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L'Ombre du Prince

L'Ombre du Prince

Titel: L'Ombre du Prince Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jocelyne Godard
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la
braise.
    — Thoutmosis n’a pas encore les qualités
requises pour siéger à nos conseils, affirma-t-elle d’une voix où pointait la
colère.
    — Voulez-vous dire qu’il est encore
nubile ? jeta Antef froidement, cherchant des yeux la complicité d’un
autre personnage au sein de l’assemblée.
    Un homme se leva.
    — Marions-le, il ne le sera plus, fit Djéhouty
d’un ton détaché.
    Hatchepsout marqua un temps de surprise.
Serait-il possible que son vizir du sud ne lui accordât plus la même fidélité ?
    — C’est juste, déclara Antef d’un air
satisfait. Marions-le.
    — Mérytrê n’a que dix ans ! explosa
Hatchepsout.
    — Majesté ! Personne, ici dans cette
assemblée, ne propose que le style de leur vie change et que l’organisation de
leur quotidien subisse une transformation néfaste pour leur bon équilibre,
insinua Antef avec lenteur. Marions-les simplement tout en laissant à votre
fille le temps de devenir femme.
    Que pouvait rétorquer la pharaonne face à une
telle réplique ? Elle osa le seul argument qui pût jouer en sa faveur.
    — Je n’ai épousé Thoutmosis II qu’à
quinze ans.
    — C’est votre père, Majesté, qui était à
l’origine de cette faveur. Le prince actuel n’a que ceux qui le soutiennent
pour le défendre. Pourquoi refusez-vous une co-régence avec votre neveu ?
    L’homme qui, hardiment, jetait ces mots était
un jeune notable au teint clair et aux allures audacieuses. Un nouveau venu qu’Antef,
le vieil ennemi acharné d’Hatchepsout, venait d’imposer avec énergie au sein du
conseil.
    Antef sourit et ses traits crispés jusqu’à
présent se détendirent. Cette fois, il tenait solidement sa complicité dans l’assemblée.
Le reste allait suivre et il pourrait, enfin, amorcer le démantèlement du règne
d’Hatchepsout.
    — Que veux-tu dire, Nekmin ? s’enquit
Hapouseneb assis à ses côtés.
    Le jeune homme ne parut pas s’émouvoir de la
surprise de son maître, le Grand Prêtre d’Amon, pas plus que son audace ne
parut troubler l’assemblée.
    Nekmin, jeune prêtre qui assistait Hapouseneb
depuis deux ans au temple de Karnak, semblait prendre beaucoup d’ascendant sur
les fidèles du prince que maîtrisait avec habileté le vieil Antef.
    — Mon maître, fit Nekmin le sourire aux
lèvres, je veux dire que la reine Hatchepsout avait son père pour la soutenir
alors que le prince ne l’a plus. La nuance me paraît aussi élevée que le
monument le plus haut de Karnak.
    — Soit, signifia Hapouseneb, cette
co-régence interviendra après le mariage de Thoutmosis et de Mérytrê. Personne
n’est contre cette idée, il me semble.
    — Pourquoi attendre cette union que
retarde à plaisir la reine Hatchepsout ?
    — Le pharaon Hatchepsout ! vociféra
la jeune femme en brandissant avec colère son sceptre. Si tu oses encore me
nommer « reine » en public, je te fais jeter aux crocodiles. Ce n’est
pas ton titre de Second Grand Prêtre qui m’impressionne et qui me l’interdira.
    — Majesté, reprit Nekmin l’air hautain et
désabusé, prenant garde toutefois à baisser le ton, aucune loi ne stipule qu’il
faille attendre le mariage pour que votre neveu Thoutmosis règne à vos côtés.
La co-régence est ouverte au prince, nubile ou non.
    Quand le regard d’Hatchepsout croisa celui du
jeune homme, elle sentit naître un nouvel ennemi que le bouillonnement de la
jeunesse rendait plus virulent encore alors que Antef, dans son acharnement, ne
cherchait qu’à perpétuer la branche des Thoutmosis.
    La lueur de braise qui atteignit le regard d’Hatchepsout
s’aviva dans ses prunelles tout aussi rougeoyantes. Les yeux de Nekmin lui
jetaient un défi qu’elle s’efforça d’attraper en plein vol. Mais, remarquant l’inertie
soudaine de l’assemblée à son égard, elle se sentit glisser sur une pente dangereuse.
    Pour la déstabiliser davantage, un jeune Égyptien
à la peau sombre, presque noire, les yeux bleus et la carrure plutôt forte
malgré les vingt ans qu’il affichait à peine – encore un favori du vieil
Antef – se leva.
    — Qui vous demande une démission, Majesté ?
Nous exigeons simplement une co-régence. Acceptez-la.
    Pinçant ses lèvres de dépit, Hatchepsout
ignora le propos scabreux de cet insoumis et se retourna vers Antef, toute
indignation disparue.
    — Mon séjour au Pount t’a profité, Antef.
Tu as su pleinement monter les chances du pouvoir de ton prince. Combien

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