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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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les chairs, ouvrant la blessure, et le sang se mit à jaillir.
    En maintenant son bouclier levé vers la poupe, avec Maximus à ses côtés s’efforçant de le protéger, Ballista se dirigea vers le timonier. Il se déplaçait courbé en deux, comme s’il marchait sous une pluie battante. Le timonier, bien que protégé par la poupe recourbée du navire ainsi que par les boucliers de deux fantassins, semblait complètement affolé. Ses yeux étaient fixés sur le cadavre du capitaine. Si rien n’était fait, le moral des troupes du Concordia se dégonflerait comme une outre percée. Des douzaines d’archers tiraient sur le navire qui n’avait que deux scorpions pour riposter.
    — Je prends les commandes, dit Ballista au timonier. Tu n’es pas blessé ?
    — Non, Dominus.
    L’homme paraissait sceptique. Ballista voyait bien qu’il doutait qu’un Barbare tel que lui eût jamais commandé une trirème. Et il avait raison d’en douter.
    Élevant la voix au-dessus des bruits du navire et du combat balistique inégal, Ballista s’écria :
    — Je prends les commandes de ce navire ! Optio , viens ici ! Maître de nage, es-tu blessé ? Et toi, officier de proue, l’es-tu ?
    Les deux officiers levèrent leur bras tendu et donnèrent d’une voix forte l’habituelle réponse militaire :
    — Nous sommes à vos ordres et nous nous tenons prêts.
    — Mais où est donc passé l’ optio ?
    —  Il est blessé, Dominus , répondit quelqu’un.
    — Bon. Fantassins de marine, vous obéissez à mes ordres. Timonier, tu commandes la nage. Éloigne-nous tout de suite de cette pluie de flèches. Mais pas trop ; je sais que nous pouvons les distancer, mais ils ne le savent probablement pas. Ces Barbares du Nord ne peuvent imaginer de quoi est capable une trirème au combat, j’en sais quelque chose ! dit Ballista avec un petit rire. Essaie de nous maintenir à une distance comprise entre trois cents et quatre cent cinquante pieds, tout juste hors de portée de leurs flèches. Fais-leur miroiter que nous sommes à leur merci. S’ils ne se regroupent pas, nous pourrons les avoir un par un.
    Ballista se souvint alors du navire marchand mouillant au large de Symi.
    — J’ai un plan ! dit-il avec un sourire déterminé.
    Lorsque le navire marchand fut de nouveau en vue, la poupe en cou de cygne du Concordia ressemblait à une pelote à épingles, mais seuls quelques hommes avaient été touchés et les espoirs de Ballista semblaient se réaliser. Le plus grand des vaisseaux goths distançait maintenant de sept ou huit longueurs celui qui l’accompagnait auparavant. Ballista estimait qu’il devait renfermer une bonne centaine de guerriers, lesquels ramaient énergiquement, comme galvanisés par la présence de « Bouclier Rouge », leur chef, de toute évidence. Les deux premiers navires goths possédaient une avance confortable sur ceux qui s’étaient dissimulés derrière les îlots Diabetai. Ces derniers étaient maintenant distancés, se trouvant à un demi-mille au moins du deuxième navire. Ballista demanda au timonier d’amener le Concordia à droite du navire marchand, presque bord à bord avec lui. Le temps était presque venu de mettre son plan à exécution.
    Alors que le rostre s’approchait de la proue du navire marchand immobile, Ballista émit une volée d’ordres.
    — Parés à virer à gauche toute ! À mon commandement, avirons de bâbord, pales dans l’eau ; rameurs de tribord, souquez ferme ; timonier, à gauche toute !
    Le plat-bord du gros navire ventru défilait à gauche du Concordia.
    « Père-de-Tout, faites que je réussisse », pensa Ballista. Il n’avait aucune peine à imaginer ce qui se passerait s’il donnait son ordre trop tôt – les avirons de bâbord du Concordia se briseraient sur la poupe du navire marchand – ou trop tard – son plan échouerait avant même d’avoir commencé.
    — Virez maintenant !
    Une nouvelle fois, le long navire de guerre s’inclina, les embrasures des avirons de bâbord à fleur d’eau. Une nouvelle fois, les milliers de pièces de bois assemblées grincèrent et le grand mât tendit les cordages qui l’arrimaient. Deux visages barbus interloqués regardaient filer le Concordia depuis le bastingage de poupe du navire marchand. Quelques secondes plus tard, Ballista cria au timonier de redresser le cap et aux rameurs de gauche de reprendre la nage. Le Concordia rebroussait maintenant chemin à toute vitesse, doublant

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