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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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encore une journée, la ville d’Arété et tous les habitants qui avaient survécu seraient enfin sauvés.
    Les dernières dispositions concernant la répartition des maigres ressources en hommes fit aussi l’objet d’un consensus. Sur la muraille ouest, les neuf centuries de Legio IIII ne comptaient plus que trente-cinq hommes chacune et les six de Cohors XX, plus que trente. Ballista avait donc donné l’ordre que tous les mercenaires survivants des trois protecteurs de caravanes y fussent cantonnés. Ils devaient être rejoints par quelques archers conscrits, sous le commandement symbolique de Iarhai ; étant donné le manque d’implication, désormais coutumier, de ce dernier, c’était en fait Haddudad qui les commandait. En outre, Ballista avait porté le nombre d’engins d’artillerie déployés sur la muraille ouest à vingt-cinq, comme auparavant ; pour ce faire, il avait dû en prendre à d’autres endroits et les y déplacer. Avec toutes ces mesures, la défense de la muraille du désert reposait sur des bases solides. Quelques mille trois cents hommes, composés de cinq cents soldats réguliers romains, cinq cents mercenaires et trois cents conscrits, appuyés par l’artillerie, affronteraient l’attaque des Perses. Bien sûr, tout cela avait un prix. Les autres murs n’étaient désormais tenus que par des citoyens conscrits, de rares soldats réguliers et un nombre insuffisant de pièces d’artillerie.
    On apporta le fromage et le silence fut rompu lorsque Otes, le conseiller eunuque, peut-être surpris par sa propre témérité, s’adressa directement à Ballista.
    — Donc, vous dites que si nous tenons juste un jour de plus, nous sommes sauvés ?
    Quelques-uns des officiers ne parvinrent pas à réprimer un sourire en entendant le pluriel de majesté : ils ne l’avaient jamais aperçu sur les remparts. Ballista ignora leur air goguenard et tenta de faire taire ses préjugés contre les eunuques que son enfance dans le Nord comme son éducation romaine lui avaient instillés. Ce n’était pas chose facile : Otes était gras comme un porc et suait abondamment. Sa couardise s’entendait dans sa voix haut perchée.
    — Globalement, oui.
    Ballista savait qu’il lui aurait fallu avoir une vision des choses des plus partielles pour croire en ses propres paroles, mais il avait organisé ce dîner pour inspirer du courage aux personnages influents d’Arété.
    — À moins, bien sûr, que notre mystérieux traître s’y mette – notre propre Éphialtès montrant à Xerxès le sentier sur la crête de la montagne pour qu’il contourne les positions des Grecs aux Thermopyles. Auquel cas, nous combattrons tous courageusement jusqu’à la mort comme les trois cents Spartiates opposés aux innombrables Perses.
    La référence d’Acilius Glabrio au plus infâme traître de l’histoire grecque (dont la notoriété devait beaucoup à Hérodote) fut accueillie par un silence glacé que le jeune patricien feignit d’ignorer l’espace d’un instant. Il but une gorgée de vin, puis regarda l’assistance d’un air innocent.
    — Oh ! Mais excusez-moi. C’est un peu comme si je vous avais dit qu’Hannibal était à nos portes et qu’il y avait un éléphant dans le coin de la pièce, comme si j’avais vendu la mèche en somme.
    Ballista s’aperçut que, en dépit de ses cheveux et de sa barbe comme toujours impeccables, Acilius Glabrio avait de vilaines poches sous les yeux et que sa mise laissait quelque peu à désirer. Il était peut-être ivre. Mais avant qu’il pût intervenir, le patricien continua.
    — S’il est dit que nous partagerons demain le sort des Spartiates, peut-être devrions-nous passer notre dernière nuit comme ils ont passé la leur : à nous peigner et à oindre mutuellement nos corps, pour trouver là quelque réconfort.
    Acilius Glabrio regardait fixement Demetrius tandis qu’il parlait. Le jeune Grec, debout derrière le triclinium de son kyrios, baissait les yeux modestement.
    — Je m’attendais plutôt, Tribunius Laticlavius , à ce qu’un des Acilii Glabriones, une famille qui, si je comprends bien, prétend remonter à la fondation de la République, prenne exemple sur des modèles d’antique vertu romaine tels que Horatius, Cincinnatus ou Scipion l’Africain et passe la nuit à inspecter les hommes et à vérifier la garde ; et j’aurais aussi pensé qu’il resterait sobre.
    Ballista ignorait si les héros romains qu’il avait

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