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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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le bras du valet, il brava la pluie et la neige pour se diriger tant bien que mal vers l’endroit où on disait que la belle Agnès Danforth l’attendait avec impatience, et malgré sa jambe de bois il marchait avec une ardeur chevaleresque qui, dans un autre siècle et dans des circonstances difficiles, lui aurait valu le surnom de héros.

CHAPITRE XXV
    Fière noblesse ! que tu parais petite à présent !
    BLAIR.
    Malgré la diligence extraordinaire que le capitaine avait faite pour obéir à l’appel inattendu de la jolie capricieuse à laquelle il faisait depuis si longtemps la cour, sans beaucoup de succès en apparence, il ralentit le pas en approchant de la maison de Tremont-Street, pour regarder les lumières qu’on voyait briller au travers des fenêtres. Arrivé sur le seuil, il s’arrêta et écouta le bruit des portes qu’on ouvrait et qu’on fermait, et tous ces sons distincts et pourtant étouffés qui annoncent que le sombre monarque vient de visiter les demeures des malades. Enfin il se décida à frapper. Personne ne lui répondit, et il fut obligé de dire à Meriton de le conduire dans le petit parloir où il était venu si souvent dans des circonstances plus propices.
    Il y trouva Agnès qui attendait son arrivée ; elle avait un air grave et composé qui le déconcerta, et il oublia le compliment fleuri qu’il avait préparé pour ouvrir les voies, afin de profiter en vrai militaire du petit avantage qu’il se flattait d’avoir obtenu dans la bonne opinion de celle qu’il aimait. Changeant aussitôt l’expression de ses traits et composant son maintien sur celui de miss Danforth, Polwarth se contenta d’exprimer la part qu’il prenait au malheur arrivé dans la famille, et demanda s’il serait assez heureux pour pouvoir lui être utile en quelque chose.
    – La mort est entrée dans cette maison, capitaine Polwarth, dit Agnès, et sa visite a été soudaine et inattendue. Pour ajouter à notre détresse, le major Lincoln a disparu.
    En prononçant ces mots, Agnès tenait ses regards attachés sur la figure du capitaine, comme si elle s’attendait à y lire l’explication de l’absence inexplicable de Lionel.
    – Lionel Lincoln n’est pas homme à fuir parce que la mort approche, reprit le capitaine d’un air pensif, et je le crois encore moins capable d’abandonner à sa douleur une aussi charmante personne que celle qu’il a épousée ; peut-être est-il allé chercher des secours, un médecin.
    – Non, c’est impossible. D’après les phrases incohérentes échappées à Cécile, j’ai pu comprendre que lui et un tiers que je ne connais pas étaient restés seuls avec ma tante, et ils ont dû être témoins de sa mort, car la figure était recouverte. Lorsque je suis montée, j’ai trouvé la mariée étendue sans connaissance dans la chambre que Lionel occupait ici, toutes les portes ouvertes, et tout annonçant que lui et son compagnon inconnu avaient quitté la maison par l’escalier dérobé qui communique à la porte de l’ouest. Comme ma cousine peut à peine parler, nous n’avons aucun autre indice qui puisse nous mettre sur la trace de son mari, à moins que cet ornement que j’ai vu briller au milieu des cendres ne puisse nous en servir. C’est, je crois, un hausse-col militaire ?
    – Oui, c’en est un, et celui qui le portait a dû passer un mauvais quart d’heure, à en juger par ce trou qu’une balle a fait au milieu. Eh ! de par le ciel ! c’est celui de Mac-Fuse ! Voici bien le numéro du 18 e , et je reconnais ces petites marques que le pauvre diable avait coutume d’y faire à chaque bataille ; car il ne manquait jamais de le porter. Ce cher Mac-Fuse, il n’en fera plus à présent.
    – Mais par quel hasard ce hausse-col se trouve-t-il dans l’appartement du major Lincoln ? Est-il possible que…
    – Par quel hasard en effet ? interrompit Polwarth se levant dans son agitation et commençant à arpenter la chambre avec autant de vivacité que son état de mutilation le lui permettait. Pauvre Denis ! qui eût dit que je retrouverais ici cette triste relique qui me rappelle ton funeste sort ? Vous n’avez pas, je crois, connu Denis, miss Agnès. C’était un homme que la nature avait taillé sous tous les rapports pour être soldat. Il avait les formes d’Hercule, le cœur d’un lion et l’estomac d’une autruche ! mais tout cela ne put empêcher cette balle infernale… Il est mort, le pauvre garçon ! il est

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