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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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prononcés dont les oreilles étaient blessées par le bruit des tambours anglais, et dont le cœur déjà ulcéré saignait encore davantage en entendant les sarcasmes des officiers sur les burlesques préparatifs de guerre que faisaient leurs compatriotes. C’était une idée assez générale, et elle ne s’était point seulement répandue parmi les jeunes têtes évaporées de l’armée, que les colons n’avaient aucun talent militaire ; et ceux mêmes qui en Europe étaient leurs plus zélés partisans, craignaient qu’un appel aux armes ne mit fin pour toujours aux justes réclamations des Américains, en prouvant qu’ils n’étaient point capables de les soutenir jusqu’à la dernière extrémité.
    Les deux partis se trouvaient ainsi en présence : le peuple, observant un ordre parfait, sans reconnaître de lois, silencieux, attentif, ayant des chefs qui veillaient pour lui ; le soldat, gai, fier, ne paraissant rien craindre, sans pourtant se permettre aucun acte d’oppression ni de violence jusque après quelques excursions malheureuses faites dans la province pour y chercher des armes.
    Mais une infinité de causes, les unes publiques, les autres particulières, et dont l’examen appartient plutôt à l’histoire qu’à une simple légende, ne tardèrent pas à animer les esprits ; le mécontentement augmentait chaque jour. Toutes les occupations étaient suspendues, et l’on attendait le cours des événements avec une pénible anxiété. On savait que le parlement, au lieu de révoquer les actes qui blessaient les Américains, se préparait à leur imposer de nouvelles restrictions ; et le bruit se répandait aussi, comme on l’a déjà vu, que l’Angleterre envoyait une nouvelle force et de nouveaux régiments pour faire respecter ses lois.
    Il restait à savoir si un État pouvait rester longtemps dans une position aussi précaire, quoiqu’il eût encore été difficile de prévoir quand et de quelle manière il en sortirait. Les colons semblaient sommeiller ; mais, en soldats prudents, on pouvait dire qu’ils dormaient sur leurs armes, tandis que les troupes prenaient tous les jours un air plus martial et une attitude plus imposante. Cependant les deux partis continuaient encore à manifester une répugnance honorable à en venir à l’effusion du sang.

CHAPITRE VI
    Que n’a-t-il plus d’embonpoint ! mais je ne crains guère : il sourit rarement, et son sourire est tel qu’on dirait qu’il se moque de lui-même et méprise son esprit qui est capable de sourire de quelque chose.
    SHAKESPEARE. Jules César .
    Pendant la semaine suivante Lionel apprit plusieurs circonstances moins importantes que les faits dont nous venons de parler, mais qui en étaient la suite naturelle, et dont les détails excéderaient les bornes de cette histoire. Il avait été reçu par ses frères d’armes avec cette cordialité qu’un compagnon riche, aimable et plein d’aisance, sinon jovial, était sûr de trouver chez des hommes qui ne respiraient que le plaisir. Le premier jour de la semaine, un mouvement extraordinaire s’était opéré parmi les troupes ; des changements, des promotions avaient eu lieu, et Lionel lui-même y fut compris. Au lieu de rentrer dans les rangs de son régiment, il avait reçu ordre de se tenir prêt à prendre le commandement du corps d’infanterie légère qu’on exerçait au genre de service auquel est propre ce genre de troupe. Comme tout le monde savait que le major Lincoln était né à Boston, le commandant en chef, par suite de l’indulgence et de la bonté qui lui étaient naturelles, lui avait permis de différer d’entrer en fonctions, afin qu’il pût se livrer librement aux sentiments de la nature. On disait généralement que le major Lincoln, quoiqu’il fût décidé à partager le sort de l’armée en Amérique, si la triste alternative d’un appel aux armes devenait nécessaire, avait reçu la permission de s’amuser deux mois, comme il le jugerait à propos, à dater du jour de son arrivée. Ceux qui se piquaient d’être plus clairvoyants que le vulgaire voyaient ou croyaient voir dans cet arrangement un plan profond et bien combiné de la part de Gage, pour se servir de la présence du jeune Bostonien au milieu de ses parents et de ses amis naturels, pour les ramener à ces sentiments de loyauté et de fidélité envers le roi que beaucoup d’entre eux étaient soupçonnés d’avoir oubliés.
    Rien cependant ne justifiait ces

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