Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Louis Napoléon le Grand

Louis Napoléon le Grand

Titel: Louis Napoléon le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Séguin
Vom Netzwerk:
prend une pathétique résonance, quand on connaît la suite: « Prenez garde d'en faire un cimetière! »
    Rouher lui-même n'est pas en l'occurrence d'un grand secours. Il ne manifeste aucune faveur pour une réforme dont il perçoit surtout les inconvénients politiques immédiats, et cache à peine ses réticences devant le Corps législatif, lors de la session d'automne 1867.
    Le ministre d'État est d'autant plus écouté qu'il vient de parler sobrement et de façon apparemment sincère de l'affaire mexicaine, évoquant « la faillibilité humaine qui rend périssables les plus étudiées des combinaisons conçues par l'homme ». Alors on le croit quand il assure que l'expédition au Mexique n'a pas affaibli l'armée, que la France reste l'arbitre de l'Europe, quel'Allemagne n'est que la juxtaposition de la Prusse, de l'Autriche et d'États secondaires, et donc qu'il n'y a rien à craindre.
    Comment, dès lors, chacun ne penserait-il pas que l'empereur doit se tromper, que son état de santé lui obscurcit le jugement et le rend exagérément pessimiste?
    Louis Napoléon sait, sent cela. Il souhaite en finir, quitte à devoir recourir à des moyens extrêmes. Décidé à briser la résistance qu'on lui oppose, il veut qu'on se batte sur la totalité du projet. Mais déjà Niel faiblit: Rouher l'a convaincu qu'il faudrait aller à la dissolution, après laquelle on risque de se retrouver avec un Corps législatif encore plus hostile et malintentionné:
    « Une dissolution, explique-t-il, serait funeste [au] système de Gouvernement, le pays touché dans un de ses intérêts vitaux prendrait feu; l'opposition compacte, disciplinée derrière un mot de ralliement si simple, enlèverait le corps électoral. »
    L'argument est imparable. Alors, Louis Napoléon cède. Il pense à la dissolution, mais il doit bien se rendre à l'évidence: il n'a pas, il n'a plus les moyens politiques d'atteindre son objectif. Sa tristesse et sa déception dépassent toute limite. La conscience du drame qui approche l'accable et le déchire.
    C'est à l'occasion de son discours du Trône de novembre 1867, que l'empereur met les pouces: il y annonce l'abandon du projet initial. « Mon Gouvernement, déclare-t-il aux députés, vous proposera des dispositions nouvelles qui ne sont que de simples modifications à la Loi de 1832 mais qui atteignent le but que j'ai toujours suivi: réduire le Service pendant la paix et l'augmenter pendant la guerre. »
    Cette loi qui sera votée le 14 janvier 1868 est effectivement une simple mise à jour du texte de 1832, dont elle conserve le système des « bons numéros »: le contingent restera à la discrétion du Corps législatif. Seule innovation qui subsiste, au moins sur le papier, la garde mobile; mais celle-ci est complètement dénaturée: ses appels ne pourront excéder une journée; ce sera une armée fantôme, sans instruction, sans encadrement, sans équipement.
    Pour comble de malheur, Niel va bientôt mourir sans avoir pu entreprendre la mise en oeuvre de la loi. Leboeuf qui lui succède négligera de l'appliquer. Il est vrai que les moyens budgétaires adéquats ne lui seront jamais consentis.
    Ce qu'il y a de plus grave, c'est qu'au terme d'une longueannée de débats, le pays est encore plus convaincu qu'auparavant de l'invincibilité de son armée.
    ***
    « Le véritable auteur de la guerre, a dit Montesquieu, n'est pas celui qui la déclare, mais celui qui la rend nécessaire. »
    La guerre de 1870 n'était pas inévitable. Louis Napoléon — même s'il était seul à voir clair — était trop conscient de l'infériorité relative de nos armes pour avoir pu la souhaiter un seul instant.
    En juillet de l'année fatale, la princesse de Metternich, qui relève de couches, a reçu la visite du couple impérial. Elle en a retiré la conviction que « l'Empereur et l'Impératrice sont effondrés à l'idée d'une guerre ». De fait, il n'y a pas lieu d'accorder une once de crédit à l'analyse de ceux qui prétendent que Louis Napoléon cherchait dans une victoire militaire le moyen de raffermir un Empire ébranlé. Paris ne cessait de manifester sa mauvaise humeur à l'égard du régime. Mais l'opposition dans la capitale pouvait-elle faire oublier les résultats du plébiscite, et la conclusion qu'en tirait Gambetta: « L'Empereur est plus fort que jamais »?
    En revanche, c'est un fait établi que Bismarck voulait cette guerre, l'estimant nécessaire pour accélérer et rendre

Weitere Kostenlose Bücher