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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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qu’ils mirent à se rendre près de Roxbury se passa en silence. Comme la canonnade continuait vigoureusement des deux côtés, c’eût été trop hasarder que de se placer dans la ligne du feu des ennemis ; c’est pourquoi le jeune officier ayant choisi un endroit où il n’y avait aucun danger à craindre, y laissa Cécile avec ses deux compagnons et les deux gardes, et se rendit lui-même à l’endroit où il croyait devoir trouver le général qu’il avait ordre de chercher. Pendant sa courte absence, Cécile resta dans le chariot, entendant avec effroi le bruit redoutable du canon, et ne voyant pas sans pâlir les éclairs qui l’annonçaient.
    Le seul gros mortier qu’eussent les Américains avait crevé la nuit précédente ; mais ils pointaient leurs canons avec une activité constante, non seulement contre les retranchements des Anglais, mais sur la terre-basse, dont ils étaient séparés par le bras de mer de Charles, et encore plus au nord, en face de la position qu’occupaient leurs ennemis sur les hauteurs bien connues de Charleston. Les Anglais, de leur côté, répondaient à cette attaque par un feu roulant de toutes les batteries situées à l’ouest de la ville, tandis que celles du côté de l’est étaient ensevelies dans un profond silence, sans se douter du danger qui les menaçait.
    Lorsque l’officier revint, il dit à Cécile qu’il s’était assuré de l’endroit où était le commandant américain, et qu’il avait reçu ordre de la conduire en sa présence. Ce nouvel arrangement obligeait à faire quelques milles de plus, et comme le jeune capitaine commençait à trouver sa mission un peu longue, il eut soin de recommander au conducteur de faire diligence. Il fallait tourner une montagne, mais la route était bonne et sans dangers ; et ayant traversé la rivière, ils arrivèrent en une heure de temps au petit village qui était le berceau des sciences de la province.
    Quoiqu’il fût occupé par des troupes amies, on y voyait des marques évidentes de la présence d’une armée irrégulière. Tous les bâtiments de l’université avaient été changés en casernes, et les portes de toutes les auberges étaient assiégées par une foule de soldats turbulents qui s’y réunissaient pour boire et se divertir. L’officier fit arrêter le chariot devant celui de ces rendez-vous d’oisifs et de fainéants qui lui parut le moins fréquenté, et annonça à Cécile qu’il fallait qu’elle y entrât jusqu’à ce qu’il reçût des ordres du général américain. Elle apprit cet arrangement avec peu de satisfaction, mais cédant à la nécessité, elle descendit de voiture sans aucune objection. Suivie de l’inconnu et de Meriton, et précédée de l’officier, elle traversa cette foule bruyante, non seulement sans recevoir aucune insulte, mais même sans éprouver le moindre obstacle. Les tapageurs baissèrent même la voix en la voyant approcher, s’écartèrent pour lui ouvrir passage, et elle entra dans l’auberge, escortée jusqu’à la porte par un murmure confus et indistinct d’un grand nombre de voix, parmi lesquelles elle n’entendit qu’une seule remarque qui eût rapport à elle ; c’était une exclamation soudaine qui semblait arrachée par l’admiration qu’inspirait la grâce de sa tournure ; et, quelque singulier que cela puisse paraître, son conducteur crut devoir la prier d’excuser cette impolitesse, en lui disant à voix basse qu’elle partait de la bouche d’un des tirailleurs du sud, corps aussi distingué par sa bravoure que par son manque de savoir-vivre.
    L’intérieur de l’auberge présentait une scène toute différente de l’extérieur ; c’était une maison particulière qui n’était ouverte au public que depuis peu de temps, le maître du logis ayant cédé soit à l’exigence du temps, soit au désir de gagner de l’argent ; mais, par une sorte de convention tacite avec la foule qui se rassemblait à sa porte, tout en fournissant à boire à quiconque le désirait, il voulait que rien ne le troublât dans ses arrangements domestiques ; il n’avait donc abandonné au public que la grande salle du rez-de-chaussée, et ce fut là qu’on fit entrer Cécile, sans lui faire aucune excuse pour l’exposer ainsi aux regards curieux de ceux qui s’y trouvaient.
    Il pouvait y avoir dans cette salle une douzaine de personnes les uns étaient assis tranquillement près du feu, et de ce nombre étaient deux femmes ;

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