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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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n’y a parmi nous personne qui soit assez enragé pour vouloir rentrer à Boston avant huit jours. Il nous faudrait la moitié de ce temps pour recevoir les rafraîchissements intérieurs nécessaires au maintien de notre système physique, et le surplus suffirait à peine pour nous reposer.
    – Tels sont pourtant les ordres du comte Percy ; il vient de m’apprendre que tout le pays est soulevé en face de nous.
    – Oui, mais ces drôles ont dormi tranquillement dans leur lit la nuit dernière, et j’ose dire qu’il n’y a pas un chien parmi eux qui n’ait mangé à son déjeuner sa demi-livre de lard, avec tous les accessoires convenables, avant de sortir de chez lui ; mais il n’en est pas de même de nous. Deux mille hommes de troupes anglaises ne doivent pas courir comme s’ils étaient en fuite, quand ce ne serait que pour l’honneur des armes de Sa Majesté. Non, non, le brave Percy connaît trop bien ce qu’il doit à son illustre naissance et au nom qu’il porte, pour vouloir que les troupes qu’il commande aient l’air de fuir un rassemblement de goujats séditieux.
    La nouvelle de Lionel était pourtant vraie, car, après une courte halte, qui permit à peine aux soldats de satisfaire leur besoin le plus pressant, les tambours donnèrent le signal du départ, et Polwarth, comme plusieurs centaines d’autres, fut forcé de se lever et de se remettre en marche, sous peine de rester abandonné à la fureur des Américains courroucés.
    Tant que les troupes s’étaient reposées, les pièces d’artillerie de campagne avaient tenu les colons à une distance respectueuse ; mais dès qu’on se remit en marche, ils se rapprochèrent, et les attaques recommencèrent avec plus d’impétuosité que jamais. Les excès commis par les soldats, qui, chemin faisant avaient pillé et incendié plusieurs maisons, avaient aigri encore davantage les esprits de leurs ennemis, et il ne se passa pas vingt minutes avant que plusieurs attaques simultanées fussent dirigées sur leurs flancs de droite et de gauche, avec plus d’acharnement que jamais.
    – Plût au ciel que Percy voulût nous former en ordre de bataille et nous donner le champ libre avec ces Yankies ! dit Polwarth en se traînant péniblement avec l’avant-garde ; ce serait l’affaire d’une demi-heure, et l’on aurait alors la satisfaction de se voir victorieux, ou du moins d’être tranquillement étendu parmi les morts.
    – Bien peu de nous verraient le soleil se lever demain, dit Lionel, si nous laissions une nuit aux Américains pour se rassembler en plus grand nombre, et une halte d’une heure pourrait nous faire perdre tous les avantages d’une marche forcée. Mais courage, mon ancien camarade, vous allez vous faire une réputation éternelle d’activité ; voici un parti qui descend de cette hauteur pour vous donner de l’occupation.
    Polwarth jeta sur Lionel un regard de découragement, et lui dit en soupirant :
    – De l’occupation ! Dieu sait qu’il n’y a pas dans tout mon corps un muscle, un nerf, une jointure, qui ait été dans un état de repos salutaire depuis vingt-quatre heures ! Se tournant alors vers ses soldats, il leur cria d’un ton si vif et si animé, en marchant à leur tête à la rencontre de l’ennemi, qu’il semblait que ce fût le dernier effort de la nature épuisée :
    – Dispersez ces chiens, mes braves ! chassez-les comme des cousins, comme des mosquites, comme des sangsues qu’ils sont. Donnez-leur une indigestion de plomb et d’acier !
    – En avant l’avant-garde ! cris le vieux major de marine, qui vit le premier rang s’arrêter.
    La voix de Polwarth se faisait entendre au milieu du tumulte et il ne lui fallut qu’une charge pour repousser des ennemis indisciplinés.
    – En avant ! en avant l’avant-garde ! crièrent plus loin une cinquantaine de voix au milieu d’un tourbillon de fumée qui partait du penchant d’une colline où la rencontre avait eu lieu.
    Cette guerre de partisans continua ainsi pendant plusieurs milles, l’ennemi harcelant sans cesse les flancs du corps d’armée et suivant les pas lourds et fatigués des soldats anglais, qui laissaient partout sur leur route des traces sanglantes de leur passage. En portant les yeux du côté du nord, on distinguait de larges taches rouges, tant sur la route que dans les champs où quelque engagement partiel avait eu lieu.
    Pendant quelques intervalles de repos, Lionel trouva le temps de remarquer

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