Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil
Louise de La Vallière et même de la reine Marie-Thérèse. On récite :
Est-ce un homme ? Il est sans faiblesse.
Est-ce un Dieu ? Mais il est mortel.
Si c’est trop de l’appeler Dieu,
C’est trop peu de l’appeler homme.
Il est le roi, Hercule et Apollon.
Et il faut que le peuple le voie.
Il ordonne que les 5 et 6 juin 1662, se tienne dans l’espace qui s’étend du Louvre aux Tuileries, un carrousel – char du soleil. Il fait dresser des tribunes pour plusieurs milliers de spectateurs.
Il dirigera, habillé en empereur romain, le premier quadrille. Les autres seront conduits par les princes du sang, Monsieur, duc d’Orléans.
Il veut que l’on écrive sur son écu sa devise Nec pluribus impar , qu’on sache ainsi qu’il se proclame tel le Soleil, supérieur à tous les autres , le plus noble des astres, produisant sans cesse de tous côtés la vie, la joie et l’action. Le soleil est la plus belle image d’un grand monarque.
Il est debout, le torse serré dans la cuirasse d’or, d’argent et de rubis, Imperator rayonnant.
Il est le Roi-Soleil.
Qui peut résister à son éclat ?
Les courtisans s’inclinent et tremblent devant lui.
Il reçoit ce comte de Brienne qui s’excuse, les larmes aux yeux, de s’être approché de Mlle de La Vallière, de lui avoir proposé de la faire peindre par l’artiste Lefebvre, en Madeleine ou en Diane, puis d’avoir appris qu’elle était aimée du roi, choisie par lui.
— Laissez là son portrait, dit Louis, et vous me ferez plaisir.
— Ah ! mon maître, murmure Brienne, je ne lui parlerai de ma vie et je suis au désespoir de ce qui s’est passé. Pardonnez-moi cette innocente méprise de mes yeux à laquelle mon cœur n’a point de part et ne vous souvenez jamais de ce que j’ai fait.
Brienne pleure.
Telle est ma puissance, mon emprise.
Il faut pardonner à Brienne.
— N’en parlons plus, dit Louis.
Puis il se rend, alors que la pénombre gagne le palais, dans les combles des Tuileries, où loge encore Louise de La Vallière, toujours suivante d’Henriette et subissant les accès de jalousie de celle-ci, et la curiosité agressive des autres dames.
Il doit l’arracher à cela, la loger dans des appartements qui manifesteront qu’elle est, aux yeux de tous, la maîtresse du roi, et qu’elle occupe ainsi le premier rang.
Il la fait déjà asseoir près de lui, dans la salle du théâtre des Tuileries, où la troupe de Molière donne L’École des femmes.
Il ne rit pas. Il n’applaudit pas.
Mais il est là et, comme le Soleil, il éclaire tout autour de lui.
29.
Louis sait qu’il n’existe pas de soleil qui puisse rayonner et durer sans qu’on le nourrisse, comme un brasier, afin que sa lueur soit toujours étincelante.
Il convoque Colbert.
Il veut qu’au Louvre, à Versailles, les architectes et les peintres, Le Vau et Le Brun, les jardiniers, Le Nôtre, se mettent au travail, décorent ici, au Louvre, les galeries, et là transforment le pavillon de chasse de Louis XIII, créent une orangerie.
Il faut que les palais du roi Louis le Grand étonnent, manifestent aux yeux des sujets, des ambassadeurs de tous les pays étrangers, la suprématie, la puissance et la gloire du Roi Très Chrétien.
Il faut que les Grands, les princes du sang, les ducs, les comtes, cette noblesse qui s’imagine encore pouvoir être frondeuse comme au temps des féodaux, sache qu’elle n’existe que dans la lumière royale, et au service du roi.
Louis sent Colbert réticent et cela l’irrite. Il faut que ce ministre obéisse et comprenne que ces travaux, l’embellissement et la construction des palais, ne sont pas destinés seulement au plaisir et au divertissement du roi, mais qu’ils sont les moyens d’accroître sa gloire.
— Quand je demande, dit Louis, il me semble que cela veut dire je veux, j’aurai, ou au moins il y a si peu de différence qu’elle n’est pas connaissable.
Colbert s’incline. Les travaux commencent. Colbert enfin rend compte et reconnaît que : « Rien ne marque davantage la grandeur et l’esprit des princes que les bâtiments. La postérité mesure la grandeur à l’une de ces superbes maisons qu’ils ont élevées durant leur vie. »
Louis se rend à Versailles.
Il parcourt les nouvelles constructions qui, avec les grandes façades blanches, semblent envelopper le pavillon de chasse.
Il faut que la Cour se réunisse ici, qu’elle découvre les premiers éléments de ce
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