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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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fleuve. Ils perçoivent les loyers de leurs métayers et des propriétés qu’ils possèdent en ville. Bien qu’on en parle rarement, ils prêtent aussi de l’argent à intérêt. Mais c’est l’escorte des caravanes entre la Perse et Rome qui leur procure leur vraie richesse. Pour protéger les caravanes lorsqu’elles franchissent les frontières, ils ont besoin de contacts. Ils entretiennent beaucoup de relations, y compris avec les nomades du désert profond qui ne reconnaissent ni la Perse, ni Rome.
    — Merci, dit Ballista. Mais une chose m’intrigue. Comment cette protection peut-elle générer leur richesse ? L’inscription indiquait que le père d’Anamu protégeait les caravanes de ses propres deniers.
    — Vous avez beaucoup à apprendre.
    Elle lui lança un regard bien différent des autres fois, où se lisait peut-être une affection sans fard.
    — Il pourrait bien y avoir du vrai dans cette image du Barbare naïf venu du Nord. Mon père et ses semblables agissent par pure grandeur d’âme. Il ne viendrait à l’idée d’aucun marchand de proposer un paiement et un protecteur de caravanes serait offensé si on lui en offrait un. Mais un cadeau approprié, une contribution entièrement volontaire, est une toute autre chose. Les marchands sont reconnaissants de la protection qu’on leur fournit.
    Ils se tenaient tout près l’un de l’autre. Elle levait les yeux vers lui. Il fit mine de se pencher vers elle. Elle s’écarta, un éclair de malice dans les yeux.
    — N’oubliez pas que vous avez une épouse – et que Haddudad est une fine lame !
    L’hiver approchait de la ville d’Arété.
    Rien de semblable aux hivers rigoureux sur la terre des Angles. Là-bas, la neige pouvait tapisser les champs, les huttes des paysans et les hauts manoirs des guerriers pendant des mois. Au-delà des palanques, le brouillard glacial enveloppait les imprudents et les imprévoyants. Hommes et bêtes mouraient de froid.
    L’hiver à Arété était une autre créature, plus douce, mais capricieuse. De décembre à janvier, il gelait presque toutes les nuits. Les jours où il pleuvait, nombreux à la fin de l’année, plus rares après le solstice, il pleuvait fort. Le sol se transformait en une mer de boue. L’air restait glacial. Puis, les forts vents de nord-est chassaient les nuages, le soleil se levait radieux, chaud comme lors d’une journée de printemps au bord de la mer du Nord, et la terre séchait – avant qu’il ne se remît à pleuvoir.
    Par certains aspects, la vie à Arété continuait comme à l’habitude. Les prêtres et les dévots célébraient les fêtes en l’honneur de leurs dieux – Sol Invictus, Jupiter, et Janus, Aphlad, Atargis et Azzanathcona. Les crieurs publics précédaient les processions dans les rues, avertissant les hommes de peu de foi, les mécréants ou les impies qu’il leur fallait poser leurs outils afin que les prêtres et leurs dieux ne s’offusquassent point du sinistre augure que constituaient des hommes travaillant par un jour sacré. Ballista avait cédé à la pression populaire et abrogé son édit interdisant les réunions de plus de dix personnes. Il espérait que cette concession rendrait plus acceptable la rigueur des autres mesures qu’il avait prises. Et elle fut certainement bien accueillie lors des deux grands festivals d’hiver ; les saturnales, tout d’abord, ces sept jours de la fin décembre au cours desquels on s’offrait des cadeaux, on jouait de l’argent et l’on buvait, et où les maîtres dînaient avec leurs esclaves ; puis lors de la Compitalia, trois jours du début janvier pendant lesquels les esclaves se voyaient octroyer des rations supplémentaires, y compris de vin.
    Comme toujours, les calendes de janvier virent la garnison, ainsi que les provinciaux désireux d’impressionner favorablement les autorités, renouveler leur serment de fidélité aux empereurs et leurs familles. Le même jour, de nouveaux magistrats prenaient leurs fonctions, Ogelos remplaçant Anamu comme archonte d’Arété. Comme toujours, les soldats attendaient avec impatience le 7 janvier : le jour de paye qui s’accompagnait d’un repas de viande grillée faisant suite aux sacrifices – un bœuf en l’honneur de Jupiter Optimus Maximus, une vache pour Junon, Minerve et Salus, un taureau pour Mars le Père. Comme toujours, les loyers devaient être payés le 1 er janvier ; les débiteurs se tourmentaient à l’approche des

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