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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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par laquelle elle y était entrée, et ils se trouvèrent dans une autre rue, plus tranquille que celle qui était remplie de groupes de soldats.
    – Mais où sont mes deux compagnons ? demanda enfin Cécile ; je ne puis aller plus loin sans eux.
    – Ils sont sous la garde de gens armés, répondit Ralph d’un air calme, et vous n’avez d’autre alternative que de partager leur détention, ou de vous en séparer momentanément. Si l’on connaissait le caractère de celui qui vous a amenée ici, son destin ne serait pas douteux.
    – Son caractère ! répéta Cécile en tressaillant de nouveau.
    – Oui, son caractère ; mes paroles sont assez claires, je crois. N’est-il pas l’ennemi mortel et obstiné de la liberté ? Croyez-vous que nos concitoyens soient assez insensés pour souffrir qu’un homme comme lui se promène librement dans leur camp ? Non, non, ajouta-t-il avec un sourire de triomphe, il s’est exposé comme un fou à son destin, et il le subira sans rémission. Avançons, la maison n’est qu’à un pas d’ici, et vous pourrez le mander devant vous, si vous le désirez.
    Cécile fut plutôt entraînée par son compagnon que déterminée à le suivre, et, comme il le lui avait dit, ils s’arrêtèrent bientôt devant une humble habitation, dans une situation retirée, à la porte de laquelle était un soldat sous les armes, tandis qu’on voyait une sentinelle se promener un peu plus loin, preuve qu’on veillait avec soin sur ceux qui s’y trouvaient.
    – Avancez ! dit Ralph en ouvrant la porte d’entrée sans hésitation.
    Cécile obéit, mais elle ne fut pas peu surprise en trouvant dans le vestibule un autre homme armé d’un mousquet. Il paraissait régner une grande familiarité entre cette sentinelle et Ralph, car elle lui dit avec un air de grande liberté :
    – N’a-t-on pas encore reçu d’ordre de Washington ?
    – Non, répondit Ralph, et ce délai me porte à croire qu’il n’y a rien de très-favorable à attendre.
    Ouvrant alors une autre porte, il se tourna vers Cécile, et lui dit :
    – Entrez !
    Cécile obéit encore ; la porte se ferma à l’instant ; mais avant qu’elle eût eu le temps de se livrer à la surprise ou à l’inquiétude, elle se trouva dans les bras de son époux.

CHAPITRE XXXI
    Est-elle une Capulet ? Ô compte précieux ! c’est à mon ennemi que je dois la vie.
    SHAKESPEARE. Roméo et Juliette.
    – Ah ! Lincoln ! Lincoln ! s’écria Cécile en pleurant et en cherchant à s’arracher aux bras de son mari qui la tenait tendrement embrassée ; en quel moment m’avez-vous abandonnée !
    – Et combien j’en ai été puni, ma chère Cécile ! Une nuit de frénésie ! une matinée de regrets ! Le destin m’a fait sentir assez tôt la force des nœuds qui nous unissent, à moins que ma folie ne les ait déjà rompus !
    – Ah ! je vous connais à présent, esprit volage, et j’emploierai toute l’adresse d’une femme pour tisser des filets qui puissent vous retenir. Lionel, si vous m’aimez, comme je voudrais le croire, oublions tout le passé, je vous en prie. Non, je ne vous demande aucune explication : vous avez été trompé, et vos yeux repentants m’assurent que vous avez recouvré la raison ; ne parlons que de vous. Pourquoi vous trouvé-je ici gardé à vue plutôt comme un criminel que comme un officier de la couronne ?
    – Il est vrai qu’on veille spécialement à ma sûreté.
    – Comment êtes-vous tombé en leur pouvoir ? pourquoi abusent-ils de leur avantage ?
    – Cela est facile à expliquer. Comptant que la tempête… Quelle nuit affreuse que celle de notre mariage, Cécile !
    – Terrible ! s’écria-t-elle en frémissant. Mais au même instant, bannissant par le plus doux sourire toute apparence de crainte et de soucis, elle ajouta : – Mais je n’ai plus de foi aux présages, Lincoln, et si nous en avons eu quelqu’un, n’est-il pas déjà accompli ? Je ne sais pas quel prix vous attachez à la bénédiction d’une âme près de se séparer du corps, Lionel ; mais c’est une consolation pour moi de savoir que mon aïeule a béni, avant de mourir, notre union si subite.
    Sans faire attention à la main que Cécile lui avait appuyée sur l’épaule, il s’éloigna d’elle d’un air sombre, et se mit à se promener dans l’appartement.
    – Cécile, lui dit-il enfin en s’arrêtant, je vous aime autant que vous voudriez le croire, et je suis disposé,

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