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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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silence.
    – Vous le connaissez mieux qu’aucun autre officier de l’armée, continua le capitaine.
    – Il a promis à Job d’empêcher les grenadiers de le battre, et Job lui a promis de faire ses commissions.
    – Une telle convention annonce plus d’intimité qu’on n’en voit ordinairement entre un homme sage et un fou. Si vous êtes si étroitement lié avec lui, vous devez savoir ce qu’il est devenu.
    L’idiot ne répondit rien.
    – On croit que vous savez pour quelle raison il a quitté ses amis, et je vous somme de les décliner.
    – Décliner ! répéta Job avec l’accent de l’idiotisme le plus prononcé ; Job n’a jamais rien appris à l’école.
    – Si vous êtes obstiné, et que vous refusiez de me répondre, je vais me retirer, et je laisserai ces braves grenadiers faire de vous ce qui leur plaira.
    Cette menace engagea Job à soulever la tête et à reprendre cette attitude de surveillance craintive qu’il avait quittée depuis si peu de temps. Un léger mouvement eut lieu parmi la soldatesque, et les mots terribles – sang pour sang ! – se firent encore entendre. Le malheureux jeune homme que nous avons été obligés de nommer idiot, faute d’un terme plus convenable et parce que son aliénation mentale faisait qu’on ne pouvait le rendre responsable de ses actions, promena autour de lui des yeux égarés, mais dans lesquels on voyait briller une sorte d’étincelle de raison, ce qu’on pourrait attribuer à une flamme intérieure qui semblait purifier son esprit en proportion qu’elle consumait la matière grossière de sa vie.
    – Il est contre les lois de la colonie de battre et de tourmenter un de ses semblables, dit-il avec un accent touchant et solennel ; et, ce qui est encore plus, cela est contre le saint livre. Si vous n’aviez pas fait du bois à brûler de l’église d’Old-North, si vous n’aviez pas changé en écurie celle d’Old-South, vous auriez pu y entendre expliquer cette doctrine de manière à vous faire dresser les cheveux sur la tête.
    Cinquante cris partirent de toutes parts : – Souffrirons-nous qu’il se moque ainsi de nous ? – Est-ce que c’est le diable qui veut nous prêcher ? – Sa vieille maison de bois était-elle une église pour de vrais chrétiens ? Et ils furent suivis de la menace effrayante et souvent répétée, – sang pour sang !
    – En arrière, camarades ! en arrière ! s’écria Polwarth en brandissant sa canne de manière à ajouter de la force à ses ordres. Attendez ses aveux avant de le juger. – Drôle, voici la dernière fois que je vous somme très-sérieusement de me dire la vérité. Songez que votre vie dépend probablement de vos réponses. Vous êtes connu pour avoir porté les armes contre la couronne ; moi-même je vous ai vu parmi les rebelles le jour que les troupes de Sa Majesté firent une… une… une contre-marche à Lexington. On sait encore que depuis ce temps vous avez été joindre les rebelles quand l’armée royale a été les attaquer sur les hauteurs de Charleston.
    En cet endroit de la récapitulation de tous les crimes de Job, le capitaine s’aperçut que cette énumération rendait plus sombres et plus effrayants les regards de ceux qui l’entouraient, et il ajouta avec un empressement louable, dans l’espoir de les calmer : Ce jour glorieux où les troupes de Sa Majesté dispersèrent votre canaille coloniale comme des moutons chassés du pâturage par les chiens.
    L’humanité adroite de Polwarth fut récompensée par un grand éclat de rire sauvage. Encouragé par cette preuve de l’ascendant qu’il exerçait sur ses auditeurs, le digne capitaine continua avec une double confiance.
    – Dans cette journée glorieuse, reprit-il en s’échauffant graduellement, bien des braves officiers, et plusieurs centaines de soldats intrépides trouvèrent la fin de leur destinée. Les uns succombèrent honorablement sur le champ de bataille, d’autres y laissèrent, hem… ! hem… ! y laissèrent quelqu’un de leurs membres, et porteront jusqu’au tombeau les preuves de leur gloire. Sa voix devint un peu rauque en ce moment, mais surmontant cette faiblesse, il ajouta avec une énergie qu’il croyait devoir glacer le sang du prisonnier : – Et il en est aussi, drôle, qui ont été assassinés.
    – Sang pour sang ! devint alors le cri général. Polwarth lui-même, entraîné par les regrets qu’il donnait à son ami, ne songea plus à réprimer la

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