L'Orient à feu et à sang
chrétiens a attaqué les sentinelles au-dessus de la porte de la Palmyrène. Ils jettent des cordes par-dessus le mur pour permettre aux Sassanides de grimper. Il n’y a pas assez d’hommes sobres sur la muraille pour les déloger.
Turpio sourit.
— Qui aurait pu croire cela d’eux ?
Sa désinvolture suggérait qu’il émettait un simple commentaire sur les idiosyncrasies d’un groupe ; qui aurait pu croire que ces gens-là appréciaient tant les thermes ou le cirque ? Rien dans son attitude ne trahissait le fait qu’il venait juste d’annoncer la condamnation à mort des habitants d’Arété et presque certainement de tous ceux qui l’écoutaient.
Tout le monde observait Ballista. Il les ignora, se renfermant sur lui-même. Il regardait, sans le voir, le ravin obscur. Ils étaient coincés au sud-ouest de la ville. Calgacus et les chevaux attendaient au palais, au nord-est. Le chemin le plus direct, les rues en contrebas, se remplissait de guerriers sassanides. S’ils se dirigeaient vers le nord le long de la muraille du désert, ils rencontreraient très vite les Perses venant de la porte de la Palmyrène. Le chemin de ronde longeant la muraille sud était contrôlé par l’ennemi sur la tour où se tenait Theodotus. Quel que fût l’itinéraire qu’ils choisiraient, il leur faudrait se frayer un chemin à la pointe de l’épée. Il pensa à Bathshiba. Elle devait être chez son père. La demeure de Iarhai se trouvait non loin de la Porta Aquaria, à l’extrémité sud-est de la ville. Ballista prit sa décision.
— Là.
Ballista indiqua le crâne luisant de Theodotus sur la tour à l’est.
— Voilà notre traître. Nous allons pouvoir nous venger.
Dans la pénombre, les hommes émirent un grognement sourd d’approbation.
— Regroupez-vous en silence, les gars.
Le chemin de ronde était assez large pour que quatre hommes pussent y marcher de front. Ballista se plaça à droite, près du parapet, puis venaient Maximus, Acilius Glabrio et Turpio. Ballista ordonna à ce dernier de se mettre à l’arrière. Il aurait été absurde que tous les officiers supérieurs fussent au premier rang. Un soldat de la Cohors XX, inconnu de lui, prit la place de Turpio. Ballista se retourna et regarda le petit groupe. Il n’y avait là que douze combattants en tout et pour tout : trois rangées de quatre hommes. Maximus demanda à l’un des soldats de l’arrière de donner son bouclier au Dux. L’homme s’exécuta avec réticence.
— Tout le monde est prêt ? demanda Ballista. Alors, allons-y, dans le calme : nous les prendrons peut-être par surprise.
Ils coururent à petites foulés sur le chemin de ronde. La tour n’était qu’à une cinquantaine de pas. Il y avait un groupe d’environ une douzaine d’hommes devant la porte. Ils regardaient la ville en contrebas, pointant du doigt et riant. La petite phalange romaine était déjà presque sur eux lorsqu’ils tournèrent la tête. Les Perses ne s’attendaient peut-être pas à une contre-attaque, mais ils firent front.
Ballista parcourut à toutes jambes les derniers pas. Le Sassanide qui était devant lui brandit son sabre pour l’abattre sur sa tête. Ballista se baissa et le heurta de plein fouet avec son bouclier. Le Sassanide fut propulsé en arrière, bousculant le guerrier derrière lui. Ils tombèrent tous deux sur le chemin de ronde. Le premier tenta de se relever, mais sa jambe gauche n’était plus protégée par son bouclier. Ballista abattit son épée, entaillant profondément son genou. Le Sassanide hurla de douleur ; ne cherchant plus à se défendre, il tenait à deux mains sa rotule fracassée. Ballista enfonça la pointe de son épée dans l’aine de l’homme, le mettant définitivement hors de combat.
Le deuxième Sassanide s’était relevé. Ballista se jeta sur lui, sautant par-dessus l’homme qui gémissait à ses pieds. Le Perse abattit sauvagement son sabre ; Ballista para le coup de son bouclier. Des échardes volèrent. À sa gauche, rapide comme l’éclair, la pointe du gladius de Maximus s’enfonça dans l’aisselle du Perse qui s’écroula contre le parapet.
Leur nombre réduit de moitié environ, les Sassanides firent volte-face et s’enfuirent.
— Poursuivez-les ! cria Ballista. Ne les laissez pas refermer la porte.
Les soldats romains s’engouffrèrent dans la tour sur les talons des Perses en fuite qui dévalèrent l’escalier pour se réfugier parmi le flot de
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