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Londres, 1200

Londres, 1200

Titel: Londres, 1200 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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un passage entre
des maisons, il rejoignit la rue de la Tisseranderie qu’il parcourut, jetant de
mélancoliques regards aux maisons du gros Bertaut et de Noël de Champeaux,
toutes deux occupées par de nouveaux tisserands. Il resta ensuite un long
moment devant la sienne, attirant finalement l’attention du propriétaire qui
sortit pour lui demander ce qu’il voulait.
    Le Flamand ne le connaissait pas, et l’autre
n’aurait pu se douter que cet homme d’armes roux, aux larges épaules et au cou
de taureau, en surcot de toile rembourrée renforcé d’anneaux de fer sur la
poitrine et porteur d’une large épée attachée à un double baudrier, était
l’ancien tisserand dont il s’était approprié le logis.
    Chassant les pensées qui le faisaient trop souffrir,
Jehan s’éloigna. La vue de sa maison avait ravivé d’autres souvenirs qu’il
préférait oublier. En particulier, l’exténuant voyage jusqu’à Albi et les gens
qu’il avait tués, alors que sa foi le lui interdisait.
    Il s’arrêta devant la maison du pelletier Gilles
de La Croix. Gilles était cathare, comme lui, mais emprisonné au Grand-Châtelet
après la rafle conduite par le prévôt de Paris, un an plus tôt, avec sa femme,
ses trois enfants et son ouvrier, il avait juré être bon chrétien pour être
libéré.
    Le Flamand frappa à la porte.
    Ce fut Gilles qui lui ouvrit et, sur le coup, le
pelletier ne le reconnut pas.
    — C’est moi, Jehan.
    Le visage du pelletier se décomposa de surprise.
Puis il balaya la rue du regard et tira son ancien ami par le bras pour le
faire entrer rapidement dans son atelier.
    — Toi ! Que fais-tu ici ? Et cette
cuirasse… cette épée… Tu n’es plus tisserand ?
    — Non, Gilles, j’essaie seulement de rester
un bon homme, même si je ne serai jamais Parfait.
    — Tu es… avec les autres ?
    — Non, je suis seulement avec mon seigneur…
J’avais envie de te revoir, de savoir ce que vous deveniez.
    Ayant entendu parler, la femme de Gilles
descendait de l’étage et fut aussi stupéfaite que son mari. Mais très vite elle
proposa à Jehan de s’asseoir et lui servit du vin d’Auxerre.
    — Il vient du Lièvre Cornu, lui dit-elle avec
un sourire chaleureux.
    Jehan leur raconta leur voyage, leur parla de ceux
qui étaient restés à Albi et des autres, comme lui, qui avaient choisi de
suivre le seigneur qui les avait sauvés. Il dit quelques mots d’une expédition
qu’il venait de faire avec d’autres seigneurs, mentionnant seulement Boulogne,
et leur annonça qu’il repartirait dans un jour ou deux, après que son maître
eut vu le roi.
    Le pelletier était abasourdi, et sa femme
admirative de ce qu’avait connu Jehan. Elle l’interrogea sur son épouse, ses
enfants et prit des nouvelles de chacun, mais à aucun moment ils ne parlèrent
de leur foi. Le pelletier fit juste une allusion à l’interdit prononcé par le
pape : plus aucune messe n’était célébrée, et il s’en réjouissait, n’ayant
plus à se forcer à prier devant des idoles.
    Peu après, Gilles se leva et s’approcha d’un bahut
qu’il ouvrit. Il en sortit un coffret dont il tira huit pièces d’or.
    — C’est ce que j’ai pu obtenir de ta maison
et de ce qu’elle contenait, lui dit-il.
    Ému, Jehan le remercia avec chaleur. Mais le temps
passait et il devait aller chercher Cédric. Il les serra tous deux
affectueusement contre lui, sachant qu’il ne les reverrait plus, et repartit.
    Il s’arrêta encore un instant au coin de la rue du
Coq, devant l’ancienne boutique d’Aignan. D’après l’enseigne en forme de grande
plume d’oie, on y vendait toujours des parchemins, mais comme les volets
étaient clos, il ne put savoir qui l’occupait. Il retourna donc au Lièvre Cornu
chercher Cédric.
    Il s’en approchait quand, stupéfait, il reconnut
le visage de celui qui en sortait.
    L’individu suivit la rue de la Tisseranderie avant
de descendre vers la place de Grève. Terrorisé, le Flamand n’envisagea même pas
de le suivre. Il comprit seulement que rien n’était terminé.
     
    Philippe Auguste n’était pas au palais, pas plus
que frère Guérin. C’est ce qu’un sergent d’armes leur dit quand ils entrèrent
par la porte fortifiée de la rue de la Barillerie, face à la rue de la Vieille
Draperie.
    Le roi et ses serviteurs étaient partis deux
semaines auparavant pour le mariage de Louis et de Blanche et étaient encore en
Normandie. Le sergent ignorait quand il

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