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L'oeil de Dieu

L'oeil de Dieu

Titel: L'oeil de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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grand soin de ne pas en gaspiller car la plante coûtait fort cher. Celle-ci ne poussait que dans les sols très calcaires, aussi les apothicaires et herboristes la payaient un bon prix. Lorsqu’elle eut fini, elle mélangea dans une petite coupe un peu de bryone avec la belladone : elle donnerait la mixture à Torquil le charpentier le lendemain matin pour soulager son mal.
    Ensuite, avec Thomasina, elle nettoya avec de l’eau bouillante tous les ustensiles dont elle s’était servie ainsi que le plateau de la table. Laissant sa servante dans l’office, Kathryn regagna son cabinet. Elle entendit un hibou pousser son cri dans le jardin et frissonna. Thomasina disait que le ululement d’un oiseau de nuit était un mauvais présage.
    — Pour l’amour du Ciel, Kathryn ! murmura la jeune femme. Tu es une femme adulte, pas l’enfant de Thomasina !
    Elle ouvrit un petit coffre fermé à clé pour en sortir le morceau de parchemin sur lequel elle avait écrit ses réflexions sur les différents meurtres, et, approchant une chandelle, elle se mit à lire ce qu’elle avait consigné. La mort de Brandon demeurait un mystère, et Colum avait raison : exhumer le corps de l’écuyer de Warwick constituait la seule piste qu’ils pouvaient encore explorer.
    Kathryn se cala contre le dossier de son siège et, fermant les yeux, réfléchit à la chute de Webster depuis le haut du donjon du château. Elle s’efforçait de se représenter le gouverneur arpentant le belvédère, et le feu qui crépitait dans la brise du petit matin.
    Pourquoi un homme sur le point de se suicider aurait-il allumé un feu afin de se tenir chaud ? Et pourquoi déambulerait-il ? Et cette bosse derrière son oreille droite ? Comment se l’était-il faite ? Comment le meurtrier était-il monté en haut de la tour sans se faire remarquer de Webster ni des gardes ? Comment avait-il assommé le gouverneur avant de jeter son corps inconscient par-dessus le parapet ? Et comment avait-il quitté la tour en laissant la trappe verrouillée de l’extérieur ? Kathryn se représenta les sentinelles sur le chemin de ronde, en bas. Ils avaient vu un éclair de couleur dans les airs, tandis que Webster tombait, et ils avaient entendu son cri. Son cri ! Kathryn ouvrit grands les yeux.
    Un homme inconscient ne peut pas crier, voyons !
    Un frisson d’excitation parcourut la jeune femme. Cette pensée l’avait taraudée toute la journée : le cri avait été poussé par quelqu’un d’autre que la victime. Par le meurtrier !
    Mais comment l’expliquer ? Et pourquoi l’homme aurait-il crié ?
    Kathryn se mordilla la lèvre. On n’avait rien remarqué d’anormal chez Webster, sinon cette pantomime à laquelle il s’était livré avec le chapelain, quand il avait voulu reconstituer les circonstances de l’évasion de Sparrow.
    — Quelqu’un aura observé Webster et aura pris peur, marmonna la jeune femme. Qu’a donc découvert le gouverneur ?
    Des coups violents frappés à la porte la firent sursauter. Elle entendit Thomasina courir dans le couloir pour aller ouvrir, et quand la servante revint, courant toujours, elle cria :
    — Maîtresse, il y a un pauvre bougre dehors avec le bras ensanglanté !
    — Fais-le entrer dans la cuisine !
    Elle prit sa trousse de soins et pénétra à son tour dans la cuisine où Thomasina installait l’homme sur un tabouret. L’inconnu paraissait souffrir et se tenait le bras droit dont le sang s’égouttait sur le sol.
    — Qui êtes-vous ? lui demanda Kathryn.
    L’homme baissait la tête, le capuchon de son manteau rabattu très bas sur ses yeux. Kathryn lui saisit le bras, alors il se redressa comme si on l’avait piqué et sortit une petite arbalète de sous son vêtement. La flèche était déjà prête dans l’encoche. Avec une exclamation de surprise, Kathryn recula. Thomasina, qui faisait chauffer de l’eau sur le feu, entendit son cri et se retourna. Elle vit aussitôt le danger et s’approcha avec un air menaçant. L’inconnu repoussa son capuchon, dévoilant des cheveux d’un rouge flamboyant qui lui retombaient sur les épaules. Le bandeau qui cachait son oeil droit donnait à son visage maigre et blafard un air encore plus méchant.
    Au premier regard, Kathryn avait saisi à qui elle avait affaire.
    — Vous êtes Fitzroy, n’est-ce pas ?
    L’homme pencha la tête sur le côté.
    — En voilà une femme perspicace ! Vive et maligne !
    Il se tourna et dirigea son

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