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Louis Napoléon le Grand

Louis Napoléon le Grand

Titel: Louis Napoléon le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Séguin
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trop de secousses... à l'image de ces coups d'État dont la Thaïlande, beaucoup plus tard, fournira le modèle : quelques démonstrations de force que nul ne songe un seul instant à pousser bien loin, la substitution plus précipitée que brutale d'une équipe à une autre — et, dans le cas d'espèce, ce n'est même pas tout à fait de cela qu'il s'agit —, puis diverses gesticulations qui permettent aux évincés de se poser, à bon compte, en héros de la résistance et d'attendre, munis de cette lettre de créance, que leur tour revienne.
    A bien des égards, la première journée, celle du 2 décembre, ressemble à l'un de ces sympathiques sociodrames. Elle commence, en tout cas, ainsi. Et l'accoutrement de Louis Napoléon, au petit matin, semble en donner le ton : botté et éperonné, il est livide, ses mains sont brûlantes, mais il est en robe de chambre...
    A l'Assemblée nationale, c'est bien comme cela aussi que leschoses se passent. Le président Dupin prend toutes les dispositions utiles pour que son comportement, quoique dépourvu de toute excessive audace, passe pour héroïque aux yeux de la postérité. Il fait dresser, « séance tenante » un compte rendu officiel de son acte de résistance, qu'il signera. Le récit ne manque pas de saveur:
    « Après l'arrestation des deux Questeurs, le Président a donné l'ordre écrit de convoquer immédiatement l'Assemblée. Mais avant que cet ordre eût pu être exécuté, et vers 10 heures et demie du matin, une compagnie de gendarmes étant entrée dans la salle des séances pour en faire sortir violemment les représentants qui y étaient réunis, le Président, averti par plusieurs de ses collègues, s'est transporté dans le vestibule de la salle des séances revêtu de son écharpe.
    « Il a demandé le Colonel Commandant ; celui-ci étant arrivé, le Président lui a dit: "J'ai le sentiment du droit et j'en parle le langage. Vous déployez ici l'appareil de la force, je n'en ai pas à vous opposer. Je ne puis que protester et je proteste au nom de l'Assemblée contre la violation du droit et de la Constitution et j'en déclare responsables ceux qui ont donné les ordres et ceux qui les font exécuter."
    « M. le Colonel Espinasse du 42 e ayant voulu lire son ordre, le Président a refusé d'en entendre la lecture et s'est retiré avec les Représentants devant le mouvement des troupes commandées par le Colonel, qui a donné l'ordre de faire évacuer: ce qui s'est effectué par la force. »
    Voilà une belle page d'histoire. Pourtant, malgré tous ses efforts, Dupin a du mal à faire passer pour une épopée ce qui n'est qu'un assez piteux repli.
    Victor Hugo ne l'épargna d'ailleurs pas. Dans son Histoire d'un crime, dont on ne citera ici un passage qu'avec les réserves qui s'imposent, il semble que, sur celui dont il a dit : « sa carrière à l'Assemblée avait été d'un valet, sa fin fut d'un laquais », son commentaire soit assez proche de la vérité :
    « L'attitude inouïe que M. Dupin eut devant les gendarmes, en grimaçant son semblant de protestation autorisa même des soupçons. Gambon s'écria: "Il résiste comme un complice. Il savait tout."
    « Nous croyons ces soupçons injustes.
    « M. Dupin ne savait rien. Qui donc, parmi les machinateurs du coup d'État eût pris la peine de s'assurer son adhésion?
    « Corrompre M. Dupin ? Était-ce possible? Et puis, à quoi bon?
    « Le payer? Pourquoi?
    « C'est de l'argent perdu quand la peur suffit. Il y a des connivences toutes faites d'avance. La couardise est la vieille complaisance de la félonie.
    « Le sang de la foi versé est vite essuyé. Derrière l'assassin qui tient le poignard avance le trembleur qui tient l'éponge. »
    On ajoutera à cela que trois cents députés monarchistes ont déclaré destituer le président de la République, réaction dépourvue d'importance et qu'on a très vite oubliée.
    D'autres résistants auront plus de succès dans leur quête de la renommée.
    Chaque jour au bas d'un escalier, dit « l'escalier des Ministres », qui relie le salon des Quatre-Colonnes à la cour d'Honneur, les habitués du palais Bourbon passent encore devant une plaque qui leur rappelle le courage, et probablement le sacrifice — tout le laisse supposer — d'un officier de garde qui s'opposa au coup d'État : gravés en lettres d'or, quelques mots y sont inscrits, invitant à l'émotion:
    AU COMMANDANT
    VICTOR DE MEUNIER
    Il tenta courageusement
    De défendre la

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