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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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lui arracher la vérité. Après cela, s’il est coupable, je l’abandonnerai à votre tendre compassion.
    Les soldats, qui ne voyaient dans ce délai que plus d’ordre et de méthode dans l’exécution de leurs projets de vengeance, accueillirent cette proposition par de nouvelles acclamations, et le nom de Polwarth, dénaturé de toutes les manières dans leur idiome barbare, fit retentir les solives du plafond, tandis qu’on se disposait à lui obéir.
    Le capitaine, désirant gagner du temps pour réfléchir sur ce qu’il devait faire, demanda qu’on se procurât de la lumière, afin, dit-il, de pouvoir examiner la physionomie du prisonnier quand il l’interrogerait. Comme la nuit était tout à fait tombée, cette demande était trop raisonnable pour qu’on pût y faire aucune objection, et l’on s’occupa d’y satisfaire avec le même empressement inconsidéré qu’on avait mis, quelques instants auparavant, à vouloir répandre le sang de Job. On était allé chercher, dans un dessein tout différent, quelques tisons dans le voisinage ; mais quand ceux qui les apportaient étaient arrivés, trouvant qu’on avait renoncé au projet de mettre le feu au lit de l’idiot, ils les avaient jetés dans la cheminée ; on vit alors qu’ils n’étaient pas tout à fait éteints, et comme on trouva dans un coin de la chambre une assez grande quantité de vieilles cordes goudronnées, on eut bientôt un grand feu qu’on eut soin d’entretenir de manière à produire une flamme dont la lueur se répandait au dehors à travers toutes les crevasses des murailles.
    À l’aide de cette clarté, le capitaine réussit à placer tous ces furieux à une distance d’où ils ne pouvaient en venir à aucun acte de violence immédiate contre Job ; l’affaire prit alors, en quelque sorte, le caractère de l’instruction régulière d’un procès. Cependant la curiosité des soldats qui étaient en dehors l’emporta sur la crainte de la contagion ; ils entrèrent en foule, et au bout de quelques moments on n’entendit plus d’autre bruit que celui de la respiration pénible de leur victime. Quand le silence fut parfaitement établi, Polwarth, à l’air impatient et sauvage de ceux qui l’environnaient, et dont la physionomie farouche était éclairée par la lueur produite par les cordes goudronnées qui brûlaient dans la cheminée, s’aperçut qu’un plus long délai pourrait devenir dangereux, et commença sur-le-champ son interrogatoire.
    – À la manière dont vous êtes entouré, Job Pray, dit-il, vous pouvez voir que le jour du châtiment est arrivé, et que ce n’est qu’en disant la vérité qu’il peut vous rester quelque espoir de merci ; répondez donc aux questions que je vais vous faire, et ayez la crainte de Dieu devant les yeux.
    Le capitaine se tut un moment pour laisser à cette exhortation le temps de produire son effet. Mais Job, voyant que ses persécuteurs restaient tranquilles et ne paraissaient pas avoir l’intention immédiate d’en venir à de nouveaux actes de violence contre lui, laissa retomber sa tête sur son lit, et y resta en silence, ses yeux roulant sans cesse de côté et d’autre pour épier les moindres mouvements de ses ennemis. Polwarth céda bientôt à l’impatience de ses auditeurs.
    – Vous connaissez le major Lincoln ?
    – Le major Lincoln ! murmurèrent trois ou quatre grenadiers ; ce n’est pas de lui qu’il est question.
    – Un moment, mes braves, un moment, j’arriverai plus vite à la vérité en prenant cette marche indirecte.
    – Hurra pour le capitaine Pollouwarreth ! s’écrièrent les autres ; hurra pour le brave à qui les rebelles ont tué une jambe !
    – Je vous remercie, mes amis, je vous remercie. Répondez-moi, drôle, et répondez sans tergiverser : osez-vous nier que vous connaissez le major Lincoln ?
    Après une pause d’un instant, une voix basse murmura sous les couvertures :
    – Job connaît tous les habitants de Boston, et le major Lincoln est né à Boston.
    – Mais vous connaissez plus particulièrement le major Lincoln ?… Réprimez votre impatience, camarades ; ces questions conduisent directement aux faits dont vous désirez être instruits.
    Les soldats, qui ne concevaient pas quelle sorte d’intérêt ils pouvaient prendre aux réponses qui pourraient être faites à un tel interrogatoire, se regardaient les uns les autres d’un air surpris et mécontent. Cependant ils gardèrent le

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