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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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mouvements, et à saisir le moment convenable pour agir de manière, non seulement à la forcer à un aveu, mais à la couvrir de honte.
    Sous l’influence de ce ressentiment momentané, et ne pouvant s’empêcher de concevoir les soupçons les plus désagréables à l’égard de sa tante, Lionel résolut de cesser, ce jour même, d’habiter sous le même toit.
    Mrs Lechmere, qui, si elle savait que son neveu avait été témoin de son entretien avec Ralph, devait l’avoir appris d’Abigaïl, le reçut au déjeuner de manière à ne pas donner à croire qu’elle en fût informée. Elle écouta avec un intérêt évident les prétextes qu’il allégua pour quitter sa maison. Lionel lui parla du nouveau genre de vie qu’il allait probablement être obligé de mener, maintenant que les hostilités étaient commencées ; de l’embarras que lui causait sa présence dans sa maison, à l’âge où elle était arrivée, et avec les habitudes tranquilles qu’elle avait contractées ; du désir qu’il avait de lui éviter un pareil trouble, enfin de tout ce qu’il croyait pouvoir servir d’excuse pour justifier sa résolution. Pendant qu’il s’exprimait ainsi, il vit plus d’une fois les yeux de sa tante se tourner vers Cécile avec une expression d’inquiétude qui en toute autre circonstance aurait pu lui rendre suspects les motifs de son hospitalité. Cependant Cécile parut écouter sa détermination avec une satisfaction évidente, et quand son aïeule lui demanda ce qu’elle pensait de ce que son cousin venait de dire, et s’il avait une seule bonne raison pour quitter Tremont-Street, elle répondit avec plus de vivacité qu’elle n’en avait montré depuis quelque temps :
    – Certainement, ma chère grand’maman, la meilleure de toutes, son inclination. Le major Lincoln est fatigué de notre manière de vivre uniforme et monotone, et il me semble que la véritable politesse exige de nous que nous le laissions nous quitter pour la caserne, sans chercher à contraindre ses goûts.
    – Combien vous vous méprenez sur mes motifs, si vous pouvez croire que le désir de vous quitter…
    – Oh ! Monsieur, trêve d’explications. Vous nous avez allégué tant de raisons, que vous avez oublié de nous parler de la seule qui vous détermine. Ce n’est, ce ne peut être que l’ennui.
    – Alors je resterai, dit Lionel ; tout est préférable pour moi au chagrin d’être soupçonné d’ingratitude.
    Cécile le regarda d’un air à la fois charmé et mécontent ; elle jouait avec sa cuillère pour cacher son embarras, mordait ses jolies lèvres ; enfin elle lui dit d’un ton plus amical :
    – Je vois bien qu’il faut que je retire mon accusation pour vous rendre votre liberté. Allez habiter votre nouveau logis, si cela vous plaît, et nous ajouterons foi aux motifs inconcevables que vous nous donnez pour ce changement. Mais, comme notre parent, nous comptons bien que vous viendrez nous voir tous les jours.
    Lionel n’avait plus aucune excuse pour ne pas persister dans la résolution qu’il avait annoncée, et malgré la répugnance que Mrs Lechmere témoigna à se séparer de son neveu, résistance qui faisait un contraste si singulier avec sa froideur ordinaire et ses manières composées, le déplacement projeté s’effectua dans le courant de la même matinée.
    Tandis que ces choses se passaient dans l’intérieur de la famille de Lionel, plusieurs semaines s’écoulèrent sans apporter aucun changement dans la situation politique des affaires ; les renforts attendus continuaient à arriver, et plusieurs généraux débarquèrent successivement pour aider dans la conduite de cette guerre le général Gage, qui eût pu mériter le nom de temporiseur. Ceux des colons qui n’avaient point encore secoué leur timidité naturelle étaient effrayés en entendant la longue liste de noms fameux et vantés qui venaient tous les jours grossir les rangs de l’armée. Parmi eux on remarquait Howe, homme issu d’une noble race, connue depuis longtemps par ses faits d’armes, et dont le chef avait déjà arrosé de son sang le sol de l’Amérique ; Clinton, autre cadet d’une illustre maison, qui s’était plus distingué jusqu’alors par son intrépidité personnelle et son affabilité pour le soldat que par de grands talents militaires ; enfin l’élégant et accompli Burgoyne, qui dans les champs du Portugal et de l’Allemagne s’était déjà acquis une réputation

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