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L'oeil de Dieu

L'oeil de Dieu

Titel: L'oeil de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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au château, les autres nous l’auraient dit. À présent…
    L’Irlandais leva les yeux vers le ciel.
    — Il faut que j’aille à Kingsmead voir ce que font ces fainéants !
    Il se pencha pour embrasser Kathryn sur la joue.
    Quelques instants après, la jeune femme effleura distraitement sa peau, là où Colum l’avait embrassée, en le suivant des yeux alors qu’il gagnait Westgate.
    Alors elle sauta de cheval et regagna Ottemelle Lane à pied.
    Colum disait vrai, songeait-elle, Margotta ne pouvait pas avoir tué un homme comme Sparrow. Mais Kathryn n’en était pas si sûre en ce qui concernait le Vertueux. Il avait pu glisser quelque poison dans nourriture de Brandon. Ou planter un couteau dans la gorge de Sparrow. En outre, comme il était entièrement vêtu de noir, il pouvait aller et venir comme un fantôme dans ce sombre château.
    Kathryn ramena son cheval à l’écurie puis regagna sa maison. Elle trouva la cuisine déserte. Thomasina était au marché, aussi la jeune femme gagna son cabinet pour tenter de mettre de l’ordre dans ses pensées. Elle prit une plume, ouvrit son encrier et écrivit les noms de tous ceux qui demeuraient au château. Elle barra ensuite celui de Margotta, mais finit par admettre que tous les autres avaient eu les moyens et la force de tuer Brandon, et aussi de pousser Webster dans le vide, depuis le belvédère.
    — Et si ces meurtres n’avaient aucun lien entre eux ? murmura-t-elle.
    Elle pianota du bout des doigts sur le parchemin : Fletcher s’était épris de Brandon comme un jeune soupirant tombe fou amoureux d’une fille. Peter, le chapelain, avait peut-être un grief contre Sparrow. Et qu’en était-il de la mort de Webster ? Kathryn poussa un soupir, et, irritée, reposa sa plume.
    — Ah, j’aurais aimé que Colum rentre avec moi, se prit-elle à maugréer.
    Elle entendit du bruit dans le jardin et s’en fut à la porte du fond. Agnes était agenouillée près d’un carré de fleurs ; à cause de la pluie, elle avait revêtu sa cape marron à capuchon.
    — Agnes, sais-tu si Thomasina est partie depuis longtemps ? lança Kathryn.
    — Je ne suis pas Agnes !
    La silhouette se retourna, et le visage joufflu de Wuf apparut sous le capuchon. L’enfant se redressa et traversa le jardin en courant pour rejoindre Kathryn.
    — Thomasina est partie faire le marché avec Agnes, expliqua-t-il. Et moi je cherche des limaces, alors j’ai pris la cape d’Agnes.
    Kathryn l’embrassa sur les cheveux.
    — Il vaut mieux que tu la remettes en place avant le retour de Thomasina, dit-elle en riant.
    Elle regagna son cabinet pour examiner la liste des noms qu’elle avait dressée. Puis, tandis qu’elle entourait d’un cercle chacun d’eux, elle frissonna.
    — Et s’il s’agissait d’une conspiration ? murmura-t-elle. Ils sont peut-être tous impliqués dans les meurtres de Brandon, Sparrow et Webster…

 
    CHAPITRE IX
    Kathryn et les membres de sa maisonnée venaient d’achever le repas du soir. La jeune femme commençait à préparer des médicaments pour ses patients quand retentirent des coups violents à la porte. Wuf était déjà couché, et Thomasina s’activait dans la dépense tandis que Colum, étrangement silencieux, recousait devant le feu l’une de ses brides au moyen d’une grosse aiguille. Thomasina lui avait proposé de s’en charger, mais Colum avait grommelé qu’il en était capable. À présent, il s’acharnait sur le morceau de cuir tout en réfléchissant à ce qu’il convenait de faire des deux ramasseurs de corps qui avaient avoué leur tentative de meurtre sur les vieilles dames.
    Thomasina, qui était allée ouvrir la porte, introduisit dans la cuisine Gabele et Fletcher. Ils étaient armés, bottés, portaient leurs éperons, et leurs yeux brillaient d’excitation.
    Colum posa sa bride.
    — Que vous arrive-t-il ? Il s’est passé de nouveaux drames au château ? interrogea-t-il.
    Gabele avança d’un pas, tapotant l’une de ses bottes avec sa cravache.
    — Non, Irlandais, répliqua-t-il, je viens vous transmettre les ordres de Monsieur le duc de Gloucester.
    Kathryn sortit de son cabinet d’écriture.
    — Il est ici, à Cantorbéry ? demanda-t-elle vivement.
    — Oui, et il s’est arrêté au château pour y manger un morceau et boire une coupe de vin. Il est accompagné de ses écuyers, Lovell, Ratcliffe, Catesby et les autres. C’est le roi qui les a envoyés, avec ordre de lever des hommes

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