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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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qui prouvait qu’il faisait sa recherche en conscience. Enfin le bruit des pas approcha, et elle se convainquit bientôt qu’elle allait le revoir. Elle reprit aussitôt sa place, et à son air on eût dit qu’elle s’attendait à voir arriver le maître au lieu du valet. Meriton pourtant revint seul.
    – Eh bien ! le major Lincoln ? dit Agnès ; lui avez-vous dit que je l’attendais ici ?
    L’étonnement était peint dans tous les traits de Meriton.
    – Bon Dieu ! miss Agnès, s’écria-t-il, mon maître est sorti ? sorti un soir comme celui-ci ! et ce qui est encore plus étrange, il est sorti sans être en deuil, lorsque la mort est entrée dans la maison, et l’a frappé dans une personne de son sang encore !
    Agnès sut se contenir ; elle suivit le cours que les pensées de Meriton avaient pris, dans l’espoir d’arriver plus facilement à la vérité, sans laisser entrevoir les craintes qui l’agitaient.
    – Comment savez-vous, monsieur Meriton, que votre maître ait poussé à ce point l’oubli des convenances ?
    – C’est aussi sûr, Madame, que je le suis qu’il avait ce soir-là son grand uniforme lorsqu’il est sorti pour la première fois, quoique alors je ne songeasse pas que Son Honneur allait se marier. D’ailleurs, Madame, ses habits de deuil sont enfermés dans une armoire, et j’en ai la clé dans ma poche.
    – Il est assez bizarre qu’il ait choisi une pareille heure pour s’absenter, et cela le jour même de son mariage.
    Meriton s’était habitué depuis longtemps à identifier tous ses intérêts avec ceux de son maître, et le rouge lui monta au visage en entendant ce reproche détourné qui lui semblait s’adresser tout à la fois au peu de galanterie de Lionel, et à son manque de délicatesse en général.
    – Mais, miss Agnès… Vous voudrez bien remarquer, Madame… Voyez-vous ; cette noce n’a ressemblé en rien à une noce anglaise ; et je ne saurais dire non plus qu’il soit fort commun en Angleterre de mourir aussi soudainement qu’il a plu à Mrs Lechmere de le faire.
    – Peut-être, interrompit Agnès, lui est-il arrivé quelque accident. L’homme le plus insensible ne s’absenterait pas volontairement dans un pareil moment.
    Les pensées de Meriton prirent aussitôt la même direction, et l’attachement qu’il avait pour son maître lui fit partager sans hésiter les craintes de la jeune personne.
    Agnès appuya son front sur sa main, et resta un instant plongée dans ses réflexions. Elle leva alors la tête et dit au fidèle domestique :
    – Savez-vous, monsieur Meriton, où couche le capitaine Polwarth ?
    – Si je le sais, Madame ! Le capitaine est un homme qui couche toujours dans son lit, à moins que le service du roi ne l’appelle ailleurs. C’est un homme qui a soin de lui-même que le capitaine Polwarth.
    Miss Danforth se mordait les lèvres, et une gaieté maligne se peignit un instant dans ses yeux ; mais le moment d’après elle reprit son air grave et elle continua :
    – Je crois donc qu’il faut… C’est une extrémité cruelle et pénible, mais je ne vois rien de mieux à faire…
    – Avez-vous quelques ordres à me donner, miss Agnès ?
    – Oui, Meriton ; vous allez vous rendre chez le capitaine Polwarth ; et vous lui direz que Mrs Lincoln désire qu’il vienne sur-le-champ ici, dans Tremont-Street.
    – Ma maîtresse ! répéta le valet tout interdit ; mais, miss Agnès, la femme de chambre dit qu’elle n’a pas la connaissance, et qu’elle ne sait ni ce qui se passe, ni ce qu’on lui dit. C’est une bien triste noce, Madame, pour l’héritier de notre maison.
    – Eh bien donc ! dites-lui, reprit Agnès en se levant pour quitter la chambre, que miss Danforth serait bien aise de le voir.
    Meriton ne resta que le temps nécessaire pour témoigner qu’il approuvait ce changement dans le message, et il partit alors avec un empressement que redoublaient encore les craintes qu’il commençait à concevoir pour la sûreté de son maître. Malgré son inquiétude, le valet n’était nullement insensible à la rigueur du climat dans lequel il se trouvait, ni aux désagréments particuliers de la nuit pendant laquelle il était obligé de s’y exposer si inopinément. Néanmoins, malgré la neige qui tombait par flocons, et en dépit du froid qui le glaçait jusqu’aux os, il fut bientôt arrivé au logis de Polwarth. Heureusement pour la patience du pauvre Meriton, Shearflint,

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