Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Ombre du Prince

L'Ombre du Prince

Titel: L'Ombre du Prince Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jocelyne Godard
Vom Netzwerk:
possibilités.
    — Cet enfant ne viendra pas avant
quelques heures. J’ai le temps de me rendre à l’hôpital et d’en revenir, à
moins, fit-il en embrassant sa femme, que tu ne craignes de rester seule.
    — Je suis pleinement rassurée sur mon
sort, affirma Séchât détendue. Il faut que tu ailles soigner cette urgence. C’est
sans doute un cas dix fois plus important que le mien.
    — Maîtresse, fit Cachou ulcérée, l’arrivée
d’un enfant au monde est le cas le plus grave qui soit.
    — Eh bien, Cachou, reste. Avec toi et
Satiah à mon côté, nous pouvons attendre Neb-Amon.
    Elle le regarda s’éloigner. Depuis qu’il avait
créé l’hôpital, il avait repris goût à son travail.
    Certes, ce n’était pas enfermé au palais, non
loin de la pharaonne et de ses appartements, à discuter et à remettre en cause
tous les principes de la médecine avec ses congénères praticiens que pouvait se
ranimer la flamme de son sacerdoce.
    — Que les dieux d’Amon soient avec toi,
ma tendre épouse. Quand je reviendrai, ou bien l’enfant sera là, ou alors je le
mettrai au monde.
    Il traversa la voie dallée qui menait au grand
parc ombragé par les vieux arbres qu’avait plantés Sobek, le père de Séchât et,
tout en contournant la terrasse sud de la résidence, celle qui absorbait tout
le soleil couchant du soir, il se prit à réfléchir.
    Séchât avait eu raison de vouloir habiter
cette vieille résidence, intime et confortable, grande, aérée, proche du
palais, qu’elle connaissait si bien pour y avoir vécu heureuse et libre avec
son vieux père parti retrouver, dans l’au-delà, le dieu Osiris.
    Neb-Amon avait soigné Sobek au retour de l’expédition
du Pays du Pount. Le vieil homme avait tant craint de ne plus revoir sa fille
qu’il s’était laissé aller à de bien funestes idées et le médecin n’avait pu le
sauver d’un trop fort encombrement des bronches.
    Neb-Amon respira une grande bouffée d’air.
Dans quelques instants, revenu de l’hôpital, il serait peut-être père. Cette
idée l’inquiéta. Il souhaita avec ferveur que l’urgence du cas qui l’appelait
aussi précipitamment se révélât assez bénin pour qu’il puisse mettre lui-même
son enfant au monde.
    Il contourna le lac de plaisance où libellules
et nénuphars vivaient leurs pleines heures du soir. Une odeur de jasmin et de
tamaris s’incrustait jusque dans le souffle le plus intime du petit vent qui se
levait, léger, aérien, réparateur d’une journée trop lourde et trop chaude.
    Quand il arriva aux contreforts du palais,
côté ouest, la bâtisse de l’hôpital se dessina devant ses yeux. Son jeune
assistant accourait à sa rencontre.
    — Vite, trancha-t-il aussitôt. C’est la
jeune femme de Menkeper.
    — L’architecte ?
    — Lui-même.
    Neb-Amon fit la grimace. Il n’aimait pas cet
homme. Menkeper était un arriviste, fourvoyé dans le sillage du jeune Thoutmosis
sans que ses qualités professionnelles soient vraiment en jeu. Le médecin eut
un haussement d’épaule. Son métier exigeait qu’aucun jugement ne vînt fausser
son devoir.
    Il déboucha dans une grande salle où plusieurs
couches étaient alignées. Les patients – du moins, ceux qui étaient
éveillés – le saluèrent avec chaleur. Il répondit par un sourire avenant
et d’un bref coup d’œil jugea l’état de ceux qui étaient endormis.
    La salle contiguë enfermait quelques opérés
récents qui n’avaient pas encore repris connaissance. Une forte odeur de natron
et de résine de térébinthe prenait aux narines.
    L’hôpital n’était pas grand, mais suffisamment
important pour occuper Neb-Amon et son assistant. Par la suite, si Sa Majesté
Hatchepsout lui accordait les crédits nécessaires pour agrandir les salles et
ses dépendances, il développerait sans doute une annexe destinée aux enfants
malades.
    La patiente en question avait été allongée
dans la petite salle d’opération qui jouxtait les bâtiments des momificateurs.
Quand Neb-Amon vit cette femme jeune, belle, harmonieuse de formes, qui
gémissait doucement, il oublia Séchât et son enfant. Encore une fois, il lui
fallait sauver un être humain avant de penser à ses propres intérêts.
    Un jeune homme était à son côté, le visage
pâle et défait.
    — Est-ce votre femme ?
    — Oui, fit l’homme presque piteusement.
    — Alors, laissez-nous. Votre présence
peut nous perturber.
    Mais, remarquant l’air malheureux et perdu

Weitere Kostenlose Bücher