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L'Ombre du Prince

L'Ombre du Prince

Titel: L'Ombre du Prince Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jocelyne Godard
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Nekmin ! Le propre assistant
du Grand Prêtre Hapouseneb et celui-ci semblait fléchir sous le poids d’une
passion soudaine qui lui faisait oublier ses devoirs élémentaires.
    Ne circulait-il pas au harem des propos qui
tenaient sans doute leur origine dans la véracité des faits ? On murmurait
que Méryet, la jeune danseuse sacrée, peaufinait son art dans les bras du Grand
Prêtre. Certes, les insinuations du harem n’oubliaient pas de rappeler que l’épouse
d’Hapouseneb n’avait pas réussi, en douze ans de mariage, à lui faire un
enfant.
    Qu’importe puisque la charge du Grand Prêtre d’Amon
n’avait jamais été héréditaire et, qu’Hapouseneb n’ait pas de fils pour
reprendre son titre n’entrait nullement en cause. Par contre, les lois
égyptiennes lui donnaient le droit de prendre une autre femme, sans abandonner
la première, dans le but de procréer un fils.
    Hatchepsout se passa la main sur le front,
puis la descendit sur son menton qui, tout à l’heure, porterait la barbe
postiche qu’elle attachait depuis le jour de la consécration de son règne pharaonique.
    Elle caressa son menton resté lisse et fin, un
peu plus rond pourtant depuis qu’elle approchait de ses quarante ans, et
replongea ses esprits sur les points éventuels de la séance à venir.
    Restait la question qui traitait de la guerre
et qu’elle avait volontairement écartée depuis le début de son règne. Eh bien !
Qu’à cela ne tienne, Hatchepsout allait les surprendre. Et dans quel sens !
Depuis seize ans qu’elle régnait, elle avait maintenu la paix, redressant les
temples ruinés, construisant des sanctuaires là où un dieu l’exigeait, élevant
des obélisques, bâtissant sa gigantesque demeure éternelle, Deir-el-Bahari, une
merveille architecturale qu’avait réalisée son cher Senenmout.
    Elle avait même accompli ce qu’aucun grand
pharaon de sa dynastie n’avait jamais fait, se propulser jusque sur des mers
lointaines, inconnues, dangereuses, au risque de se perdre et de ne plus
revenir, au risque de périr. La pharaonne Hatchepsout avait réalisé cet exploit
pour plaire aux dieux de son pays.
    Une réussite totale, brillante,
exceptionnelle. Depuis, le temple d’Amon humait les encens les plus riches et
les plus divers, car les narines des dieux restaient délicates et gourmandes.
    De nouveau, Hatchepsout se releva. Mais cette
fois d’un coup sec, nerveux. Sa poitrine battait à grands coups précipités. Oui !
Elle le tenait son coup d’éclat. L’armée ! L’armée de Thoutmosis. De bien
jeunes bataillons, des troupes peu expérimentées, qui ne rêvaient que d’exploits
et de conquêtes mais qu’importe ! Thoutmosis et ses favoris se
laisseraient prendre précisément là où ils péchaient.
    Yaskat entra suivie de trois servantes.
    Le bain la délassa et le massage qui suivit
exorcisa toutes ses craintes. Hatchepsout était libérée de ses angoisses.
    Quand Yaskat peaufina son maquillage, ourlant
ses yeux du khôl traditionnel qui allongeait son regard sombre jusqu’aux
tempes, tapissant ses paupières de poudre de galène, rougissant ses lèvres du
henné le plus pur qui soit, elle se sentit définitivement prête.
    Le reste du temps ne fut plus qu’attente
sereine.
    Quand elle entra dans la grande salle aux
pylônes gravés de hiéroglyphes représentant des scènes courantes de la vie
pharaonique, Hatchepsout fit des yeux le tour de la table.
    Ce qu’elle avait prévu était arrivé. Tout au
fond, deux fauteuils aux dossiers recouverts d’or et de lapis-lazuli trônaient,
faisant face à tous les membres de l’assemblée.
    L’un était déjà occupé par un jeune garçon
dont les gestes paraissaient malhabiles. Il redressait pourtant son buste nu
que recouvrait un large pectoral fait de chaînes en bronze qui retenaient des
médailles d’or serties de turquoises et de cornaline.
    Hatchepsout eut un choc. Qui lui avait donné
ce bijou ? Cette pièce d’orfèvrerie appartenait à son époux et ce n’était
certes pas elle qui en avait fait don à cet enfant. De plus, le pectoral avait
été soigneusement enfermé dans le trésor du temple d’Amon, généreusement mis en
offrande par Hatchepsout pour le sanctuaire d’Hathor. Seuls, elle et le Grand
Prêtre avaient le pouvoir de l’en faire sortir.
    La pharaonne décida de ne pas étendre l’importance
de l’incident et observa l’assemblée. Puis, elle prit place aux côtés de son
neveu et, d’un signe

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