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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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talent à faire ressortir avec avantage.
    De chaque côté du manteau de la cheminée, ouvrage lourd mais très-soigné, étaient des compartiments voûtés d’un travail plus simple qui semblaient servir à quelque usage, et, en effet l’un des châssis à coulisses qui les fermaient se trouvant levé laissait voir un buffet couvert d’argenterie massive. L’ameublement était riche, et quoique ancien, parfaitement conservé.
    Au milieu de cette magnificence coloniale que la présence d’un grand nombre de bougies rendait encore plus imposante, une dame, sur le déclin de la vie, était assise avec dignité sur un sofa. L’officier avait ôté son manteau dans le vestibule, et l’uniforme militaire donnait une nouvelle grâce à son maintien et à sa tournure. Le regard dur et sévère de la dame s’adoucit sensiblement dès qu’elle le vit entrer ; après s’être levée pour recevoir son hôte, elle le regarda quelque temps avec une douce surprise ; le jeune homme rompit le premier le silence en disant :
    – Excusez-moi, Madame, si j’entre sans m’être fait annoncer ; mon impatience l’a emporté sur la cérémonie, tant chaque pas que je fais dans cette maison me rappelle les jours de mon enfance et la liberté dont je jouissais autrefois dans cette enceinte.
    – Mon cousin Lincoln {18} , interrompit la dame, qui était Mrs Lechmere ; ces yeux noirs, ce sourire, votre démarche seule vous annoncent suffisamment ; il faudrait que j’eusse oublié mon pauvre frère, et une personne qui nous est encore si chère, pour ne pas reconnaître en vous un véritable Lincoln.
    Il y avait pendant cette entrevue, dans les manières de la dame et du jeune homme, une réserve et une contrainte qui pouvaient être aisément attribuées à l’étiquette minutieuse de l’école de province dont la dame était un membre si distingué, mais qui n’étaient pas suffisantes pour expliquer l’expression de tristesse qui se manifesta tout à coup sur la figure du jeune homme pendant qu’elle parlait. Ce changement ne fut cependant que momentané, et se remettant aussitôt, il répondit du ton le plus gracieux :
    – Depuis longtemps on m’a appris à espérer que je trouverais dans Tremont-Street une seconde maison paternelle, et le souvenir obligeant que vous avez bien voulu conserver de mes parents et de moi, chère Mrs Lechmere, me prouve que mes espérances ne m’ont pas trompé.
    La dame entendit cette remarque avec un plaisir sensible, et un sourire dérida son front sévère tandis qu’elle répondait :
    – Tout mon désir en effet est que vous vous regardiez ici comme chez vous, quoique cette modeste habitation soit loin d’égaler les somptueuses demeures qu’a dû occuper l’héritier de la riche maison de Lincoln. Il serait étrange qu’une personne qui a l’honneur d’appartenir à cette noble famille ne reçût pas son représentant avec les égards qui lui sont dus.
    Le jeune homme, sentant qu’on en avait dit assez sur ce sujet, résolut de donner un autre tour à la conversation, et baisa respectueusement la main de Mrs Lechmere. En relevant la tête, il aperçut une jeune personne que la draperie des rideaux de la croisée l’avait empêché de remarquer d’abord. S’avançant vers elle, il dit avec vivacité, pour empêcher la vieille dame de reprendre l’entretien :
    – Je présume que j’ai l’honneur de voir miss Dynevor, dont je suis aussi le cousin.
    – Vous vous trompez, major Lincoln ; mais, quoiqu’elle ne soit pas ma petite-fille, Agnès Danforth est votre parente au même degré, puisque c’est la fille de feu ma nièce.
    – Mes yeux et non mon cœur m’avaient donc trompé, dit le jeune militaire, et j’espère que miss Danforth me permettra de l’appeler ma cousine.
    Une simple inclination de tête fut la seule réponse qu’il obtint, quoique Agnès ne refusât pas la main qu’il lui offrit en la saluant. Après quelques phrases sur le plaisir qu’ils avaient à se trouver ensemble, Mrs Lechmere engagea son jeune parent à s’asseoir, et une conversation plus suivie s’engagea.
    – Je suis charmée de voir que vous ne nous ayez pas oubliées, cousin Lionel, dit Mrs Lechmere ; cette province éloignée offre si peu de rapports avec la mère-patrie, que je craignais que vous n’eussiez perdu jusqu’au moindre souvenir des lieux où vous avez reçu la vie.
    – Je trouve la ville bien changée, il est vrai ; cependant j’ai

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