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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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l’impulsion qu’elle recevait était forte ; fuyez, laissez-moi ; mon sexe, mon nom, seront…
    – Jamais ! répondit Lincoln en repoussant avec un froid dédain les vêtements que Ralph lui offrait ; je vous ai abandonnée une fois, quand la mort venait de se choisir une victime, mais il faudra qu’elle me frappe moi-même avant que je vous abandonne encore !
    – Je vous suivrai. Je vous rejoindrai.
    – Vous ne vous séparerez pas, dit Ralph en déployant le surtout et en le plaçant sur les épaules de Lincoln, qui resta passif, sans chercher à résister aux efforts réunis de son épouse et du vieillard.
    – Restez ici, dit Ralph à Lincoln, et attendez que je vous appelle pour vous rendre à la liberté. Et toi, douce fleur d’innocence et d’amour, suis-moi, et partage l’honneur de délivrer celui qui t’a rendue esclave.
    La force de ces expressions couvrit les joues de Cécile d’une rougeur virginale, mais elle baissa la tête en signe de soumission à ses volontés. S’avançant vers la porte, il lui fit signe de le suivre, indiquant en même temps à Lionel par un autre geste qu’il devait rester où il était. Lorsqu’il fût sorti de la chambre avec Cécile et qu’ils furent dans l’étroit vestibule de la maison, Ralph, au lieu de montrer aucune appréhension de la sentinelle qui y était en faction, s’approcha d’elle avec confiance et lui parla avec la familiarité d’un ami.
    – Voyez, lui dit-il en abaissant le capuchon qui couvrait les traits pâles de Cécile, voyez comme la crainte qu’elle a conçue pour le destin de son mari a fait pleurer la pauvre enfant ! Elle va le quitter avec un des domestiques qui l’ont accompagnée, et l’autre restera pour servir son maître. Regardez-la ! Malgré sa tristesse, n’est-ce pas une compagne faite pour adoucir les dures épreuves de la vie d’un soldat ?
    Ce ne fut pas sans un embarras mêlé de quelque gaucherie que la sentinelle jeta les yeux sur les charmes que Ralph présentait à son admiration avec si peu de cérémonie. Il était évident qu’il était sensible à l’éclat de sa beauté, car, quoiqu’il semblât oser à peine lever ses regards sur elle, il ne pouvait les en détacher. Pendant ce temps le vieillard était entré dans la chambre occupée par Meriton et l’étranger, et à peine Cécile s’était-elle voilé de nouveau le visage pour le dérober aux yeux du soldat, que Ralph reparut, suivi d’un homme couvert du surtout dont il a déjà été parlé. Malgré le grand chapeau qui lui couvrait le front et le changement étudié de sa marche, les yeux perçants d’une femme eurent bientôt découvert le déguisement de son mari, et, se rappelant en même temps la porte de communication qui existait entre les deux chambres, elle comprit sur-le-champ le stratagème qui avait été employé. Elle passa près de la sentinelle avec un empressement craintif, et se plaça à côté de Lionel d’un air qui aurait trahi son secret aux yeux d’un homme connaissant mieux le monde que l’honnête paysan qui venait tout récemment de changer la bêche pour le mousquet.
    Ralph ne laissa pas à la sentinelle le temps de délibérer, et lui faisant un signe de la main en forme d’adieu, il sortit de la maison avec son activité ordinaire, suivi de ses deux compagnons. Là ils se trouvèrent en présence du second soldat qui était de garde à la porte, double mesure de surveillance qui rendait leur situation plus embarrassante. Suivant l’exemple de leur vieux conducteur, Lionel et sa compagne tremblante s’avancèrent d’un air en apparence indifférent vers cette sentinelle, qui, à ce qu’il paraît, était plus attentive à son devoir que son camarade du vestibule. Leur barrant le chemin avec son mousquet de manière à annoncer qu’il voulait avoir une explication avec eux avant de permettre qu’ils passassent, il dit à Ralph d’un ton brusque :
    – Que veut dire ceci, mon vieux ? Vous sortez par brigades de l’appartement du prisonnier. Un, deux, trois. Notre officier anglais pourrait être avec vous, et il en resterait encore deux par derrière. Allons, allons, vieux papa, rendez-moi compte de vous et de ceux qui vous suivent ; car, pour vous parler plus clairement, il y a des gens qui vous soupçonnent de ne pas être autre chose qu’un espion de Howe, quoiqu’on vous permette de courir dans tout le camp comme vous le voulez. En bon Yankie, et cela se comprend facilement en

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