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L'or de Poséidon

L'or de Poséidon

Titel: L'or de Poséidon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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mon père. (Il arborait un air serein, mais je savais qu’au fond de lui il était catastrophé.) Quelques-unes des copies actuelles sont de véritables œuvres d’art. Et elles deviendront des antiquités à leur tour.
    Je me forçai à sourire.
    — Alors je vais investir dans de bons « Praxitèles romains »… dès que j’aurai l’argent et un endroit pour les entreposer.
    Cette allusion à la pauvreté de la famille ne parut pas impressionner nos créditeurs.
    — Essaye plutôt de trouver un Lysippe, conseilla Geminus en se tapotant le nez.
    — Tu as raison. J’ai d’ailleurs remarqué le superbe Alexandre dans la galerie. (J’ajoutai quelques plaisanteries sur les commissaires-priseurs qui ne me menèrent nulle part. Je décidai donc qu’il était temps d’abandonner ce numéro.) P’a, Carus et Servia savent exactement dans quoi ils veulent investir : ils veulent un Poséidon, et ils veulent un Poséidon par Phidias.
    Cassius Carus se contenta de m’observer froidement. Mais ce fut Servia, le financier de la famille, qui, après avoir aplati de la main les lourds plis de sa cape blanche, déclara d’une voix nette :
    — Oh non, il ne s’agit pas d’un futur investissement ! Cette œuvre nous appartient déjà.

43
    Je vis les mains de mon père se crisper.
    Rejetant le rôle de comparse qui m’avait été dévolu jusque-là, j’adoptai une attitude plus ferme :
    — J’ai appris les faits très tardivement. J’aimerais reprendre cette histoire depuis le début. Vous me direz si je me trompe. Mon frère aîné, Didius Festus, a soi-disant acquis en Grèce une modeste statue de Poséidon, censée être un Phidias.
    — Et achetée par nous, intervint Carus.
    — Je ne voudrais pas me montrer mal élevé, mais as-tu un reçu ?
    — Naturellement, dit Servia, qui devait déjà avoir fait des affaires avec ma famille.
    — On me l’a montré, précisa mon père.
    J’ignorai son intervention.
    — C’est Festus qui vous l’a établi ? (Carus inclina la tête.) Festus est mort, alors qu’est-ce que cette affaire a à voir avec nous ?
    — C’est ce que j’ai toujours dit, insista Geminus en se redressant. J’ai dégagé Festus de toute autorité parentale quand il est entré dans l’armée.
    C’était très certainement un mensonge, mais difficile à réfuter. J’étais incapable d’imaginer pourquoi mon père et Festus se seraient donné la peine d’accomplir de telles formalités. S’émanciper du pouvoir paternel ne présentait un intérêt que pour un fils qui se sentait brimé par ce pouvoir. C’était loin d’être le cas dans la famille Didius. Et n’importe quel plébéien de l’Aventin en dirait probablement autant en riant.
    Carus refusait de considérer cette excuse.
    — Un père est responsable des dettes de son fils, martela-t-il.
    Je ne pus m’empêcher de dire ironiquement :
    — C’est agréable de constater qu’il existe encore des gens qui croient que la famille est une unité indissoluble, n’est-ce pas, père ?
    — Oh, par les couilles d’un taureau ! s’exclama Geminus.
    Peut-être que Carus et Servia pensèrent qu’il faisait référence aux rites mystiques d’un culte religieux oriental ?
    Ou peut-être pas.
    — Mon papa est contrarié, dis-je pour l’excuser auprès du couple. Quand quelqu’un vient lui dire qu’il leur doit un demi-million de sesterces, il perd tout sens commun.
    Carus et Servia me regardèrent comme si ce que je venais de dire était tout à fait incompréhensible. Leur indifférence à notre problème fit plus que m’étonner : elle me fit frissonner.
    Je m’étais trouvé dans de nombreux endroits où l’atmosphère était nettement plus sinistre. Des endroits peuplés de voyous armés de matraques et de poignards. Rien de tout cela ici ; et pourtant l’ambiance était tout aussi intimidante. Le message qui nous était adressé était clair : il fallait payer ou nous allions souffrir – souffrir jusqu’à ce que nous cédions.
    — Je vous en prie, soyez raisonnables, insistai-je. Nous sommes une famille pauvre. Où voulez-vous que nous trouvions une telle somme ?
    — Ça, c’est votre problème, dit Servia.
    Nous pouvions dire tout ce que nous voulions, il était clair que nous ne parviendrions jamais à communiquer avec eux. Je ne m’en sentis pas moins obligé de persévérer :
    — Parlons de ce qui est arrivé. Vous avez payé Festus pour la statue. Il a essayé de vous

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