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L'or de Poséidon

L'or de Poséidon

Titel: L'or de Poséidon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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la livrer, mais le navire a fait naufrage. À ce moment-là, vous étiez déjà propriétaires de la statue. C’est donc vous, déclarai-je avec plus d’assurance que je n’en ressentais, qui avez subi une perte.
    Carus lança alors :
    — Jamais personne ne nous a précisé que la statue se trouvait encore en Grèce.
    L’affaire devenait de plus en plus délicate. Mon cœur manqua plusieurs battements. J’aurais voulu pouvoir vérifier la date inscrite sur le reçu. M’efforçant de ne pas regarder dans la direction de mon père, je me demandais si mon risque-tout de frère avait osé leur vendre la statue après avoir eu connaissance du naufrage. J’étais sûr que Geminus avait noté la date du reçu, et que dans le cas extrême que j’envisageais, il m’aurait prévenu.
    Ce qui était certain, c’est que je ne pouvais pas me permettre de risquer d’attirer l’attention sur l’éventuelle escroquerie de Festus en demandant à examiner personnellement le reçu. De toute façon, si mon frère avait tenté de les escroquer, je préférais ne pas le savoir.
    — Vous êtes en train de me dire que vous avez acheté une statue de ce prix sans la voir ? m’étonnai-je.
    —  « Marbre antique  », chantonna Carus, citant sans aucun doute la facture que je préférais ne pas examiner. « Un Poséidon par Phidias, proportions impressionnantes, exprimant une noble placidité. Costume grec, coiffure et barbe importantes, un bras levé pour lancer un trident… » (Il interrompit sa description pour préciser d’un ton amer :) Nous avons nos propres transporteurs, les frères Aristedon. Des hommes en qui nous avons toute confiance. Nous aurions pu prendre nos propres dispositions. Et, dans ce cas-là, nous aurions été responsables de la perte. Mais seulement dans ce cas-là.
    Festus aurait pu leur laisser prendre le risque du transport. Il devait parfaitement le savoir. (Il savait toujours tout ce qu’il y avait à savoir sur ses futurs clients.) Alors pourquoi ne l’avait-il pas fait ? Et la réponse me vint d’elle-même. Festus avait décidé d’apporter la statue lui-même, parce qu’il avait une autre magouille en tête.
    Ce n’était pas ma faute, ni celle de mon père.
    Mais Carus et Servia n’en avaient rien à faire.
    — Vous comptez nous traîner devant un tribunal ?
    — Non, notre philosophie nous pousse à dédaigner les procédures officielles.
    Je parvins difficilement à m’empêcher de dire : « Vous préférez faire intervenir des voyous. »
    — Écoutez, je viens seulement d’être mis au courant de ce problème, et j’essaie de comprendre ce qu’il s’est vraiment passé. Après cinq ans, ce n’est pas facile. Je vous demande un peu de compréhension. Je vous donne ma parole que je vais trouver une solution. Et je vous demande de cesser de harceler mon vieux père.
    — Je suis capable de prendre soin de moi ! déclara le vieux père.
    — Donnez-moi un peu de temps, insistai-je.
    — Pas après cinq ans ! déclara Carus.
    J’avais envie de lui casser la figure, j’avais envie de partir en lui disant qu’il pouvait faire ce qu’il voudrait, nous saurions y faire face.
    C’était cependant inutile. J’en avais déjà discuté avec mon père en venant ici. Nous pouvions louer des gros bras pour les ventes à l’encan. Nous pouvions barricader le bureau et la réserve. Nous pouvions faire garder nos maisons et ne jamais mettre le nez dehors sans gardes du corps.
    Nous pouvions le faire, oui, mais pas jour et nuit pendant des années. Or Carus et Servia avaient l’air de personnes capables de persister aussi longtemps qu’il le faudrait. Nous n’aurions pas un instant de répit. L’inquiétude pour nous, nos femmes, nos biens serait perpétuelle. Le coût finirait par être également insupportable. Et nous finirions par souffrir de la mauvaise réputation qui s’attache à ceux qui traînent de mauvaises dettes.
    Et, surtout, nous ne pourrions jamais oublier Festus.
     
    Ils commençaient à en avoir assez de notre présence. Nous sentions qu’ils n’allaient pas tarder à nous faire jeter dehors.
    Mon père fut le premier à reconnaître que nous nous trouvions dans une impasse.
    — Je ne peux pas vous remplacer le Phidias, car je n’en connais aucun autre sur le marché. Quant à trouver un demi-million, il faudrait que je vous donne tout ce que je possède.
    — Mets tout en vente, admonesta Carus en haussant les épaules.
    Mon père

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