Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
Vom Netzwerk:
défendait toute importation, toute exportation, toute consommation, qui pût être favorable à l’Angleterre. Ces expédients négatifs étaient les seuls auxquels il leur fût constitutionnellement permis d’avoir recours {32}  ; car ils avaient toujours grand soin de ne point dépasser les limites que les lois avaient posées aux droits des sujets. Sans commettre aucun acte de résistance ouverte, ils ne négligeaient aucun moyen pour se préparer à tout événement en cas de besoin. C’est ainsi qu’un sentiment d’opposition et de mécontentement se répandait de plus en plus dans les provinces, tandis que dans celle de Massachusetts, où se passe plus immédiatement notre histoire, une accumulation de circonstances semblait accélérer encore davantage l’instant de la catastrophe.
    Aux motifs généraux qui formaient la base de la grande contestation il se joignait, dans plusieurs endroits, différentes causes de plaintes locales, et nulle part ces sujets de plaintes n’avaient été plus multipliés que dans la ville de Boston. Les Bostoniens s’étaient signalés les premiers par une résistance ouverte aux ordres du ministère. On jugea que la force armée était nécessaire pour les intimider, et l’on retira des troupes de différentes parties des provinces pour les concentrer à Boston {33} . Au commencement de 1774, le pouvoir exécutif fut remis entre les mains d’un gouverneur militaire, et l’autorité voulut prendre une attitude plus menaçante. Un des premiers actes de ce gouverneur, qui occupait le rang élevé de lieutenant-général, et qui commandait toutes les forces du roi en Amérique, fut de dissoudre l’assemblée coloniale. Vers la même époque une nouvelle charte fut envoyée en Angleterre, et un changement matériel commença à s’opérer dans la politique du gouvernement des colonies.
    Depuis ce moment l’autorité du roi, sans être contestée, fut suspendue dans la province. On élut de nouveaux délégués, et un congrès s’assembla à sept lieues de la capitale. Il décréta successivement les mesures que l’urgence des circonstances semblait rendre indispensables. Des milices furent formées ; on les disciplina, on les arma aussi bien que l’état de la colonie put le permettre. Ces milices, composées de l’élite des habitants, avaient quelque habitude du maniement des armes, et du reste leur enthousiasme suppléait à leur peu d’expérience.
    D’après la nature des services qu’on attendait de ces troupes, on leur donna assez justement la dénomination d’hommes à la minute . On s’occupa en même temps de rassembler des munitions de guerre, et chacun s’y prêtait avec un zèle qui annonçait le caractère de la lutte qui se préparait.
    De son côté le général Gage ne restait pas dans l’inaction. Il employait tous les moyens qui étaient en son pouvoir pour empêcher les colons de former des magasins, et il cherchait à se fortifier dans sa position. La situation naturelle de la place qu’il occupait lui rendait ce dernier point facile.
    Entourée d’eau de toutes parts, excepté du côté de l’isthme qui la joint au continent, ayant son triple rang de collines qui ne sont commandées par aucune éminence adjacente, la péninsule de Boston, défendue par une garnison suffisante que soutenait une flotte nombreuse, pouvait aisément devenir imprenable. Mais le général anglais se contenta d’ériger quelques ouvrages de peu d’importance, car il savait que tout le parc d’artillerie des colons ne se composait que de six pièces de campagne, et d’une petite batterie formée de vieux canons de vaisseaux, en mauvais état. Aussi, lors de son arrivée à Boston, Lionel n’aperçut que quelques batteries éparses sur les hauteurs, et destinées plutôt à tenir la ville en respect qu’à repousser un ennemi du dehors. On avait pourtant élevé quelques fortifications le long de l’isthme. La garnison se composait d’un peu moins de cinq mille hommes, sans compter un nombre plus ou moins grand de matelots, suivant la quantité de vaisseaux de guerre qui se trouvaient dans le port.
    Pendant tout ce temps il n’y eut d’autre interruption dans les relations qui existaient entre Boston et la province, que celle qui résultait inévitablement de la stagnation du commerce, et de la défiance engendrée par l’aspect des affaires. Quoique nombre de familles eussent déserté leurs maisons, il restait encore beaucoup de patriotes

Weitere Kostenlose Bücher