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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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s’échapper en aval du fleuve et à peu près vingt autres restaient bloqués sur l’île.
    Tandis que le rapport se concluait par la nouvelle des Sassanides sur l’île, Antigonus lança un regard interrogateur à Ballista qui dit « oui » énigmatiquement, ajoutant « si nous sommes encore là ce soir ». Le Dux remercia le messager et se sépara à nouveau de quelques pièces.
    Mais au flux succède le reflux. Bien trop vite, et au prix d’une seule de ses balistes, l’artillerie sassanide s’était rapprochée et avait atteint la position de tir voulue, à portée efficace. Des nuées de Perses s’affairaient, retirant les cylindres de bois sur lesquels roulaient leurs engins, disposant les mantelets, apportant les munitions, actionnant les treuils des coulisses, plaçant les projectiles, visant et tirant.
    Ballista sentit un léger tremblement parcourir la tour tandis qu’une pierre s’abattit sur la muraille. Le temps de l’observation insouciante était passé. L’air regorgeait désormais de menaces. De toutes parts, le sifflement et l’impact des projectiles retentissaient. À droite, un homme hurla lorsqu’un trait d’artillerie le balaya du chemin de ronde. À gauche, une portion de remparts vola en éclats sous l’impact d’un boulet. Un homme gémissait au milieu des gravats, un autre ne bougeait plus. En passant ses consignes aux charpentiers de fabriquer un rempart de fortune, Ballista pensait qu’en tout état de cause, les assiégés devraient avoir le dessus dans l’échange de tirs d’artillerie : ils disposaient de vingt-cinq balistes contre dix-huit et avaient l’avantage de la hauteur ainsi que des murs de pierre et non de bois pour les protéger.
    Pourtant, les événements semblaient vouloir jouer en faveur des assiégeants : les deux immenses tours de siège encore mobiles s’étaient rapprochées ; elles étaient tout juste à portée de l’artillerie sur les remparts. Juste au moment où l’ennemi ripostait, Ballista allait devoir ordonner à ses artilleurs de changer de cible. Maintenant qu’elles étaient à portée, les tours de siège devraient être les seules cibles. Et les assiégés devraient à leur tour essuyer des tirs sans pouvoir se défendre, la pire des choses pour des soldats. Il était sur le point de renvoyer les messagers pour qu’ils transmissent ses ordres lorsqu’il ajouta que tout balistaire visant autre chose que les tours de siège serait fouetté à mort. « Père-de-Tout, l’exercice du pouvoir a corrompu mon âme. »
    Laissant leurs engins de jet à deux cents pas des murs, le gros des troupes perses se regroupa aussi près que possible des mantelets. Leurs hommes chutaient dans les fosses sous leurs pieds, tombaient sous les flèches tirées du haut des murs. Pourtant, il sembla aux assiégés que la ligne de mantelets s’était établie en un rien de temps à cinquante pas des murs. Les archers perses bandaient maintenant leurs arcs. Dix, vingt, trente mille flèches peut-être déchirèrent l’air. Comme une ombre passant à la surface du soleil, elles assombrissaient le ciel.
    Sur toute la longueur de la muraille et derrière elle, les flèches s’abattaient comme la grêle au plus fort de l’hiver. Sur les murs et au-delà, dans les rues et les allées, les hommes tombaient. Les archers postés sur les remparts ripostaient. Ils avaient l’avantage de la hauteur et étaient bien protégés par les créneaux et les épais boucliers des légionnaires ; presque toutes leurs flèches faisaient mouche : les Sassanides étaient si nombreux qu’ils formaient une cible dense ; de plus, ils ne pouvaient pas tous s’abriter derrière les mantelets. Pourtant, la lutte était inégale : à peine six cent cinquante archers contre des milliers et des milliers.
    Les flèches sassanides faisaient mouche, elles aussi. Les assiégés étaient nombreux à être touchés, beaucoup trop nombreux. Ballista se demandait si son plan de défense soigneusement élaboré n’allait pas s’avérer vain. La simple supériorité numérique ne finirait-elle pas par prévaloir ? Les assiégés ne succomberaient-ils pas à l’épaisse pluie de projectiles, laissant la muraille ouverte aux attaques ?
    L’endurance. Il leur fallait endurer. Ballista savait que seule la discipline, la bonne vieille disciplina romaine, pouvait leur permettre de s’en tirer. Pendant neuf nuits et neuf jours, le Père-de-Tout était resté accroché à

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