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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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des communes.
    – Assez, assez pour l’instant, Meriton, dit Cécile d’une voix presque étouffée ; retournez à l’auberge, dans quelqu’un des collèges, où vous voudrez, mais ne restez pas ici.
    – Ne renvoyez pas un sujet loyal avec les rebelles, Madame, je vous en supplie, répondit Meriton. Quels blasphèmes j’ai entendus, Monsieur ! Ils parlent du roi aussi librement que s’il n’était pas plus que vous. Je me suis trouvé bien heureux quand on m’a remis en liberté.
    – Et si c’eût été un corps-de-garde sur la rive opposée, dit Ralph, la liberté qu’on prend ici avec votre roi terrestre, on se l’y permettrait à l’égard du roi des rois.
    – Restez donc ici, mais non dans cette chambre, dit Cécile se méprenant sans doute sur l’expression d’un regard de dédain qu’il jetait sur son ancien compagnon de voyage. Major Lincoln, vous avez quelque autre appartement, faites-y passer ceux qui sont venus à ma suite ; vous ne voudriez sûrement pas que des domestiques fussent présents à notre entrevue.
    – D’où vient cette terreur soudaine, ma chère Cécile ? si vous n’êtes pas ici comme je le désirais, du moins vous y êtes en sûreté. Meriton, passez dans la chambre voisine, et, si cela est nécessaire, vous pouvez y entrer par cette porte de communication.
    Meriton obéit en murmurant quelques mots dont on ne put entendre que ceux : – Joli costume ! et la direction de ses yeux mécontents prouvait assez que Ralph était le sujet de ses réflexions. Le vieillard suivit ses pas, et, la porte s’étant fermée, Cécile, restée seule avec son mari, demeura debout comme une belle statue et comme absorbée dans ses pensées. Quand elle les eut vus se retirer, et qu’elle n’entendit plus le bruit de leurs pas, elle respira plus librement, et un soupir parut la soulager d’un poids énorme qui pesait sur son cœur.
    – Ne craignez rien pour moi, Cécile, et encore moins pour vous, dit Lionel en la pressant tendrement sur son cœur. Ma précipitation téméraire, ou pour mieux dire, la fatalité attachée à ma famille, ce sentiment d’inquiétude mélancolique que vous avez remarqué si souvent et que vous avez regretté, m’a conduit à la vérité dans une apparence de danger. Mais j’ai un motif à alléguer pour ma conduite, et, quand je l’aurai avoué, tous les soupçons, même ceux de nos ennemis, s’évanouiront.
    – Je n’ai aucun soupçon, aucun regret ; je ne vous connais pas d’imperfections ; mon seul désir c’est de vous voir jouir de la paix de l’esprit, et… si je pouvais m’expliquer… oui, c’est le moment, Lionel, mon cher et fugitif Lionel…
    Elle fut de nouveau interrompue par Ralph, qui rentra dans la chambre de ce pas silencieux qui, joint à sa vieillesse et à sa maigreur, donnait quelquefois à ses mouvements et à son aspect le caractère d’un être dont les attributs étaient supérieurs à ceux de l’humanité. Il portait sur le bras un surtout et un chapeau que Cécile reconnut sur-le-champ pour appartenir à l’inconnu qui l’avait accompagnée pendant toutes les vicissitudes d’une nuit si fertile en événements.
    – Voyez ! dit Ralph en montrant ces dépouilles avec un sourire expressif, voyez sous combien de formes la liberté se montre pour aider ses adorateurs ! Voici le déguisement sous lequel elle veut maintenant être courtisée. Couvrez-vous-en, jeune homme, et vous êtes libre.
    – Ne le croyez pas ! ne l’écoutez pas ! lui dit Cécile à demi-voix en s’éloignant de Ralph avec terreur. Je me trompe, écoutez-le, mais agissez avec précaution.
    – Hésites-tu à recevoir le don sacré de la liberté ? demanda Ralph ; veux-tu rester ici pour braver la justice courroucée du chef des Américains, pour faire de ta femme d’un jour une veuve pour un siècle ?
    – À quoi me servira ce vêtement ? demanda Lionel. Pour me soumettre à la dégradation d’un déguisement, il faudrait du moins que je fusse sûr du succès.
    – Jeune homme, tourne tes regards orgueilleux sur cette image de l’innocence et de la terreur qui est à ton côté. Pour l’amour de celle dont la destinée est enchaînée à la tienne, si ce n’est par égard pour toi-même, prends la fuite à l’instant et pourvois à ta sûreté. Une minute de plus, et il sera peut-être trop tard.
    – N’hésitez pas davantage, Lincoln, s’écria Cécile changeant d’opinion aussi promptement que

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