner la tête en silence, et il essaya d’engager la conversation avec la jeune personne silencieuse et réservée qui était près de lui, tentative bien naturelle de la part d’un jeune homme de son âge. À peine avait-il eu le temps de lui faire une ou deux questions et d’en recevoir la réponse, que Mrs Lechmere dit à sa nièce, en montrant quelque mécontentement au sujet de sa petite-fille :
    – Allez, Agnès, allez apprendre à Cécile l’heureuse arrivée de son cousin. – Elle n’a pas cessé de s’occuper de vous pendant tout le temps qu’a duré votre voyage. Depuis le jour où nous avons reçu la lettre qui nous annonçait l’intention où vous étiez de vous embarquer, nous avons demandé chaque dimanche les prières de l’Église pour une personne qui était en mer, et j’ai remarqué avec plaisir la ferveur avec laquelle Cécile joignait ses prières aux nôtres.
    Lionel murmura quelques mots de remerciement, et se renversant sur sa chaise, il leva les yeux au ciel ; mais nous n’entreprendrons pas de décider si ce fut ou non un mouvement de pieuse gratitude. Dès qu’Agnès avait entendu l’ordre de sa tante, elle s’était levée et avait quitté la chambre. La porte était fermée depuis quelque temps ayant que le silence eût été rompu de nouveau ; deux ou trois fois cependant Mrs Lechmere avait essayé de parler. Son teint pâle et

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