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Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Titel: Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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le roi jusqu’à la chambre de Marie-Angélique de Fontanges.
    Louis n’a qu’à s’avancer. Il devine qu’on espère depuis toujours ce moment.
    On s’offre à lui.
    Lorsqu’il repart à l’aube, il se sent rajeuni, fougueux comme lors de ses premières chasses.
    Mais il veut garder le secret, pour ne pas affronter la jalousie et les colères de Quanto. Mme de Montespan peut avoir les fureurs d’une louve.
    Il est prêt cependant à prendre ce risque, car les rumeurs se répandent vite.
    L’ambition et la galanterie sont l’âme de la Cour. Elles occupent également les hommes et les femmes. Il y a tant d’intérêts et de cabales différents, et les dames y ont tant de part, que l’amour y est toujours mêlé aux affaires et les affaires à l’amour. Personne n’y est tranquille ni indifférent. On songe à s’élever, à servir ou à nuire. Les différentes cabales s’opposent les unes aux autres. L’envie, l’émulation les dévorent.
    Il ne faut pas se fier aux apparences, ce qui paraît n’est presque jamais la vérité.
    Qui est dupe ?
    Il lit les quelques pages écrites par cet Italien, Primi Visconti, familier de la Cour, peut-être espion pour les princes de Milan auxquels il se dit apparenté.
    Louvois et Gabriel Nicolas de La Reynie le font surveiller bien qu’il soit l’ami de toutes les personnes de qualité.
    Ce Primi Visconti sait observer. Et le lisant, Louis hésite entre la colère, le désir de faire arrêter et enfermer à la Bastille cet homme aux aguets, ou celui de lui accorder une pension, tant sa description est exacte, et qu’après lui tout ceux qui voudront connaître la vie à la Cour devront lire ce mémorialiste qui œuvre ainsi à la gloire du roi.
    « Le roi vivait avec ses favorites, écrit Primi Visconti, chacune de son côté comme dans une famille légitime. La reine recevait leur visite ainsi que celle des enfants naturels comme si c’était pour elle un devoir à accomplir, car tout doit marcher suivant la qualité de chacun et la volonté du roi.
    « Lorsqu’elles assistaient à la messe à Saint-Germain, la marquise de Montespan et Mlle de Fontanges se plaçaient devant les yeux du roi. Mme de Montespan avec ses enfants sur la tribune de gauche, vis-à-vis de tout le monde, et l’autre à droite, tandis qu’à Versailles, Mme de Montespan était du côté de l’Évangile et Mme de Fontanges sur des gradins élevés du côté de l’Épître.
    « Elles priaient le chapelet ou leur livre de messe à la main, levant les yeux en extase comme des saintes.
    « Enfin, la Cour est la plus belle comédie du monde. »

55.
     
    Louis aime cette comédie qu’est la Cour.
    Les acteurs sont à ses ordres et c’est lui qui les dirige, qui conçoit le ballet réglé de l’étiquette et le décor.
    Et il veut, quand il quitte au début du mois de janvier 1678 le château de Saint-Germain, pour prendre la tête des armées afin de conduire la rituelle campagne des Flandres, que la Cour, la reine et ses maîtresses donc, l’accompagnent.
    C’est à nouveau l’hiver, et il faut que ce soit la dernière campagne. Il veut la victoire, pour imposer aux Provinces-Unies, à l’Espagne, aux princes allemands, la paix à laquelle depuis plusieurs années les diplomates, sous l’autorité du nonce apostolique, travaillent à Nimègue. Il faut conclure vite, avant que ne se noue une alliance belliqueuse et antifrançaise entre la Hollande et l’Angleterre, puisque ce Guillaume d’Orange, ce petit seigneur de Breda, cet adepte du vice italien, a réussi à épouser Mary la fille aînée du duc d’York, qui peut si Charles II reste sans héritier devenir reine d’Angleterre.
    Louis veut s’emparer de Gand et d’Ypres, obtenir des succès tels que les Provinces-Unies soient contraintes de signer cette paix qu’on prépare à Nimègue.
    Il veut avant de commencer le siège de ces places fortes passer les troupes en revue.
    Il regarde Athénaïs de Montespan. Il la trouve resplendissante. Il faut que les soldats la voient et il l’invite à se joindre à lui.
    Les mercenaires allemands acclament la marquise, crient :
    «  Koenig Hure  ! C’est la putain du roi ! »
    La guerre est un théâtre.
    — Cette revue, madame ? interroge-t-il au dîner.
    Athénaïs laisse aller sa tête en arrière, ses formes gonflant sa robe.
    — Parfaitement belle, Sire. Je trouve seulement les Allemands trop naïfs d’appeler toutes choses par leur nom.
    Il rit.

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