Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil
police.
Il appelle ses chiens.
Il va chasser, chevaucher, courir le cerf et le sanglier.
Il veut oublier les cendres répandues de la marquise de Brinvilliers, et ces rumeurs qui font des dames de la Cour des empoisonneuses et d’Athénaïs de Montespan une menace.
Il n’est pas un quelconque mortel qu’un philtre d’amour suffit à retenir auprès d’une femme.
Laquelle oserait user avec lui de sortilèges, de messes noires, de drogues ou de poisons ?
Il n’est pas un quelconque mortel mais le Roi Très Chrétien du royaume de France, que tous respectent, craignent et admirent, dont les flottes et les armées remportent partout la victoire.
Les navires hollandais brûlent au large de la Sicile ou de l’île de Tabago. Les places de Valenciennes, de Cambrai et de Saint-Omer ont été conquises.
Il se souvient de la foule qui l’accueillit, respectueuse et effrayée, lorsque, entouré de ses maréchaux, escorté de ses mousquetaires et de ses grenadiers, il est entré dans Cambrai. L’évêque de la ville l’attendait sur le parvis de la cathédrale, puis il a célébré en son honneur un Te Deum de victoire.
Et au mont Cassel, son armée a défait celle de Guillaume d’Orange. Et c’est son propre frère qui a mené les charges successives, pleines de bravoure et de réussite. Et une nouvelle fois on a crié : « Vive le roi et Monsieur qui a gagné la bataille ! »
Une fois de trop. Et il a renvoyé son frère auprès de ses mignons et d’Élisabeth-Charlotte, la Palatine.
Tous doivent s’en souvenir : il ne peut y avoir dans le royaume de plus grande gloire que celle du roi.
Il se rend à Versailles. Il veut que là, sa gloire, sa primauté s’inscrivent dans les bâtiments, les tableaux, les sculptures, la nature, telle que les jardins la soumettent à l’ordre royal.
Il faut que du lever au coucher du soleil, du bassin d’Apollon à la grotte de Thétis, tout rappelle, illustre, magnifie la journée, la grandeur du roi.
Il faut qu’on chante ses victoires, que les auteurs deviennent, ainsi Boileau et Racine, les historiographes du roi. Que tous, Charles Perrault, Le Brun, proclament que : « Louis XIV l’Auguste a effacé le siècle. »
Il est satisfait de lire dans le Panégyrique du roi sur la campagne de Flandre de l'année 1677 qu’il est à peine fait mention de Monsieur, et que toute la gloire est accordée au roi qui « doit être mis au-dessus des plus grands héros de l’Antiquité »… « Louis est grand parce qu’il possède seul ce que les autres n’ont que tous ensemble. Louis ressemble à tous les Grands, toutefois aucun de ces Grands ne lui ressemble, parce qu’il est seul semblable à lui-même. »
Il parcourt les chantiers de Versailles, veut que l’on réunisse plus encore d’ouvriers, qu’ils soient plus de trente mille. Il faut qu’on assèche les marais, qu’on dompte cette nature hostile.
Il fixe à l’architecte Hardouin-Mansart les travaux à conduire en premier. Il indique à Charles Perrault ce qu’il attend des peintres, et le poète résume ces instructions en s’adressant à Le Brun :
Alors sans remonter au siècle d’Alexandre
Pour donner à ta main l’essor qu’elle aime à prendre
Les exploits de Louis sans qu’en rien tu les changes
Et tels que je les vois par le sort arrêtés
Fourniront plus encore d’étonnantes beautés.
Il veut que Versailles devienne le lieu le plus admiré de tous les peuples.
« Comme cette Maison est aujourd’hui les délices du plus grand roi de la terre, qu’elle est tous les jours visitée de tout ce qu’il y a de personnes en France, et que les étrangers et ceux qui ne peuvent avoir le plaisir de la voir seront bien aise d’en ouïr raconter les merveilles… Il faut en faire une description qui, bien que brève et sommaire, ne laissera pas de donner quelque idée de cet agréable séjour à ceux qui en sont éloignés. »
Il veut y résider toute cette année 1677, même si les travaux ne sont pas achevés, si l’installation de toute la Cour dans les bâtiments ne peut encore avoir lieu et s’il faudra, il le sait, plusieurs années avant que Versailles ne devienne son unique lieu de séjour.
Et puis le château d’Athénaïs de Montespan, à Clagny, n’est pas éloigné de Versailles, et il peut la rejoindre, la découvrir dans l’opulence de ses robes lamées d’or, et la majesté de son corps qu’une dernière grossesse vient encore d’épanouir.
Et il
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