Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
Vom Netzwerk:
condamné : ils durent monter à plusieurs reprises sur des tas de pierres tombées du plafond ou des murs. Et il leur fallut une fois se faufiler dans un boyau à peine plus large que les épaules de Ballista. Cela avait dû être vraiment pénible d’amener le corps à l’air libre. Ils descendaient encore et encore. Il faisait très sombre, très humide. Ils marchaient dans l’eau et l’eau ruisselait sur les parois.
    C’était comme descendre de son vivant dans le Niflheim, l’enfer brumeux, le domaine glacial de l’hiver sans fin, le royaume des morts, là où le dragon Nidhogg ronge les racines d’Yggdrasill, l’Arbre du Monde, jusqu’à la fin des temps.
    — Là, c’est là que je l’ai trouvé.
    Ils se trouvaient dans une galerie abandonnée, en cul-de-sac, trop basse pour que l’on pût s’y tenir debout.
    — Où était-il exactement ? demanda Ballista.
    — Juste ici.
    — Dans quelle position était-il ?
    — Sur le dos, les bras étendus appuyés contre les murs, les pieds joints.
    — Maximus, cela te dérangerait de t’allonger dans la position du mort ?
    Bien que les trois hommes se trouvassent déjà dans un déplorable état de saleté, Maximus lança un regard noir à Ballista, suggérant ainsi qu’en effet cela le dérangeait beaucoup. Cependant, il s’allongea par terre et laissa Castricius le placer dans la position précise où il avait trouvé le mort.
    — Scribonius Mucianus n’a certainement pas été tué ici. Maximus, peux-tu te mettre à quatre pattes ?
    Le garde du corps sembla sur le point de lancer une boutade, mais se ravisa. Ballista dégaina sa spatha. Il tenta de mimer un coup à la tête de Maximus, mais le plafond était bien trop bas.
    — Cela a dû être infernal de descendre le corps jusqu’ici, dit Ballista. Ils ont dû s’y mettre à plusieurs.
    — Il y a de fortes chances, oui. Mais peut-être qu’un homme particulièrement fort a pu y arriver tout seul, répondit Castricius.
    Lorsqu’ils émergèrent à la lumière du soleil, on faisait cercle devant d’eux. Au premier rang, les officiers de l’armée Mamurra, Acilius Glabrio et Turpio avaient été rejoints par les trois protecteurs de caravanes qui, en tant que commandants d’unités de numeri, faisaient aussi partie du corps des officiers. Derrière eux, toujours tenue à distance par les légionnaires, la foule avait grossi. Il y avait là les autres conseillers, dont Theodotus le chrétien hirsute, puis venaient les gens ordinaires, le démos , et encore un peu plus loin derrière, les esclaves. Lors de tout rassemblement, les sujets de l’ imperium avaient tendance à se placer selon leur statut, comme s’ils étaient au théâtre ou au spectacle.
    — Le pauvre imbécile, le pauvre fichu crétin, dit Turpio. Dès qu’il a su qu’il devait vous rencontrer, il a commencé à se comporter de plus en plus bizarrement. Juste avant qu’il ne disparaisse, deux jours avant que je parte vous rejoindre sur la côte, il s’était mis à parler tout seul. Plusieurs fois, je l’ai entendu dire que tout irait bien maintenant, qu’il avait découvert quelque chose qui arrangerait tout.
    — Qu’est-ce qu’il voulait dire ? demanda Ballista.
    — Je n’en ai aucune idée.
    Ballista luttait contre une furieuse envie de se lever de son bureau. Il ressentait une sorte de malaise, une impatience fébrile. Plusieurs fois au cours de la dernière heure, il avait cédé, mais faire les cent pas n’arrangeait rien. Pourtant, cela aurait pu être pire : ce n’était pas comme s’il avait reçu la visite nocturne du colosse. Et en effet, feu l’empereur Maximin le Thrace n’était pas réapparu, heureusement, depuis cette nuit-là sur le Concordia, au large des côtes syriennes. Cela infirmait-il le rationalisme épicurien de Julia, selon lequel les démons n’étaient rien d’autre que de mauvais rêves provoqués par la fatigue et l’anxiété ? Depuis son arrivée à Arété, Ballista n’avait cessé d’être épuisé et personne ne pouvait nier qu’il avait été soumis à une grande tension nerveuse – l’un de ses principaux officiers avait disparu, on l’avait retrouvé mort assassiné ; l’autre, non content d’être insubordonné, se montrait insupportable ; la loyauté des potentats locaux était sujette à caution ; le magasin d’artillerie avait été incendié. Et au moins un traître et assassin se promenait en ville, libre comme l’air.
    Les

Weitere Kostenlose Bücher