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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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dès qu’elle eut prononcé ce peu de mots, elle baissa les yeux avec embarras et en rougissant, quoiqu’en conservant le calme et la dignité d’une femme bien née. Le général la regarda un instant en silence avec une admiration manifeste.
    – Celui que vous cherchez, lui dit-il enfin, est-il dans la ville ou hors de son enceinte ?
    – Je crains beaucoup qu’il n’en soit sorti.
    – Et vous voudriez le suivre dans le camp des rebelles ? cela demande quelque réflexion. Je vois que je parle à une dame douée d’une grande beauté ; puis-je lui demander quel est son nom ?
    – Je n’ai point à rougir de mon nom, répondit Cécile avec fierté. Il est noble dans le pays de nos ancêtres communs, et il n’est peut-être pas inconnu à monsieur Howe. Je suis fille de feu le colonel Dynevor.
    – Et nièce de lord Cardonnel ! s’écria le général avec surprise, perdant à l’instant la liberté équivoque de ses manières pour prendre l’air le plus respectueux. Je savais qu’il existait à Boston une dame de ce nom, et je ne puis oublier qu’elle est accusée de se dérober, comme si elle était notre ennemie invétérée, aux respects et aux attentions que toute l’armée aurait voulu lui témoigner, depuis le général en chef jusqu’au dernier enseigne. Faites-moi l’honneur de vous asseoir.
    Cécile le remercia par une révérence et resta debout.
    – Je n’ai ni le temps ni le courage de me défendre contre votre accusation, répondit-elle ; mais si mon nom n’est pas un titre suffisant pour obtenir la grâce que je vous demande, il faudra bien que je la réclame au nom de celui que je cherche.
    – Fût-il le rebelle le plus endurci qui soit à la suite de Washington, il a tout lieu d’être glorieux de son sort.
    – Bien loin de s’être rangé du côté des ennemis du roi, il a déjà versé son sang pour la couronne, répondit Cécile en baissant de nouveau son capuchon par un mouvement involontaire, car elle sentait que le moment allait arriver où elle ne pourrait se dispenser de nommer celui qui exerçait une telle influence sur ses sentiments, comme elle l’avait déjà fait connaître.
    – Et vous le nommez ?
    Cécile répondit à cette question directe d’une voix basse mais distincte. Howe tressaillit quand il entendit le nom d’un officier qui jouissait de tant de considération dans l’armée, quoique ce fût en souriant d’une manière expressive qu’il le répéta d’un ton de surprise.
    – Le major Lincoln ! Le refus qu’il a fait de retourner en Europe pour rétablir sa santé se trouve maintenant parfaitement expliqué. Il est sorti de la ville, dites-vous ? il faut que ce soit quelque méprise.
    – Je crains que cela ne soit que trop vrai.
    Les traits du général reprirent leur air sombre, et il fut évident que cette nouvelle le contrariait.
    – C’est trop présumer de ses privilèges, murmura-t-il à demi-voix. Sorti de la ville, dites-vous, jeune dame ? sans mon aveu, à mon insu !
    – Mais non par des motifs blâmables, s’écria Cécile respirant à peine et s’oubliant elle-même dans l’inquiétude qu’elle éprouvait pour Lincoln ; des chagrins privés l’ont forcé à une démarche que, comme soldat, il aurait été le premier à condamner en toute autre occasion.
    Howe garda un silence froid et menaçant, plus effrayant que n’aurait pu l’être son courroux. Cécile, alarmée, leva un instant les yeux sur le front plissé du général, comme pour pénétrer ses secrètes pensées ; et cédant ensuite à ses craintes avec la sensibilité d’une femme, elle s’écria :
    – Vous ne voudriez pas profiter, pour lui nuire, de l’aveu que je viens de vous faire : n’a-t-il pas versé son sang pour vous ? n’a-t-il pas été six mois aux portes du tombeau pour avoir défendu votre cause ? Mais, Monsieur, quoique le hasard et votre âge l’aient mis sous vos ordres pour un temps, il est votre égal en tous points, et il répondra devant son auguste maître à toutes les accusations qui pourront être portées devant lui, n’importe qui en soit l’auteur.
    – Cela sera nécessaire, répondit froidement le général.
    – N’écoutez pas les discours insensés que m’arrache ma détresse ! s’écria Cécile en joignant les mains, je ne sais ce que je dis ; ne lui avez-vous pas permis d’avoir des communications avec la campagne ?
    – Oui, pour obtenir les provisions qui pouvaient être

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