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Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Titel: Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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une représentation de la dernière pièce de Racine, Phèdre.
    Louis se sent chez lui.
    Au souper, il invite la reine à s’asseoir près de lui et d’un geste il choisit d’installer à sa gauche Mme Colbert et ses trois filles, et en face de lui Mme de Montespan et leur fille, Mlle de Blois.
    Ici, il fait ce qui lui plaît.
    Il ne se sent en rien défié ou menacé par Colbert. Il n’y aura plus jamais dans ce royaume de Nicolas Fouquet.
    Quand il se lève, le feu d’artifice illumine le ciel, cependant que de tous les villages alentour sont tirées des fusées.
    Et tout à coup, sous les arbres éclairés, la foule des paysans convoqués par Colbert l’acclame, et commence à danser.
    Louis se tourne vers Colbert.
    Le ministre le remercie d’avoir bien voulu par sa présence honorer cette fête et lui donner son éclat.
    Louis reste impassible.
    C’est cela l’ordre des choses. La gloire du roi éclaire les êtres et leurs actions.
    Et le premier des ministres n’est qu’un serviteur que le roi peut congédier à sa guise.
    Il en va des ministres comme des maîtresses du roi.

54.
     
    Il lit.
    Et il a l’impression que ce roman raconte ce qu’il vit.
    Dès les premières pages son attention a été retenue, et cependant il n’avait pas eu l’intention de feuilleter ce livre, un roman au titre féminin, La Princesse de Clèves.
    Louis le Grand peut-il s’attarder à de pareilles préciosités ?
    Une note de Gabriel Nicolas de La Reynie l’a intrigué.
    Il a confiance dans le lieutenant général de police, dont les espions sillonnent sans trêve tous les milieux de Paris, des bas-fonds au Parlement, des salons aux boutiques.
    La Reynie indique que l’auteur du roman est sans doute une dame de qualité, qui reçoit dans son salon de la rue de Vaugirard de beaux esprits, Mme de Sévigné, le duc de La Rochefoucauld. Elle est née Marie-Madeleine Pioche de la Vergne, est l’épouse du comte de La Fayette. Elle a été l’amie de la première dame, Henriette d’Angleterre. C’est l’une de ces femmes savantes qui ont fait rire toute la Cour quand Molière les mettait en scène.
    Louis a poussé ce livre de Mme de La Fayette puis, d’un geste nonchalant, indifférent, il l’a cependant ouvert. Et il a lu :
    « Il parut alors à la Cour une beauté qui attira les yeux de tout le monde et l’on doit croire que c’était une beauté parfaite puisqu’elle donna de l’admiration où l’on était si accoutumé de voir de si belles personnes. »
    Il pense à ce qu’il a ressenti, une attirance fulgurante, comme une renaissance d’un désir juvénile qu’il n’éprouve plus que rarement. C’est une jeune femme, une vierge rousse, dont Madame la Palatine a fait l’une de ses dames d’honneur, qui a en lui ravivé le feu.
    Et il sait qu’Élisabeth-Charlotte, comme Athénaïs de Montespan, est assez rouée pour attirer le roi près d’elle par un appât de chair nouvelle, de beauté inconnue.
    Il a interrogé la Palatine qui a ri, a murmuré que cette Marie-Angélique de Fontanges est une naïve, peut-être même est-elle stupide comme un petit animal, mais jolie comme un ange.
    — Imaginez-vous, Sire, qu’elle a rêvé qu’elle se trouvait seule sur une montagne, et tout à coup entourée d’une lumière éclatante, puis brusquement enveloppée d’impénétrables ténèbres. Elle s’est alors réveillée en sursaut. Elle a consulté son confesseur. « Prenez garde à vous, lui a-t-il dit, cette montagne est la Cour, où il vous arrivera un grand éclat. Cet éclat sera fort bref et, si vous abandonnez Dieu, il vous abandonnera et vous tomberez dans d’éternelles ténèbres…»
    Louis n’a plus détaché les yeux de cette beauté rousse.
    Il l’a revue à la chasse, où la Palatine l’a conviée. Et ce ne peut être par hasard. À moins que ce ne soit le duc de La Rochefoucauld, ce grand veneur, qui l’ait choisie pour l’offrir au roi comme un gibier de choix.
     
    Louis est chasseur. La Palatine dit qu’il a des « yeux de renard ». Il quitte, une nuit, le château de Saint-Germain où il réside à nouveau en compagnie de la Cour.
    Il n’a rendu visite ni à Athénaïs ni à la reine. Il chasse une autre proie, gracile et neuve.
    Il chevauche à bride abattue, entouré de quelques gendarmes et de mousquetaires. Il saute de selle devant le Palais-Royal, la demeure de son frère et de la Palatine. Une dame d’honneur a été avertie. Elle ouvre une porte, guide

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