Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Ombre du Prince

L'Ombre du Prince

Titel: L'Ombre du Prince Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jocelyne Godard
Vom Netzwerk:
de
Menkeper, il reprit d’un ton plus affable.
    — Restez dans le couloir de cet hôpital,
mon assistant vous tiendra au courant.
    Puis, il découvrit le corps de la femme et vit
une atroce brûlure qui s’étendait du bas-ventre jusqu’en haut des cuisses.
    — Rappelle son époux, fit aussitôt
Neb-Amon en inspectant la blessure.
    Menkeper revenu, le médecin se piqua devant
lui.
    — Comment est-ce arrivé ?
questionna-t-il, soupçonneux.
    Le jeune architecte ne répondit pas. Il laissa
flotter sur son visage une expression de panique et fixa le médecin de ses yeux
agrandis. Petit, carré d’épaules, sombre de peau, il avait des yeux bleus dont
l’éclat était insoutenable. Mais le médecin en supporta l’intensité sans
daigner baisser les siens.
    — Comment est-ce arrivé ?
répéta-t-il brusquement.
    Menkeper se taisait.
    — Est-ce un accident ?
    Le jeune architecte acquiesça et prononça d’une
voix éteinte :
    — C’est un brasero qui lui est tombé sur
le ventre.
    — Tombé ! Comment un brasero peut-il
tomber sur le ventre d’une femme ?
    Il fouilla le visage de l’homme et y lut une
gêne extrême.
    — Le brasero a été jeté sur elle, fit-il
encore plus décontenancé.
    Voilà ce qui inquiétait bien le thérapeute. L’instrument
plein de braises avait été appliqué sur la peau suffisamment de temps pour que
la brûlure soit au troisième degré.
    L’architecte dont l’attitude, à l’ordinaire,
était plus qu’arrogante, à la limite parfois du mépris, n’en menait pas très
large. Ses mains restaient crispées sur le pan raide du pagne qu’il portait
court et ses lèvres esquissaient un tic nerveux qu’il ne contrôlait plus.
    — Nous nous sommes violemment disputés, jeta-t-il
en relevant le bleu ardent de ses yeux sur ceux du médecin.
    La victime gémissait et, à demi inconsciente,
ses yeux restaient fermés. Neb-Amon observa la brûlure. Elle était vilaine,
sentait mauvais et une couleur sombre auréolait la plaie.
    — Cette brûlure remonte à quand ? s’enquit-il
en regardant l’architecte.
    — Je ne sais plus, fit Menkeper gêné.
Hier, je crois.
    — C’est faux, cette plaie est plus
ancienne. Elle se gangrène déjà.
    Il regarda froidement l’architecte et
poursuivit :
    — Je n’ai plus besoin de vous. Vous
pouvez attendre à l’extérieur ou mieux encore rentrer chez vous. Nous ne
pourrons rien vous dire avant deux ou trois jours.
    Alors, commencèrent de longues heures où
Neb-Amon essaya d’arracher à la mort cette brûlée vive que guettait le poison
de la gangrène. La malheureuse s’affaiblissait d’heure en heure.
    — Elle n’en a plus pour longtemps, dit l’assistant
en soulevant la paupière de la victime.
    — Peut-être pas, répliqua le médecin.
Nous allons nous battre pour sa survie.
    Après avoir glissé entre ses lèvres quelques
gouttes d’extrait de mandragore qu’il mêla aussitôt avec un peu d’opium pour
anesthésier la patiente, Neb-Amon entreprit de couper dans les chairs pour en
extraire la partie la plus tuméfiée.
    Quand l’hémorragie se déclencha, ils durent l’arrêter
en épongeant avec de l’extrait de gentiane. Ce fut long, mais ils y parvinrent
et dès que le sang cessa de couler, l’assistant poussa un triste soupir et
Neb-Amon reprit son travail de chirurgie, coupant les chairs superficielles
pour éviter de provoquer une autre hémorragie.
    — Son pouls s’affaiblit, dit l’assistant.
Elle ne passera pas la nuit.
    — Si elle succombe, ce ne sera pas suite
à ce découpage de chair, affirma Neb-Amon, mais bien par le poison de la
gangrène. Il a eu suffisamment le temps de se distiller dans son organisme pour
la faire mourir.
    Puis, il s’épongea le front. Plusieurs heures
s’étaient déjà écoulées quand les chairs taillées dans le vif se présentèrent
plus saines et moins malodorantes. Mais la fièvre faisait délirer la patiente.
    — Prépare du suc de lierre. Nous allons l’utiliser
comme antiseptique et mêles-y de la coloquinte et de la poudre de cuivre.
    Puis, d’un flacon en verre, il sortit quelques
feuilles d’acacia, les écrasa et les mélangea à de l’extrait de racine de
bryone. Broyant le bout dans de l’huile de cèdre, Neb-Amon confectionna un
pansement gras et l’appliqua sur la plaie.
    — À présent, il n’y a plus que la fièvre
à combattre.
    Ses yeux fatigués regardèrent la clepsydre
dont le niveau atteignait la première heure

Weitere Kostenlose Bücher