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L'oeil de Dieu

L'oeil de Dieu

Titel: L'oeil de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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déformé et distordu. C’est bien cela, Colum ?
    L’Irlandais fusilla Thomasina du regard, puis écarta sa coupe et planta ses coudes sur la table.
    — Réfléchissons à ce que l’on nous a montré, aujourd’hui, dit-il. D’abord la noble famille de notre roi : Édouard infatué de sa reine qui, elle, déteste les deux frères de son mari, Clarence surtout, qui a déjà tenté de trahir la maison d’York. Ensuite, ce saphir, l’OEil de Dieu : pourquoi le roi y tient-il tellement ? Et pourquoi maintenant ? Troisièmement, Brandon l’avait-il en sa possession ? Et le cas échéant, où est-il à présent ? Quatrièmement, Gloucester nous a conduits à la Maison des Secrets. Pourquoi ? Enfin, nous savons maintenant, Kathryn, que votre mari a quitté Cantorbéry sur ses deux pieds et en bonne santé, mais est-il mort à Barnet avec les autres ?
    Colum sourit à Kathryn.
    — En tout cas, nous pouvons maintenant exorciser deux fantômes : votre père n’a pas assassiné Wyville, et ce dernier ne s’est pas donné la mort.
    Colum abaissa les yeux sur la table devant lui.
    — Quelqu’un à Cantorbéry savait peut-être déjà la vérité : voilà pourquoi les lettres de chantage ont cessé. Qu’en pensez-vous, Thomasina ?
    La servante lui répondit par un regard impénétrable. Elle s’était juré de ne jamais révéler comment elle avait découvert que la veuve Gumple était l’auteur de ces messages, et comment elle-même avait menacé la prétentieuse garce des pires tourments si elle en envoyait d’autres.
    Devant le silence de Thomasina, Colum haussa les épaules.
    — Pour finir, nous avons les Chiens d’Ulster qui veulent non seulement ma tête mais aussi l’OEil de Dieu.
    — Les avez-vous trahis ? voulut savoir Kathryn.
    Colum fit rouler sa coupe de vin entre ses mains.
    — Jamais, non ! J’ai été pris lorsque j’avais quinze ou seize ans. On m’a condamné à mort et je montais sur le gibet lorsque York m’a gracié.
    L’Irlandais reposa sa coupe.
    — Tous les autres, sauf un, ont été pendus, et parmi eux se trouvait le frère de Fitzroy. Lorsque mes anciens camarades ont appris ce qui était arrivé, ils ont mis la charrue avant les boeufs, ont cru que j’avais trahi et que j’étais responsable de l’arrestation et de l’exécution de tous mes anciens amis.
    Colum eut un sourire amer.
    — L’ennui, reprit-il, c’est que les apparences sont contre moi. Je ne puis clamer mon innocence, et si je le faisais, on ne me croirait pas. Le seul à savoir la vérité est John Tuam. Lui aussi a été gracié, parce qu’il avait deux ans de moins que moi.
    — Où est-il maintenant ?
    — Au couvent de Blackfriars, ici, à Londres, où il est frère convers. Avant de quitter la ville, je le préviendrai par un simple message : « Fitzroy nous pourchasse. » Au moins, il saura à quoi s’en tenir.
    Peu après, ils quittèrent la taverne. Colum s’arrêta auprès d’un vendeur de parchemin. Là, après avoir écrit un court message, il donna une pièce à un apprenti pour qu’il l’apporte au frère John Tuam, au couvent de Blackfriars. Après quoi, avec Kathryn et Thomasina, ils redescendirent vers Queenshithe où Kathryn mena d’âpres mais fructueuses négociations avec différents vendeurs d’épices, qui lui procurèrent du safran, de la menthe, des graines d’angélique, de la calamine, des clous de girofle pilés, du basilic et du thym. Une fois pourvue, elle se rendit chez un transporteur et passa contrat avec un employé au regard fatigué pour la location de charrettes qui permettraient de rapporter ces épices jusque chez elle, à Ottemelle Lane, Cantorbéry. Il commençait à faire nuit quand elle en eut terminé, et Colum, qui voyait clairement par la pensée le visage de Fitzroy, insista pour que tous trois regagnent la taverne. Ils feraient leurs préparatifs afin de partir tôt pour Cantorbéry, le lendemain matin.
    Au couvent de Blackfriars, le frère John Tuam avait reçu le message de Colum. Il le lut attentivement avant de le jeter au feu, puis s’en fut prier à la chapelle. Le message avait fait brutalement resurgir le passé. John Tuam avait laissé derrière lui la violence, le tintement des épées, les embuscades soudaines. Comme Colum, il s’était tenu dans la cour du château de Dublin avec la corde du bourreau autour du cou tandis que ses camarades, l’un après l’autre, montaient sous la menace les marches du gibet,

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