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Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Titel: Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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modestie et l’humilité sont des vertus de roi, et même qu’elles lui sont plus nécessaires qu’au reste des hommes, précisément parce qu’il est leur souverain.
    Et qu’il est mortel comme eux.
    Il entre dans la chambre de sa mère, où une foule de princes, de duchesses se presse autour du lit de la reine.
    Voilà plusieurs jours qu’elle agonise, rongée par cette maladie qui dévore ses seins, ses aisselles, ses épaules. Et les humeurs malignes gonflent ses mains, qu’elle avait si fines, son visage et son cou.
    Louis voit son frère Philippe agenouillé, auprès du lit, qui baise les pieds de sa mère et sanglote.
    Les prêtres apportent les saintes huiles.
    — Levez bien ma cornette, dit Anne d’Autriche, de peur que cette huile n’y touche, car cela sentirait mauvais.
    Louis sent qu’il défaille, qu’il tombe.
    On le retient. On l’entraîne loin de la ruelle du lit, dans un cabinet. On asperge son visage d’eau froide. On déboutonne son pourpoint.
    Il se redresse. Il grelotte. Il voit tous ces gens qui entrent et sortent de la chambre, s’en vont au bord du lit, se penchent jusqu’à toucher le visage de la reine mère.
    Il veut s’approcher. On le retient. Le médecin, Seguin, présente une tasse de bouillon à Anne d’Autriche.
    Elle boit avec avidité.
    Peut-être la mort s’éloigne-t-elle ?
    — Madame, prenez-le plus doucement, dit Seguin.
    — Je le trouve bon, il faut se soutenir tant que l’on peut.
    Louis sort de la chambre. Il gagne ses appartements.
    Il somnole, ankylosé par le froid.
    Il se souvient de ces bals que Philippe d’Orléans a donnés à Saint-Cloud pour fêter le début de l’année. Ils ont duré plusieurs jours et la fête a été somptueuse.
    Louis a dansé avec Louise de La Vallière et des suivantes de Marie-Thérèse.
    La reine avait refusé de quitter le Louvre, portant le deuil de son frère le roi d’Espagne, exigeant de Louis qu’il choisisse, puisqu’il tenait à participer aux festivités, un vêtement violet pour marquer qu’il s’associait au deuil de son épouse, et qu’il n’oubliait pas sa mère malade.
    Louis s’était plié à cette exigence mais il avait demandé à ses valets d’accrocher à ses vêtements de grosses perles et des diamants.
    Il avait dansé joyeusement, distingué une nouvelle fois cette Athénaïs de Rochechouart de Mortemart, marquise de Montespan, une blonde flamboyante, aux formes rondes, au regard plein de défi et dont les jeux de mots, les saillies, la beauté faisaient qu’elle avançait entourée d’un groupe d’hommes riant à ses bons mots.
    À côté d’elle, Louise de La Vallière était tout à coup apparue à Louis comme une femme réservée, douce et apaisante, mais si terne !
    Il en avait ressenti du dépit, détournant les yeux d’Athénaïs de Montespan. Cette femme cherchait à l’attirer. Il serait facile de la conquérir. Il avait même l’impression de la connaître déjà intimement, puisqu’il avait obtenu les faveurs de la sœur d’Athénaïs, Gabrielle de Rochechouart de Mortemart, marquise de Thianges. Et sans doute les deux femmes avaient-elles échangé des confidences. Et qui sait si cette naïve Louise de La Vallière n’avait pas, elle aussi, évoqué ses amours ?
    Louis avait eu l’impression qu’Athénaïs de Montespan cherchait à tisser autour de lui une toile dans laquelle il serait prisonnier. Il la rencontrait de plus en plus souvent, suivante de la reine Marie-Thérèse. Il la croisait le soir dans l’antichambre de son épouse.
    Mais elle était aussi l’amie de Louise de La Vallière, et il la retrouvait dans l’appartement de sa maîtresse. Et sa sœur, la marquise de Thianges, lui parlait d’elle. Et Athénaïs de Montespan était devenue l’une des familières de Philippe d’Orléans qui certes n’était guère avide de femmes, mais aimait la compagnie de celles qui le divertissaient.
    Louis s’était irrité, avait remontré à son frère qu’il voyait trop la marquise de Montespan.
    — Elle a de l’esprit, elle m’amuse, avait répondu Philippe.
    Le duc d’Orléans s’était étonné des propos du roi, l’avait interrogé, le soupçonnant de vouloir honorer l’exceptionnelle beauté d’Athénaïs de Montespan, qui à l’évidence espérait ce moment.
    Elle fait ce qu’elle peut, mais moi je ne veux pas, a murmuré Louis.
    Et cependant la pensée de cette femme, sans doute l’une des plus belles, sinon la plus belle qu’il

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