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L'Ombre du Prince

L'Ombre du Prince

Titel: L'Ombre du Prince Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jocelyne Godard
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du jour et, enfin, il pensa à
Séchât.
    Mais, avant de quitter l’hôpital, il prépara
un mélange d’oxymel, de graines d’aneth, de coloquinte et de jus de dattes pour
raviver l’effet du narcotique et faire tomber la fièvre.
    — Fais-lui boire une gorgée toutes les
heures, recommanda-t-il à l’assistant. Je pense qu’elle est sortie d’affaire.
Si quelque chose d’anormal se présente, viens me chercher.
    Puis, il tâta le pouls de sa malade, hocha la
tête dans un signe interrogateur, mais au fond de lui-même, Neb-Amon savait qu’il
était satisfait.
    L’air frais lui parut vivifiant. La nuit
obstruait encore le ciel et pas une étoile n’en perturbait l’intensité profonde
et silencieuse.
    Son cœur battait lourdement à la pensée de sa
femme enceinte qu’il avait dû laisser seule avec les accoucheuses et, soudain,
ses jambes lui parurent pesantes. Allons ! Ce n’était pas le moment de faiblir.
À présent, une longue matinée de travail l’attendait.
    Quand il arriva devant sa maison, un grand
silence tombait aux alentours et le vent soufflait doucement dans ses oreilles.
Soudain, Cachou sortit de l’ombre et tomba littéralement dans ses bras.
    — Maître, Maître, c’est un garçon !
Il est bien arrivé et il dort comme un petit dieu.
    Neb-Amon faillit vaciller. Un fils ! Et
Séchât ? Pourquoi Cachou ne parlait-elle pas de Séchât ?
    — Et sa mère ? murmura-t-il.
    — Votre épouse, mon Maître, dort avec l’enfant
dans ses bras.

 
CHAPITRE III
    Depuis l’accident du char, la pharaonne ne cessait
de ressasser les images qui l’avaient éjectée, elle et sa fille, hors de l’attelage,
fracassant la tête de l’une et brisant les reins de l’autre. À présent, il
fallait que Mérytrê se reposât de longues heures et qu’Hatchepsout s’appuyât
sur une canne au pommeau d’argent pour se déplacer.
    Pourtant, Neb-Amon avait fait du bon travail
et, par la suite, mère et fille devaient récupérer leur santé, s’efforçant l’une
d’oublier l’accident et l’autre de retrouver l’équilibre indispensable pour
gouverner son pays.
    Mais ce n’était guère facile pour Hatchepsout
d’oublier qu’on avait drogué ses chevaux pour la tuer. Qui voulait à ce point
la supprimer ? Les partisans du jeune Thoutmosis s’avéraient de plus en
plus puissants. Bientôt, il lui faudrait ouvrir l’œil sans discontinuer.
    Certes, son fidèle Senenmout veillait nuit et
jour. Depuis peu même, il ne la quittait plus, partageant ses nuits, restant le
jour sur ses talons. Depuis longtemps, aucun secret ne circulait plus au Palais
quant aux relations intimes de la reine et de son favori.
    Ce matin-là, Senenmout s’était levé tôt. Dans
quelques heures à peine se tiendrait la séance du conseil. Et quelle séance !
La pharaonne Hatchepsout, Maître des deux Égyptes n’en avait pas fermé l’œil de
toute la nuit.
    Un autre aussi n’avait pas dû dormir beaucoup.
C’était le jeune Thoutmosis qui, pour la première fois, allait tenir la séance
avec sa tante. Régner en co-régence !
    Hatchepsout attendait ses servantes. Elle
essaya d’oublier les heures prochaines qu’elle s’apprêtait à vivre aux côtés de
son neveu, le bâtard de feu son époux, mais ne put s’empêcher de penser aux
fortes têtes qui le soutiendraient.
    Elle se leva et fit quelques pas dans sa
chambre. Regardant par la fenêtre, elle vit l’agitation qui commençait à se
faire sentir sur la grande terrasse ouest du Palais. Elle revint à sa couche et
repassa en mémoire les points essentiels qui seraient à l’ordre du jour.
Heureusement, rien de très important.
    La date du mariage de Thoutmosis et de sa
fille Mérytrê serait enfin fixée. Ce point-là était débattu depuis trop
longtemps pour y trouver, à présent, un nouvel obstacle.
    Les questions financières, budgétaires
seraient abordées. Là encore tout était en ordre. Pouyemrê, le Grand Trésorier,
connaissait son travail et avait toujours soutenu la reine. Pourquoi
glisserait-il soudain vers les partisans du jeune Thoutmosis ?
    De même, les affaires commerciales et artisanales
étaient en bon équilibre et si Séchât, la Grande Scribe, n’était plus là pour
relever certains points délicats, commerce et artisanat se portaient bien.
    Hatchepsout soupira. Restait le point sensible
du temple d’Amon. Depuis quelque temps, la population de Karnak s’agitait.
Certes, elle en connaissait le perturbateur.

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