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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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pouvait oublier la gaieté irlandaise ; une pareille maladie ne peut être qu’une invention du diable. Mais prenez-y garde, camarades, ce diablotin pourrait la donner tout naturellement à toute la famille pour épargner les frais de l’inoculation.
    – Avez-vous bientôt fini, Térence ? reprit le premier interlocuteur ; avez-vous le cœur de plaisanter quand sa mort n’est pas encore vengée ? Un tison ! un tison enflammé ! Faisons un feu de joie qui le brûle lui et son lit !
    – Un tison ! un tison pour allumer le bûcher du diable ! s’écrièrent vingt voix à la fois.
    Polwarth fit de nouveaux efforts pour se faire entendre, sans y réussir davantage, et ce ne fut que lorsque quelques soldats eurent annoncé d’un ton de désappointement qu’il n’y avait ni feu ni bois dans toute la maison, que le tumulte cessa un peu.
    – Garde à vous ! garde à vous, vous dis-je ! s’écria un grenadier d’une taille gigantesque dont la colère s’était enflammée progressivement, comme les matières combustibles qui fermentent dans le sein d’un volcan un moment avant l’éruption ; j’ai ici du feu de quoi brûler une salamandre. Qu’il soit diable ou qu’il soit saint, je lui conseille de faire ses prières.
    En parlant ainsi le drôle, qui était le seul qui eût un mousquet, coucha en joue le malheureux Job, qu’on vit frissonner de tous ses membres, par la crainte du danger qui le menaçait. Un autre instant aurait décidé du destin de l’idiot, si Polwarth n’eût rabattu le fusil d’un coup de canne, et ne se fût placé entre Job et son ennemi.
    – De la modération, bravé grenadier, dit-il en prenant prudemment un moyen terme entre le ton de l’autorité et celui de la persuasion ; pourquoi cette précipitation ? ce n’est point agir en soldat. Je connaissais et j’aimais autant que vous votre ancien capitaine ; mais obtenons d’abord les aveux de ce drôle avant de procéder à sa punition. Il est possible que d’autres soient encore plus coupables que lui.
    Les soldats furieux regardèrent cet intrus d’un air qui annonçait qu’ils n’auraient guère de déférence pour ses avis ni de respect pour son grade : – Sang pour sang ! se disaient-ils l’un à l’autre à voix basse et d’un ton féroce ; et la suspension momentanée d’hostilités qui avait suivi l’arrivée inattendue du capitaine commençait déjà à se rompre par de nouveaux actes d’agression quand, heureusement pour Polwarth, un vétéran de Royal-Irlandais le reconnut pour un des amis intimes de Mac-Fuse. Dès qu’il eut communiqué cette découverte à ses camarades, le tumulte s’apaisa peu à peu, et le capitaine fut soulagé de quelques inquiétudes personnelles en entendant son nom passer de bouche en bouche, accompagné de quelques phrases pacifiques et amiables, comme : son ancien ami, un officier des troupes légères, celui à qui les rebelles ont tué une jambe, etc. Dès que cette explication eut été généralement comprise, ses oreilles furent agréablement saluées d’une acclamation universelle.
    – Hurra pour le capitaine Pollyware ! hurra pour son ami le brave capitaine Polwarth !
    Charmé du succès qu’il avait obtenu, et secrètement flatté des éloges qu’on lui distribuait alors de toutes parts avec cette libéralité qui caractérise le soldat, il profita du léger avantage qu’il venait de remporter pour leur adresser de nouveau la parole en qualité de médiateur.
    – Je vous remercie de votre bonne opinion, camarades, leur dit-il, et je dois ajouter qu’elle est mutuelle. J’aime Royal-Irlandais, tant pour sa bravoure qu’à cause du capitaine que j’aimais et que j’estimais, et qui peut-être, comme j’ai lieu de le craindre, a été tué contre toutes les lois de la guerre.
    – L’entendez-vous, Térence ? cria une voix ; contre toutes les lois de la guerre !
    – Sang pour sang ! répétèrent quatre ou cinq voix avec un accent sombre et farouche.
    – Soyons de sang-froid afin d’être justes, et soyons justes afin que notre vengeance soit plus imposante ! s’écria Polwarth avec empressement, craignant que si le torrent rompait encore ses digues, il ne fût plus en son pouvoir de l’arrêter. Un vrai soldat ne fait rien sans ordre, et quel régiment dans l’armée a droit d’être fier de sa discipline, si ce n’est Royal-Irlandais ? Formez-vous en cercle autour du prisonnier, et écoutez tandis que je vais

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