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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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nous barrer la route aussi vite ? » Puis, il reprit courage. Ils ne s’étaient pas interposés entre la porte de la ville et eux. Ils revenaient vers le camp. Un groupe d’hommes munis de torches qui regardaient vers le bas lui indiqua pourquoi. Un cheval était tombé dans l’une des rares fosses creusées dans la bande de terrain entre deux cents et quatre cents pas des murs. Un unique cheval était tombé et ils avaient abandonné la poursuite.
    Un seul danger les menaçait désormais. Mais ils ne seraient probablement pas de taille à l’affronter. Turpio sentait qu’à la prochaine charge des clibanarii, les légionnaires rompraient les rangs. La nuit avait été longue et terrifiante. Les hommes étaient sur les nerfs et c’était plus qu’ils n’en pouvaient supporter.
    — Halte ! Demi-tour, préparez-vous à recevoir la cavalerie.
    Cette fois-ci, les clibanarii prenaient leur temps. Ils s’étaient alignés en rang par sept. Turpio ne parvenait pas à voir de combien de rangées de cavaliers la colonne était composée. Ils avançaient genou contre genou, des hommes de grande taille montés sur de grands chevaux, et formaient un mur compact de fer, de cuir et de corne. La terrible pointe d’acier de leurs lances luisait à la lumière des étoiles.
    Turpio sentit un frisson parcourir les légionnaires. Il les entendait piétiner nerveusement, leurs semelles cloutées grattant la surface de la route. L’homme à sa droite regardait par-dessus son épaule, contemplant la ville toute proche. Il sentit l’âcre odeur de la peur. La leur ou la sienne, il ne le savait pas.
    — Serrez les rangs. Ne bougez pas. Redressez-vous. Un cheval ne peut pas enfoncer une ligne de fantassins en formation.
    Turpio avait tant crié que sa voix était éraillée. Il ne pourrait plus parler demain. La funeste implication de cette pensée le fit sourire. Il se tourna vers les légionnaires derrière lui.
    — Si nous ne bougeons pas, ils ne peuvent pas nous toucher. Serrez les rangs et tout se passera bien.
    « Par les couilles de Jupiter, la porte semble fermée… » N’importe qui aurait l’idée de faire demi-tour et de courir s’y réfugier. Il n’y avait que cent cinquante pas à parcourir. Elle était si proche que l’on pensait que cela serait l’affaire d’un instant.
    — Ne pensez même pas à courir. Personne ne peut distancer un cheval lancé au galop. Courez et vous êtes morts. Maintenez la formation et nous vivrons tous.
    Les hommes évitaient son regard ; cela n’allait pas marcher.
    Une stridente sonnerie de buccin retentit, couvrant la rumeur diffuse de cette nuit agitée. Les clibanarii abaissèrent leurs horribles lances et avancèrent au pas. On entendait le cliquetis des armures, le martèlement des sabots sur la route mais aucun bruit humain. Ils s’approchaient tel un long et implacable serpent aux écailles de fer.
    Vibration – glissement – choc sourd. Un tir de baliste. Vibration – glissement – choc sourd. Un autre. Puis un autre encore. Étouffant tous les autres bruits, l’artillerie déployée sur la muraille ouest de la ville d’Arété s’était mise à tirer, à tirer à l’aveuglette dans la nuit noire.
    Un silence de mort plana après la première volée. Les clibanarii s’arrêtèrent, les légionnaires se figèrent. Tous savaient que l’on rechargeait les balistes ; les treuils graissés tournaient, les cliquets se bloquaient, les ressorts de tension se tendaient. Tous savaient que les tirs reprendraient dans un instant, que les projectiles lancés avec une force et à une vitesse prodigieuses pleuvraient sur la plaine, atteignant indistinctement alliés et ennemis.
    Vibration – glissement – choc sourd. Le premier tir de la deuxième salve retentit.
    — Redressez-vous, redressez-vous. Tenez bon !
    Les hommes de Turpio se recroquevillaient, élevant pathétiquement leurs boucliers au-dessus de leurs têtes dans l’improbable espoir de se protéger contre les traits ou les pierres qui s’abattraient bientôt sur eux.
    Turpio se tourna vers les Sassanides, et se mit à rire.
    — Bon, les gars, maintenant relevez-vous et COUREZ !
    L’ordre fut accueilli par un silence stupéfait avant que tous se rendissent compte que les clibanarii s’éloignaient au trot dans la nuit, hors de portée de l’artillerie sur les murs d’Arété, vers leur camp. Les légionnaires se retournèrent et coururent.
    Turpio vit que Ballista attendait sous le

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