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L'oeil de Dieu

L'oeil de Dieu

Titel: L'oeil de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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de Kathryn.
    — C’est la faute du démon qui gît dans nos âmes. Nous tuons d’abord pour nous défendre, puis certains y prennent goût et ont un appétit de mort insatiable.
    Il s’essuya le visage sur la manche de son justaucorps.
    — Ou, comme le dit Chaucer : « Oh, traître homicide, oh, perversité ».
    Kathryn se pencha en avant et tapota les joues de son compagnon avec un mouchoir.
    — Si vous citez Chaucer une fois de plus, c’est moi qui vous couperai la tête, Irlandais.
    Elle se remit debout, en prenant de profondes inspirations. Colum, qui haletait toujours, se redressa à son tour.
    — Laissons là Fitzroy, grommela-t-il. J’enverrai chercher son corps pour qu’on l’enterre.
    Megan approcha en se traînant sur ses genoux.
    — Oh, Maître Murtagh ! gémit-elle.
    Son visage reflétait une profonde terreur.
    — Il m’a obligée ! pleura-t-elle. Il m’a convoquée ici, à la croisée des chemins, et il m’a dit que s’il ne vous tuait pas, c’est moi qu’il tuerait !
    — Si je disais la vérité à Holbech ? marmonna Colum. C’est lui qui vous tuerait !
    Il se détourna.
    — Oh, par le Ciel, redressez-vous, femme ! Si vous ne dites rien à personne, je me tairai, moi aussi.
    Il sourit.
    — Je dirai peut-être à Holbech que Padraig Fitzroy vous a enlevée.
    Son sourire s’élargit.
    — Oui, ça me plaît bien, le preux chevalier volant au secours de la damoiselle en détresse. Comme le dit Chaucer…
    Kathryn le foudroya du regard.
    — Tant pis, cela n’a pas d’importance. Reprenons nos chevaux.
    — Où est Pulcher ? demanda Kathryn.
    Elle aida rudement Megan à se remettre debout et effleura sa joue tuméfiée.
    — Baignez la contusion avec de l’eau d’hamamélis, et placez de la viande crue dessus. En quelques jours, vous redeviendrez aussi jolie et traîtresse qu’avant.
    Colum gagna l’orée de la forêt, porta les doigts à sa bouche et émit un long sifflement : Pulcher et son cheval apparurent, calmes et parfaitement dociles, comme s’ils revenaient d’une agréable promenade.
    L’Irlandais examina avec soin son cheval favori.
    — Je ne lui ai pas fait de mal, geignit Megan.
    — Heureusement ! Sinon, je vous aurais tondue ! À présent, allons-y !
    Il donna son cheval à Megan, monta celui de Fitzroy, récupéra la monture de Kathryn, et ils regagnèrent Kingsmead, Pulcher trottant derrière eux.
    Au manoir, Colum insista pour que Kathryn reste avec lui, mais elle ne se sentait pas bien et voulait rentrer chez elle. L’Irlandais promit de la rejoindre à Ottemelle Lane après s’être assuré que tout allait bien à Kingsmead et avoir organisé la libération de Sturry.
    Kathryn poursuivit donc seule son chemin jusqu’à Cantorbéry. La ville était tranquille, après la fièvre de l’exécution, un peu plus tôt. Le corps de Faunte pendait aux créneaux de Westgate, maintenant.
    — On va le démembrer, lui apprit une sentinelle bavarde, et des morceaux de sa dépouille orneront les portes d’autres villes.
    Kathryn hocha la tête et continua son chemin. Tout à coup, elle se mit à trembler, en même temps qu’une étrange faiblesse la saisissait : après le combat sanglant auquel elle avait assisté, la vue du cadavre de Faunte l’avait achevée. Elle avait la nausée aussi, et sa tête lui tournait. Elle croisa le Vertueux qui marmonnait quelques sottises, mais il la fixa de ses grands yeux au regard intense. Kathryn pressa son cheval, en murmurant une prière :
    — Mon Dieu, faites que je ne m’évanouisse pas !
    Elle tremblait de froid, à présent, et les rênes commençaient à glisser entre ses paumes moites. Elle chevauchait comme dans un mauvais rêve, quand son cheval s’immobilisa brutalement.
    — Oh, avance, je t’en supplie ! le pressa-t-elle.
    — Maîtresse, qu’est-ce qui ne va pas ?
    Thomasina la dévisageait.
    — Il faut que je rentre chez moi, dit faiblement Kathryn.
    Elle promena son regard autour d’elle pour découvrir qu’elle était arrivée : sa monture s’était arrêtée devant la maison d’Ottemelle Lane. Sans s’en rendre compte, Kathryn s’était penchée pour frapper à la porte, et Thomasina, Agnes et Wuf la regardaient anxieusement, debout sur le seuil.
    Kathryn s’efforça de récupérer un semblant de dignité. Elle glissa de son cheval et tendit les rênes à Wuf.
    — Ramène-le à l’écurie, veux-tu ? Brave garçon !
    Thomasina saisit sa maîtresse par

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