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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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faire ?
    L’air d’intrépidité maternelle avec lequel furent prononcés ces mots, qui partaient du cœur, imposa d’abord aux soldats furieux, qui se regardèrent les uns les autres avec un étonnement stupide, comme s’ils n’eussent su quel parti prendre. Mais le silence ne dura qu’un moment, et il fut encore interrompu par le cri redoutable : – Sang pour sang !
    – Lâches ! misérables ! soldats de nom et démons par vos actions, s’écria l’intrépide Abigaïl Pray, êtes-vous venus ici pour boire le sang humain ? Allez-vous-en ; allez vous mesurer sur les hauteurs voisines avec des hommes qui vous attendent les armes à la main, et ne venez pas ici écraser un roseau brisé ; l’infortuné, frappé comme il l’est par une main plus puissante que la vôtre, s’y trouvera pour vous faire honte, et pour venger la cause des lois et de sa patrie.
    C’en était trop pour ceux à qui elle s’adressait, et ces discours insultants changèrent en incendie les dernières étincelles de leur ressentiment.
    Tout fut de nouveau agitation et tumulte, et les cris : – Mettons le feu à la maison ; brûlons la sorcière et le rejeton du diable ! se faisaient entendre, quand un homme d’une force et d’une taille remarquables se fit jour à travers la foule, et ouvrit le passage à une dame dont l’air, la tournure et le costume, quoiqu’elle fût couverte d’une grande mante, annonçaient qu’elle était d’un rang fort supérieur aux êtres qui fréquentaient ordinairement ce magasin. Son arrivée inattendue et son air imposant, quoique plein de douceur, firent cesser tous les cris, et il y succéda un si profond silence, qu’un mot prononcé à voix basse aurait pu être entendu dans un appartement qui, un instant auparavant, retentissait de clameurs sauvages et de menaces féroces.

CHAPITRE XXVII
    – Oui, Monsieur, vous me trouverez raisonnable. Si cela est, je ferai ce qui sera de raison.
    SHAKESPEARE.
    Pendant la fin de la scène précédente, Polwarth était dans un égarement d’esprit qui le rendait incapable de faire le moindre effort pour prévenir l’exécution des menaces des soldats. Car, quoique ses dispositions naturelles le portassent à l’humanité, les derniers mots prononcés par l’idiot lui avaient rendu ses premières idées de vengeance. Il ne lui fallut qu’un coup d’œil pour reconnaître dans les traits flétris mais expressifs de la mère de Job ces restes de beauté éclipsée qu’il avait remarqués dans la femme qui était restée la dernière près du tombeau de Mrs Lechmere. Lorsqu’elle se précipita au-devant des soldats avec l’intrépidité d’une mère qui prend la défense de son fils, l’éclat de ses yeux noirs, rendu encore plus vif par la lueur que répandaient les torches, et l’expression d’horreur que l’amour maternel donnait à tous ses traits, prêtait à sa physionomie un caractère de dignité qui inspirait l’intérêt, et qui ne servit pas peu à tenir en bride les passions déchaînées autour d’elle. Le capitaine était sur le point de seconder les efforts d’Abigaïl par ses avis et son autorité, quand la rage des soldats fut interrompue une seconde fois de la manière rapportée dans le chapitre qui précède. L’effet de cette étrange apparition, dans un tel lieu et dans un pareil moment, produisit autant d’effet sur Polwarth que sur les soldats qui l’entouraient, et il resta spectateur silencieux et attentif de ce qui allait se passer.
    La première sensation qu’éprouva la dame qui venait d’arriver, en se trouvant au milieu d’une troupe de soldats en désordre, fut évidemment causée par les alarmes d’une délicatesse blessée. Mais oubliant le moment d’après les appréhensions naturelles à son sexe et soutenue par de bonnes et louables intentions, elle rappela toute la force de son esprit, et baissant le capuchon de sa mante de soie, elle montra aux regards des spectateurs étonnés les traits pâles mais toujours aimables de Cécile {62} .
    – Je ne sais, dit-elle après un moment de profond silence, pourquoi je trouve tant de visages irrités autour du lit d’un malheureux malade. Si vous avez de mauvais desseins contre lui, je vous conjure de les oublier au nom de votre honneur comme soldats, ou de la crainte que vous devez avoir de vos supérieurs. Je suis moi-même épouse d’un militaire, et je vous promets, au nom de quelqu’un qui a l’oreille du général en chef, le

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