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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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varient sur ce point, dit Lionel. La plupart des militaires rejettent dédaigneusement cette idée, quoiqu’il se trouve des officiers qui ont servi sur le continent, et qui pensent que non seulement l’appel sera fait, mais que la lutte sera sanglante.
    – Et pourquoi ne le feraient-ils pas ? s’écria tout à coup Agnès Danforth ; ils sont hommes, et les Anglais ne sont rien de plus.
    Lionel tourna les yeux avec quelque surprise sur la jeune enthousiaste, qui avait dans ce moment même un air de douceur et en même temps de finesse qui ne semblait pas d’accord avec ces paroles, et il sourit en répétant ses propres expressions.
    – Pourquoi ne le feraient-ils pas, demandez-vous ? Mais je n’en vois d’autre raison que parce que ce serait un acte de folie et en même temps de rébellion. Je puis vous assurer que je ne suis pas de ceux qui affectent de déprécier mes compatriotes, car vous vous rappellerez que je suis aussi Américain.
    – J’ai entendu dire pourtant, reprit Agnès, que ceux de nos volontaires qui portent un uniforme le portent bleu, et non pas d’écarlate.
    – Sa Majesté désire que son 47 e régiment d’infanterie porte cette couleur éclatante, reprit Lionel en riant ; quant à moi, je consentirais volontiers à l’abandonner aux dames pour en adopter une plus modeste, si cela était possible.
    – Cela est très-possible, Monsieur.
    – Et comment donc, s’il vous plaît ?
    – En donnant votre démission.
    Il était évident que Mrs Lechmere avait eu quelque motif pour permettre à sa nièce de s’expliquer si librement ; mais voyant que son hôte ne montrait pas cet air piqué que les officiers anglais sont souvent assez faibles pour ne pas dissimuler lorsque les femmes prennent la défense de l’honneur de leur pays, elle tira le cordon de la sonnette en disant :
    – Voilà un langage bien hardi pour une jeune personne qui n’a pas encore vingt ans, n’est-ce pas, major Lincoln ? mais miss Danforth a le privilège de tout dire librement ; car plusieurs de ses parents, du côté de son père, ne sont que trop impliqués dans les scènes de désordre qui signalent ces temps malheureux ; mais nous avons pris soin que Cécile restât plus fidèle à son devoir.
    – Et cependant Cécile elle-même a toujours refusé d’embellir de sa présence les fêtes données par les officiers anglais, dit Agnès d’un ton un peu piqué.
    – Cécile Dynevor aurait-elle pu fréquenter les bals et les fêtes sans être accompagnée d’un chaperon convenable ? reprit Mrs Lechmere, et pouvait-on espérer qu’à soixante-dix ans je rentrerais dans le monde pour soutenir l’honneur de ma famille ? Mais, avec nos discussions puériles, nous empêchons le major Lincoln de prendre les rafraîchissements dont il doit avoir besoin.
    – Caton, vous pouvez servir.
    Mrs Lechmere dit ces derniers mots d’un air presque mystérieux {21} au nègre qui venait d’entrer. Le vieux domestique, qui probablement, d’après une longue pratique, comprenait les désirs de sa maîtresse plus par l’expression de ses yeux que par les ordres qu’elle lui donnait, commença par fermer les volets extérieurs et par tirer les rideaux avec le plus grand soin. Après ces préliminaires indispensables, il prit une petite table ovale qui était cachée sous les draperies des rideaux, et la plaça devant miss Dynevor ; bientôt après, la surface polie du petit meuble d’acajou fut couverte d’abord d’une fontaine d’argent massif remplie d’eau bouillante, ensuite d’un plateau du même métal, sur lequel était étalé un déjeuner de la plus belle porcelaine de Dresde.
    Pendant ces préparatifs, Mrs Lechmere avait tâché de captiver l’attention de son hôte en lui faisant différentes questions sur quelques parents qu’il avait laissés en Angleterre ; mais malgré tous ses soins elle ne put empêcher Lionel de s’apercevoir du mystère et des précautions avec lesquelles le nègre faisait ces arrangements. Miss Dynevor laissa tranquillement placer devant elle la table à thé ; mais sa cousine, Agnès Danforth, détourna la tête d’un air de froideur et de mécontentement. Après avoir fait le thé, Caton en versa dans deux tasses cannelées, sur lesquelles étaient peintes de petites branches rouges et vertes fort bien imitées, et présenta l’une à sa maîtresse, et l’autre au jeune officier.
    – Mille pardons, miss Danforth, s’écria Lionel dès

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