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Louis Napoléon le Grand

Louis Napoléon le Grand

Titel: Louis Napoléon le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Séguin
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classement. Ce sont pour lui des années studieuses: l'adolescent s'éveille et s'accroche. Son professeur peut donner sa pleine mesure... Ses bons résultats scolaires ne sont pas sans mérite, car il les obtient dans une langue qui n'est pas la sienne. Et même quand son classement n'est pas encore très flatteur, ses maîtres reconnaissent en lui de grandes qualités. Son bulletin de 1822 est éloquent:
    « N° 24; Prince Charles Louis Napoléon, fils de M. Le duc de Saint-Leu, né à Paris, appartenant à la religion catholique, âgé de 14 ans, cinq mois, doué de beaucoup de dispositions, au développement desquelles il a travaillé avec zèle, de manière qu'il a fait des progrès très bons dans la langue allemande, bons dans lalangue latine et l'arithmétique, assez bons dans la langue grecque et l'histoire, en général, donc, de bons progrès. On doit louer beaucoup ses manières modestes vis-à-vis de ses condisciples, ainsi que le respect et la reconnaissance avec lesquels il a accepté des leçons désagréables; il a le vingt-quatrième rang; ce qui l'a empêché d'en obtenir un supérieur, ce sont les difficultés de la langue allemande dont il n'est pas encore maître. D'ailleurs, on le loue publiquement et il peut passer dans la classe supérieure. »
    Ses efforts lui seront, ultérieurement, très profitables. Certes, on le raillera pour son accent. Mais l'exil aura laissé aussi d'autres traces; Louis Napoléon parle quatre langues: le français, l'allemand, qu'il maîtrisera progressivement, l'italien qu'il pourra entretenir lors des voyages répétés qu'il fait, adolescent, dans la péninsule, l'anglais dont l'exil aux Etats-Unis et cinq séjours en Angleterre lui donneront la familiarité.
    Le Bas aura fait de Louis Napoléon un esprit méthodique, organisé, lui ayant inoculé la passion de l'étude et de la recherche, et le goût de l'écriture. Selon William Smith, Louis Napoléon disposait d'une tournure d'esprit et d'un sens critique qui auraient pu en faire un des plus grands historiens de son temps. Disons qu'il a de solides connaissances scientifiques et techniques, servies par une bonne plume. Il est intelligent, cultivé, curieux, ouvert. Le Bas a de quoi être fier de son oeuvre.
    Quant à Hortense, Louis Napoléon lui doit tant — et en est si visiblement conscient — qu'on en arriverait à se demander si, tout au long de sa vie, il ne chercha pas moins à être fidèle à son oncle qu'à faire honneur à sa mère.
    De son côté, semble-t-il, Hortense éleva Louis Napoléon moins dans le culte de l'Empire que dans la conviction, à la lumière de l'épopée impériale, qu'il avait une mission — personnelle — à assumer et accomplir. On veut dire par là qu'elle croyait sans doute moins à l'Empire, ou au bonapartisme, en tant que système politique, qu'elle n'avait foi dans le destin de son fils. Sa propre destinée avait été exceptionnelle; il était normal qu'il en fût de même pour lui.
    La promiscuité des Bonaparte, l'Empire en général, ne lui avaient pas laissé que de bons souvenirs: « J'ai été trop malheureuse. Leur jalousie [celle des Bonaparte en face des Beauharnais] me faisait mourir de chagrin... » De Napoléon I er , Hortense avait su discerner les limites. Dans les Mémoires qu'elle entreprenddix ans après la naissance de Louis et qui sont autant un recueil de souvenirs qu'une liste de préceptes destinés à son fils, ou plus exactement à ses deux fils, elle a ces lignes cruelles: « Napoléon, l'auteur de notre célébrité, a sans doute écrasé des peuples sous le poids de son ambition, mais il a suscité de magnifiques espérances chez tous les pauvres et d'étonnantes admirations partout. Je l'ai connu dans sa force et dans ses faiblesses, et je ne vous le donne pas comme un modèle accompli. Souvent on eût pu le comparer à un roseau peint en fer.
    « Il avait deux défauts: la faiblesse et l'indiscrétion; comme il aimait trop à discuter, on lui faisait dire tous ses secrets. Un Prince doit savoir se taire ou parler pour ne rien dire.
    « Trop de gens, par sa faute, eurent prise sur lui; il se laissait souvent mener par d'anciens amis ou de nouveaux flatteurs. Evitez d'appartenir si exclusivement à personne que vous ne puissiez plus vous délier. Du reste, soyez fidèles à vos amis: c'est auprès des autres hommes une recommandation utile qui leur inspire vaguement le désir de s'attacher à vous. »
    Les lignes qui suivent ne sont pas

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