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Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Titel: Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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accordée par le roi à un saltimbanque.
    Mais peu importe les murmures. Louis le Grand veut.
    Il décide que Molière et sa troupe participeront au divertissement qui durant plusieurs jours, en ce mois de mai 1664, transformera le pavillon de chasse et les jardins de Versailles en un grand lieu de fêtes. On dresse déjà les gradins qui accueilleront six cents invités. Ils assisteront aux Plaisirs de l’île enchantée.
    Louis veille à chaque détail de ce grand spectacle qui doit enchanter la Cour, étonner les ambassadeurs, prouver à tous que le roi de France est le plus éclatant des monarques.
    Et la troupe de Molière y jouera La Princesse d’Élide , Les Fâcheux , Le Mariage forcé , une comédie-ballet que le roi a dansée déjà, et cette pièce étrange que, à la lecture, Louis a trouvé fort divertissante, qui s’intitule L’Hypocrite , et que Molière pense appeler Le Tartuffe.
    Tout le spectacle sera inspiré par l’œuvre de l’Arioste, Orlando furioso  – Roland furieux.
    Le mercredi 7 mai commencent Les Plaisirs de l’île enchantée.
    Le pavillon de chasse et les jardins conçus par Le Nôtre servent de décor à ces ballets, à ces défilés, à ces tournois, à ces jeux, à ces représentations qui se succèdent.
    Le roi paraît, chevauchant, vêtu et armé tel un guerrier grec, un destrier caparaçonné d’or, d’argent et de pierreries.
    Quand la nuit tombe après la course à la bague, des milliers de bougies, des centaines de flambeaux éclairent les bâtiments, les parterres de fleurs et les bosquets.
    Puis vient le somptueux souper, servi par la foule des valets aux uniformes rutilants.
    Louis est le créateur, l’acteur, le spectateur de ce divertissement. Quel roi eût pu le concevoir ?
    Et chaque jour c’est un spectacle encore plus étonnant qui se déroule, alternant ballet, défilé de violons, cavalcades, course à la tête, quand, lancé au galop, le cavalier doit enlever avec sa lance une tête de Turc, de Maure ou de Méduse.
    C’est le roi qui sort vainqueur de l’épreuve, lui qui porte sur son écu la devise Nec cesso nec erro , « Je ne m’arrête ni ne m’égare ».
    Les grands qui l’accompagnent, qu’ils soient princes du sang, ducs ou comtes, arborent des devises qui rappellent qu’ils sont soumis au roi. L’une dit : « C’est pour un seul astre que je combats ». L’autre : « C’est un bonheur d’être brûlé par un tel feu ». Et la dernière : « Il tient son éclat de son obéissance ».
     
    Louis contemple, jour après jour de fête, ces grands qui reconnaissent qu’il est le Soleil auquel ils doivent leur éclat.
    Il est satisfait.
    Il veut que la Cour, le royaume soient à l’image de cette fête où il a dansé, le corps léger et agile, où il a dans ses vêtements tissés de fil d’or et d’argent défilé, chevauché, remporté la victoire dans ces tournois et où il a rassemblé autour de lui tout ce que le royaume compte de grands. Et il a vu dans le regard des femmes l’attente. Mais il n’a été le chevalier servant que de Louise de La Vallière, veillant à ne blesser ni sa mère ni son épouse.
    Il a pourtant entendu, lors de la représentation du Tartuffe, des murmures. La reine mère n’a pas aimé cette pièce, et les dévots sans oser parler ont manifesté par leurs mimiques leur désapprobation. Puis ils se sont précipités à la chapelle.
    Louis s’y rendra aussi, mais il ne se confessera pas.
    Il est adultère. Il ne veut pas avouer sa faute.
    Il n’est pas Tartuffe. Il n’est pas hypocrite.

31.
     
    Louis est assis au premier rang dans la salle du théâtre du Palais-Royal.
    Molière s’avance jusqu’au bord de la scène en dom Juan à la voix éraillée. Il lance à son valet Sganarelle :
    « L’hypocrisie est un vice à la mode et tous les vices à la mode passent pour vertus… La profession d’hypocrite a de merveilleux avantages… Combien crois-tu que j’en connaisse qui par ce stratagème ont rhabillé adroitement les désordres de leur jeunesse, qui se sont fait un bouclier de leur manteau de la religion et, sous cet habit respecté, ont la permission d’être les plus méchants hommes du monde…»
    Louis pourrait citer mille noms, celui du marquis de Vardes, amant de la comtesse de Soissons, cette Olympe Mancini dont on murmure qu’elle se rend masquée, dans le nouveau quartier de Bonne-Nouvelle, chez des magiciennes, des cartomanciennes, des astrologues, peut-être des

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