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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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d’occasions, soit que la jeune personne eût senti elle-même que sa conduite n’était pas celle qu’elle se devait à elle-même de tenir à l’égard de l’hôte de sa grand’mère, elle fut la première à rompre le silence pour mettre fin à l’état de gêne et de contrainte où ils étaient tous deux depuis le commencement de l’entrevue.
    – Ma grand’mère espérait depuis longtemps le plaisir de vous voir, major Lincoln, dit-elle, et vous ne pouviez arriver plus à propos. La situation de ce pays devient de jour en jour plus alarmante, et je l’engage bien souvent à aller passer quelque temps en Angleterre, jusqu’à ce que ces malheureuses contestations soient terminées.
    Ces paroles, proférées du son de voix le plus doux et le plus mélodieux, et avec une prononciation aussi pure que si Cécile eût été élevée à la cour d’Angleterre, charmèrent d’autant plus agréablement Lionel, qu’il ne s’y mêlait aucune trace de ce léger accent du pays qui, dans le peu de mots qu’Agnès Danforth lui avait adressés, avait un peu blessé son oreille délicate.
    – Vous qui avez toute la grâce et toute l’amabilité d’une Anglaise, répondit Lionel, vous trouveriez un grand plaisir à ce voyage ; et s’il y a quelque vérité dans ce que m’a dit un de mes compagnons de voyage sur la situation de ce pays, j’appuierai fortement votre demande. Ravenscliffe et notre maison de Soho-Square {20} sont à la disposition de Mrs Lechmere.
    – Je désirais qu’elle se rendît aux pressantes invitations d’un parent de mon père, lord Cardonel, qui m’engage depuis longtemps à venir passer quelques années dans sa famille. Il me serait très-pénible de me séparer de ma grand’mère ; mais si les événements la décidaient à aller habiter la résidence de ses ancêtres, il me semble qu’on ne peut trouver à redire que je me retire aussi de préférence dans les domaines de mes pères.
    L’œil perçant du major Lincoln se fixa sur elle pendant qu’elle prononçait ces derniers mots, et le léger sourire qui vint animer ses traits était causé par l’idée que la beauté provinciale avait hérité de l’orgueil généalogique de sa grand’mère, et qu’elle n’était pas fâchée de lui faire entendre que la nièce d’un vicomte était d’un rang plus élevé que l’héritier d’un baronnet. Mais la rougeur vive et brûlante qui couvrit un instant la jolie figure de Cécile prouva à Lionel qu’elle cédait à l’impulsion d’un sentiment plus profond et plus digne d’elle que le petit mouvement d’amour-propre dont il l’avait soupçonnée. Quoi qu’il en soit, il fut charmé de voir rentrer Mrs Lechmere, appuyée sur le bras de sa nièce.
    – Je m’aperçois, mon cousin, dit la vieille dame en se dirigeant d’un pas débile vers le sofa, que je n’ai pas besoin de vous présenter Cécile : vous vous êtes reconnus aisément l’un l’autre, et il n’a point fallu pour cela d’autre indice que l’affinité qui existe entre vous. Par affinité je n’entends pas la force du sang, car ce n’est pas à des degrés aussi éloignés qu’on peut en sentir l’influence ; mais je suis sûre qu’il existe dans les familles des ressemblances morales plus frappantes encore que celles que peuvent offrir les traits.
    – Si je pouvais me flatter de posséder le moindre rapport avec miss Dynevor, soit au physique, soit au moral, je serais doublement fier de notre parenté, dit Lionel d’un air distrait, en aidant la vieille dame à se placer sur le sofa.
    – Mais je ne suis pas du tout disposée à me voir contester les liens du sang qui m’unissent à mon cousin Lionel, s’écria Cécile en s’animant tout à coup ; il a plu à nos ancêtres de décider…
    – Allons, allons, mon enfant, interrompit sa grand’mère, vous oubliez que le terme de cousin ne saurait être employé que dans des cas de très-proche parenté, ou lorsqu’une longue connaissance peut excuser cette familiarité. Mais le major Lincoln sait que nous autres habitants des colonies, nous sommes portés à prendre les mots dans leur plus grande extension, et à compter nos cousins jusqu’à des degrés presque aussi éloignés que si nous étions membres de quelque clan écossais. À propos de clans, cela me rappelle la rébellion de 1745. Ne pense-t-on pas en Angleterre que nos fous de colons seront assez hardis pour prendre sérieusement les armes ?
    – Les opinions

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