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Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Titel: Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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ses origines créoles.
    Louis se souvient qu’il lui a déjà accordé, à la demande d’Athénaïs de Montespan, une pension de veuve, alors que son défunt mari avait sans doute été, au temps de la Fronde, l’auteur acerbe de mazarinades, et peut-être de pamphlets contre la monarchie, la reine.
    Le roi la congédie, la regarde s’éloigner. Il y a de la dignité, presque de la majesté dans la démarche de cette femme.
    Il se tourne vers Athénaïs de Montespan, belle, attirante. Il est prêt pour elle à affronter les rumeurs et les intrigues de la Cour, et même les condamnations de l’Église.
    Il faut d’abord à tout prix dissimuler cette grossesse, prévoir le lieu où se déroulera l’accouchement. Une nouvelle fois, il se tourne vers Colbert qui loue une petite maison, rue de l’Échelle, à proximité des Tuileries. Athénaïs s’y rendra dès les premières douleurs. Le chirurgien ne devra pas connaître son identité. Elle sera masquée. Et dès que l’enfant sera venu au monde, une suivante d’Athénaïs, Mlle des Œillets, le portera à Françoise d’Aubigné, veuve Scarron.
    D’ici là, il faut qu’Athénaïs de Montespan continue de tenir son rang, afin que personne ne se doute de son état, et n’en avertisse le marquis de Montespan. Louis le fait surveiller, Colbert rapporte les propos du marquis comme ceux des courtisans qu’une foule de valets écoutent, surveillent pour le compte du secrétaire d’État.
    Un roi doit tout savoir.
    Les quatre gardes du corps qui protègent Athénaïs de Montespan sont aussi des espions. Ils indiquent que la marquise a suscité l’étonnement et l’envie, en apparaissant dans une nouvelle robe qu’elle a elle-même créée, une « robe battante » si large qu’elle dissimule la rondeur du ventre sous des flots de mousseline de soie. Chaque dame de la Cour a voulu l’imiter, et seuls quelques mauvais esprits ont appelé cette robe « l’innocente », suggérant que, précisément, elle était conçue pour dissimuler la preuve de la faute, ce double adultère que personne n’ignore, et que tout le monde tait.
     
    Parce que les apparences sont sauves.
    Le chirurgien Clément n’imagine pas que l’homme qui dans la pénombre l’accueille dans cette maison de la rue de l’Échelle où on l’a conduit les yeux bandés, est le roi. Et que c’est Louis le Grand qui lui sert le repas que l’accoucheur a réclamé avant de se mettre au travail. Louis a veillé à ce que son visage soit dissimulé comme celui d’Athénaïs. Et dès la besogne finie, on couvre de nouveau les yeux du chirurgien, et on le guide hors de la maison, le faisant monter en carrosse et le déposant loin de la rue de l’Échelle.
    Quant à l’enfant, une fille, Louise-Françoise, Mlle des Œillets comme prévu l’emporte.
    Et le lendemain Athénaïs de Montespan apparaît à la Cour.
    Elle n’esquisse que quelques pas de danse, alors que Louis, aux Tuileries, participe au Ballet de Flore.
    Mais il n’éprouve plus cet élan, cette joie qu’il avait ressentis lorsqu’il était en scène l’acteur principal des chorégraphies de Lully.
    Il lui semble que, à trente et un ans, sa dignité, la majesté du Roi-Soleil, du roi de guerre, du souverain qui sait qu’il devra bientôt faire rendre gorge à ces Hollandais qui se sont alliés avec l’Angleterre et la Suède, ne lui permettent plus de se couvrir de rubans et de dentelles, et de danser comme un acteur. Il préfère le ballet des troupes sur un champ de bataille, à ceux imaginés par Lully !
    Il doit affirmer sa puissance et son rang.
    Et tous, même les plus proches, doivent savoir qu’il est le maître.
    Il écoute Philippe d’Orléans, son frère, prince du sang, réclamer pour Madame, son épouse, Henriette, le droit de s’asseoir sur une chaise à dossier chez la reine.
    Louis refuse. Cela est réservé aux petits-fils et petites-filles de France.
    Il faut aussi ne pas accorder à Philippe ce gouvernement du Languedoc qu’il sollicite.
    Louis a pour Philippe de l’amitié. Il ne craint pas cet homme qui accroche des boucles à ses oreilles, se colle des mouches, se travestit, s’assied parmi les femmes, et est amoureux fou du chevalier de Lorraine, bâtard de la maison de Guise, bel intrigant, pervers et séducteur.
    Mais quelle que soit la trempe du cœur de Philippe, on ne donne pas un gouvernement de province à un prince du sang. Qui peut imaginer quelles ambitions le

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